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LIVRE II

INFANTERIE FRANCAISE ET ÉTRANGÈRE, ARTILLERIE, MILICES

 

CHAPITRE III

INFANTERIE FRANÇAISE

Dans les précédents chapitres nous avons exposé quels étaient les principes suivis pour l'organisation des corps de troupes. Dans celui-ci nous nous occuperons spécialement de l'infanterie française, renvoyant aux chapitres VI et VII, les détails relatifs aux régiments étrangers et à ceux de la milice. Depuis la mort de Louis XIV, le roi entretenait 98 régiments d'infanterie française, 22 régiments étrangers et, plus tard, 100 bataillons de milice. Autrefois, à la tête de l'infanterie, il y avait un grand officier de la Couronne nommé le colonel général, dont les prérogatives excessives avaient fréquemment gêné l'action du ministre. En 1661, Louis IV supprima cette charge, et dès lors, seul, le ministre commissionna tous les officiers. Cette charge de colonel général de l'infanterie fut pourtant rétablie en 1721, mais sans autorité réelle, et fut de nouveau supprimée en 1730.

Le major du régiment des gardes françaises était aussi major de toute l'infanterie ; son autorité effective était nulle en dehors de son régiment.

L'infanterie était sous la direction de trois directeurs généraux, assistés de huit inspecteurs qui rendaient compte au roi. Dans le système en usage avant 1762, nous avons vu que toute la charge administrative était supportée par les capitaines surveillés par les commissaires des guerres. La fonction des inspecteurs se bornait donc il constater l'aptitude de ces officiers. C'est au moment de l'inspection générale que les colonels, pour mériter un rapport favorable à leur régiment, venaient en aide volontairement, à leurs capitaines trop pauvres pour maintenir leur compagnie comme l'exigeaient les ordonnances.

Les régiments prenaient rang entre eux suivant la date de leur création. Ils n'étaient point numérotés d'une manière permanente. De là des contestations perpétuelles entre les officiers de régiments de création ambiguë ou simultanée. Ces régiments portaient le nom de leur colonel, lorsqu'ils n'avaient point encore recul un nom propre ; ce nom était emprunté le plus souvent aux provinces du royaume sans que les soldats originaires de ces provinces dussent y servir.

Reconnaissant les inconvénients des changements de nom trop fréquents, Choiseul, en 1762, donna un nom définitif à tous les régiments d'infanterie qui n'en avaient pas et tous furent numérotés. Nous allons successivement relater ici les règlements sur la solde, l'armement, l'uniforme de l'infanterie pendant la partie guerrière du règne de Louis XV puis nous rapporterons les transformations et la réorganisation complète de 1762.

Solde journalière.

La solde pour l'infanterie se réglait sur trois sortes de tarifs :

  1. Pendant l'hiver, solde complète en argent, au moyen de laquelle le capitaine nourrissait ses soldats et les entretenait ;
  2. En campagne, solde réduite en argent, fournitures de vivres ;
  3. En marche, solde d'étape, le soldat reçoit les vivres en nature, le surplus est versé à l'entretien de la compagnie.

Tableau des soldes d'infanterie française, par grade et par jour.

Nota. (Pour avoir la valeur comparative à la présente année 1880, il faut multiplier tous les chiffres par 5 ½ ), la ration de pain, 1 livre ½ valait en 1750, 2 sols ; la ration de fourrage (½ boisseau d'avoine, 8 livres de foin et 5 livres de paille), 7 sols ½.

La ration de vivres de campagne ne comprenait alors que le pain (24 onces par ration). Cependant l'ordonnance portait qu'à titre de don, le roi fournirait pendant la campagne de1747, 8 onces de viande par ration journalière, à l'exception du vendredi et cela sans retenue sur la solde.

En marche l'infanterie recevait l'étape, c'est-à-dire tous les vivres en nature ; la solde directe était supprimée. La ration d'étape était de 24 onces de pain rassis, une demi-livre de viande, un pot de bière, cidre ou boisson, ou une pinte de vin. Il était formellement interdit de convertir l'étape en argent et le colonel par exemple devait recevoir ainsi en nature 10 rations de vivres et 8 de fourrages pour lui et son personnel. En outre, chaque soldat recevait gratuitement une livre de tabac de cantine par mois, estimée 12 sols, toujours sous condition de n'en pas trafiquer.

Ustensile.

Pour entretenir sa troupe, le capitaine recevait l'ustensile, 1,500 livres lorsque sa compagnie de 40 hommes avait servi en guerre, 750 livres en garnison, 2 paies de gratifications par jour si sa compagnie passait complète aux trois revues annuelles, 3 paies à partir de 1746. Sur l'ustensile il devait remettre 90 livres au lieutenant, 60 livres au sous-lieutenant ou à l'enseigne. Le colonel, à titre d'ustensile recevait personnellement 600 livres et 150 livres pour la prévôté. Le lieutenant-colonel personnellement 400 livres, le major 400, l'aide-major 50 livres, le commandant de bataillon 300 livres, lorsqu'il fut sans compagnie. Les officiers réformés entretenus à la suite recevaient deux mois de solde complète. En 1749, à la paix, on réforma tous les sous-lieutenants, sauf les 2 enseignes et les sous-lieutenants de grenadiers.

