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Le Roy prit fon quartier au Château de Stein : le quartier général fut à Eppeghem.

La nuit du 11. au 12. les Ennemis attaquerent en force le pofte de Roffelaer : mais ils y furent repouffés, & contraints de fe retirer avec perte. Cette attaque n'avoit fans doute pour but, que de mafquer leur retraite ; car on s'apperçut le 12 au matin qu'ils avoient abandonné la Dille : l'on fut informé en même tems qu'ils évacuoient Malines. Sur cet avis, M. le Chevalier de Belifle & M. le Prince de Soubife eurent ordre de s'avancer fur Malines, avec les trois brigades d'infanterie de Piedmont, d' Auvergne, & du Roi qui fermoient la gauche : à leur approche cette Ville fe rendit, l'on y fit quelques prifonniers. Un moment auparavant un détachement du Régiment de la Morliere avoit efcaladé Malines ; mais l'ennemi qui s'étoit apperçu que ce détachement n'étoit pas foutenu, l'avoit repouffé, après lui avoir tué quelques hommes.

L'on ne fera pas fâché de fçavoir la caufe de l'abandon de la Dille par les ennemis, d'autant mieux que cette époque forme un de ces événemens de guerre inftructifs, & qui décident de la capacité d'un Général. Il paroiffoit vraifemblable que les ennemis défendroient la Dille, les bords en font mauvais & marécageux ; de plus fa communication avec le Demer présente un prolongement de ligne difficile à forcer : l'on fçavoit auffi que les ennemis avoient réparé Malines & Arfcot, & qu'ils avoient élevé des épaulemens le long de la Dille avec des communications, pour s'y porter de leur camp. Toutes ces confidérations firent fentir à M. le Maréchal de Saxe, que tant qu'il ne feroit pas plus en force, il auront peine à dépofter l'ennemi : il propofa donc au Roi de raffembler toutes les troupes fur la Ruppel, la Dille & le Demer, il fit connoître, que c'étoit le vrai moyen d'embarraffer l'ennemi qui feroit ainfi foible par tout. En conféquence de ce projet que le Roi agréa, l'on envoya ordre à M. du Chayla de s'avancer le 11e. au Grand Villebruk ; & à M. le Comte d'Eftrées, de fe porter diligemment fur Tirlemont.

Sur la nouvelle de ces mouvemens, l'ennemi qui fe voyoit tourner par fa gauche, prévit l'embarras où il alloit fe trouver ; & dans la difficulté de foutenir une défenfive auffi critique, il aima mieux abandonner la Dille, & fe retirer derriere la Néthe.

L'on fit marcher le 12e. au foir quatre cens hommes à Hacht, pour protéger la conftruction de deux ponts qu'on devoit y jetter : un détachement de nos Huffards eut ordre en même tems de paffer fur un pont volant, pour obferver les ennemis.

L'on avoit laiffé cependant dans Louvain la brigade des vaiffeaux, & celle de cavalerie du Royal Pologne, le tout aux ordres de M. du Muy, pour la protection des convois qui devoient aller de Louvain à Tirlemont.

Le 15e. au matin, l'Armée paffa la Dille fur fept colomnes, elle porta fa droite vers les hauteurs de Berfel, fa gauche appuya à la Baffe Dille : la cavalerie campa comme au camp précédent, en feconde ligne : nos Dragons & nos Huffards campérent à la droite de l'infanterie. Les Graffins & les la Morliere furent placés à Iteghem & Ghiftel, le long de la groffe Nethe.

M. le Maréchal étoit allé dès le 13 reconnoître ce Camp, qui fut marqué fous la protection d'une avant-garde confidérable que commandoit M. le Duc de Richelieu, lequel fe tint toute la journée, vis-à-vis Lier & Duffel, où les ennemis avoient deux ponts : il y eut quelques coups de fufils de tirés à cette avant-garde, mais fans perte de part ni d'autre.

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