Cette solde, notoirement insuffisante, fut augmentée en 1758 de 2 deniers par soldat, et la ration de pain fut portée de 24 à 28 onces. La solde journalière des officiers fut augmentée d'une livre environ pour les capitaines, de 12 sols pour les lieutenants.

A la paix de 1762, le duc de Choiseul établit un nouveau tarif qui supprimait toutes les gratifications, l'ustensile, les vivres, etc., et déclarait que dorénavant l'État seul paierait toutes les dépenses de la troupe et laisserait aux officiers leur solde complète sans qu’ils eussent rien à dépenser pour les soldats.

On pense bien que la solde de 102 livres pour entretenir et nourrir un soldat fut bientôt reconnue insuffisante parce qu'il fallait retenir 5 livres pour la masse de réparation, 12 livres pour l'équipement, le linge et chaussure, autant pour l'habillement, 6 pour les armes et l'entretien général du corps et 37 livres pour le pain. Il ne restait presque rien au malheureux soldat pour acheter la graisse, le cirage, le savon, etc., ou pour manger quelque chose outre son pain noir.

En 1768 on accorda 30 livres de première mise pour la masse d'habillement, car jusqu'alors le soldat était débiteur du pauvre habit qui le couvrait.

En 1774 on lui donna 1 sol par jour pour argent de poche, et la masse d'entretien du régiment fut dotée d'un supplément de 18 livres par homme.

Cependant on peut dire que, jusque sous le règne de Napoléon, la solde du fusilier d'infanterie resta insuffisante et qu'elle ne devint convenable qu'en 1806 quand elle fut portée à 45 centimes par jour, indépendamment des masses diverses.

On comprend que le système de 1762 devait à brève échéance peser d'un poids énorme sur les finances de l'État, tandis que l'ancien faisait porter toute la charge sur la classe des capitaines, qui succombaient sous le fardeau.

Armement (de 1720 à 1753).

Le soldat d'infanterie recevait de son capitaine, en 1740, un fusil haut de 4 pieds 10 pouces 10 lignes, monté sur bois de noyer, du calibre de 18 balles à la livre, qui lançait le projectile à 80 toises maximum. La charge de poudre était de 2 gros (8 grammes). En 1738, M. de Belidor fit adopter la cartouche d'infanterie que l'on fabriquait à l'intérieur des corps.

Le fusil donné par le roi au capitaine était armé de sa baïonnette, qui avait 18 pouces (49 cent.) de longueur. En outre, le soldat portait une épée longue de 26 pouces, à 2 tranchants, de médiocre qualité, suspendue au ceinturon par un pendant garni de 2 fourreaux.

Le cartouche ou demi-giberne était une boîte longue percée de 19 trous, recouverte d'une patte en cuir rouge ou noir et portée par une bandoulière en buffle d'un demi-pouce de large. En dessous de cette boîte à cartouche était attaché le fourniment, c'est-à-dire, une poire à poudre en bois recouverte de cuir bouilli et servant à amorcer le fusil et à conserver la provision de poudre. Quelques régiments faisaient usage d'une petite giberne portée sur le ceinturon et placée sur le ventre ; c'était ce qu'on appelait (être armé à la Corse). En outre, dans chaque compagnie le capitaine possédait dix outils propres à remuer la terre, 3 pelles, 3 pioches, 2 serpes, 2 haches, portés à tour de rôle par les 36 fusiliers qui portaient aussi 3 marmites en fer, 5 bidons, 5 gamelles, 5 tentes de toile avec leurs traverses, fourches, etc., un manteau d'armes et le pain pour 4 jours.

L'armement des grenadiers était le même, sauf que, au lieu d'épée, ils portaient le sabre d'abatis de 31 pouces de lame qui était de bonne qualité. Au lieu de la demi-giberne, ils faisaient usage d'une poche en cuir de vache souple appelée grenadière, parce que c'est dedans qu'ils mettaient autrefois les grenades qu'ils lançaient à la main. Outre leur sabre, ils portaient aussi une petite hachette à marteau qu'ils attachaient à une patte de la grenadière, comme on le voit dans l'image ci-contre qui représente les grenadiers du régiment Royal-Comtois en marche auprès du port d'Antibes (tableau peint, par J. Vernet en 1755), les outils à remuer la terre étaient remplacés dans leur compagnie par 10 grosses haches de charpentier.

Les sergents de grenadiers étaient armés du fusil à baïonnette. Les sergents de fusiliers avaient conservé la hallebarde de 6 pieds 1/2 qui leur servait surtout à mesurer les distances réglementaires entre les rangs. Ils portaient tous l'épée. En 1758, ils déposèrent la hallebarde et prirent le fusil. Les officiers étaient armés de l'épée de 26 pouces et d'une lance appelée esponton ou demi-pique, haute de 7 pieds 1/2 (la pique sous Louis XIV avait 15 pieds).

Pendant la guerre de Sept ans les officiers laissèrent l'esponton pour prendre un fusil d'un modèle plus court et plus léger que le fusil de troupes, mais de même calibre et armé d'une baïonnette de 8 pouces 1/2.

Tous les fusils anciens furent échangés en 1753 contre une arme supérieure comme précision à l'ancienne et du calibre de 16 balles à la livre.

Le 20 janvier 1757 tous les bataillons destinés à servir en campagne reçurent une pièce de canon dite à la Suédoise, montée sur affût avec avant-train, avec coffre garni pour 55 coups.

Le major de chaque bataillon donnait récépissé des munitions fournies par le parc. Chaque pièce devait être attelée de 3 chevaux ; pour leur achat et le harnais le roi accorda 1200 livres à chaque bataillon, plus 3 rations de fourrage, 20 sols de solde journalière au charretier et 2 rations de vivres (un sous-lieutenant ne recevait alors que 19 sols !)

Les réparations devaient être faites au parc le plus voisin qui annuellement devait renouveler toutes les armes de ces pièces. Les armes perdues, cassées, etc., restaient à la charge du régiment.

Le roi accordait 300 livres pour la remonte et l'entretien du charretier. Les chevaux tués à la guerre devaient être payés 300 livres par le roi.

Le major devait désigner un sergent et 16 soldats auxquels on donnerait une haute paie, de 6 deniers à chacun des 8 sous-canonniers, 1 sol aux 8 canonniers, 2 sols au sergent canonnier.

Ces pièces réunies par brigades de 4 bataillons étaient mises temporairement sous le commandement d'un officier qui jouissait de la confiance du brigadier d'infanterie. Elles furent toujours défendues avec dévouement par les fantassins qui les aimaient et en étaient fiers.

A la paix, ces canons furent rendus à l'arsenal le plus proche, le régiment des Gardes françaises seul conserva les siens. C'est pour cette raison que pendant la guerre d'Amérique et les guerres de la Révolution on voit des canons confiés aux fantassins, volontaires et gardes nationaux.

Habillement et équipement.

Tous les régiments d'infanterie française étaient uniformément vêtus d'un grand habit de drap gris blanc. Le major recevait l'étoffe nécessaire et le capitaine faisait confectionner les habits par le tailleur de la compagnie. Chaque régiment se distinguait par la façon de l'habit, de la manche, de la poche, autant que par la garniture et la couleur des parements. Il n'y avait donc qu'une uniformité relative entre les divers régiments.

Le roi accordait une aune 1/4 (01) de drap Lodève et 1/8 d'aune de drap de couleur pour les parements, 4 aunes 2/3 de serge d'Aumale pour les doublures. La veste et la culotte exigeaient 2 aunes 2/3 de tricot ou 3 aunes 3/4 de cadix agnane gris blanc suivant l'usage du corps. La veste croisait sur la poitrine et généralement avait 2 rangs de boutons. On donnait aussi des caleçons de toile pour tenir lieu de doublure à la culotte.

Le justaucorps ou grand habit croisait par derrière, avec 2 gros plis sur le côté. Il devait être taillé de telle sorte que les pans tombaient à un pouce de terre, l'homme étant à genoux ; mais à l'user, le drap s'allongeait toujours. La manche, taillée en botte, était garnie d'un haut parement fort large qui pouvait se rabattre sur les mains.

La veste était de 9 pouces plus courte que l'habit. Chaque soldat devait recevoir une paire de guêtres en toile pour l'été, en laine pour l'hiver.

Le havresac en usage était une double poche de toile renfermant un autre sac de peau ou de toile dans lequel le soldat abritait 2 chemises, 1 mouchoir, 1 cravate, une culotte, une paire de souliers, une paire de guêtres et le trousseau de toilette. Dans les bivacs, ce grand bissac ou sac à 2 poches servait à s'étendre à terre. Quelques capitaines le faisaient passer à l'huile de lin chaude, pour le rendre imperméable.

Le chapeau en feutre de laine pesait 9 ou 10 onces. Il était bordé d'un galon métallique jaune ou blanc selon la couleur des boutons de l'habit. La cravate de crépon noir, faisait deux fois le tour du cou et emprisonnait le col de l'habit. Les sergents portaient le même uniforme en drap plus fort et plus beau ; on leur accordait 3 aunes 3/4 de drap de Romorantin gris blanc pour le vêtement complet, 1/4 d'aune en drap de couleur pour le parement, 5 aunes 1/2 de serge d'Aumale pour doublures

Insignes.

Comme insignes, les sergents portaient 3 agréments aux boutonnières du parement en galon d'or ou d'argent fin ou un simple bordé d'argent sur le parement. Leur chapeau était galonné d'argent blanc ou doré. Les caporaux portaient les mêmes insignes en laine de couleur, aurore, blanc, rouge, bleu.

En 1747, aux anspessades fut réservé le bordé de laine au parement, aux caporaux 3 agréments en laine sur le parement, aux sergents 3 agréments en argent ou en or. Les officiers n'avaient d'autre marque distinctive que le hausse-col blanc ou doré.

Les grenadiers portaient généralement le chapeau de feutre galonné. Cependant dans quelques régiments ils portaient un bonnet de drap entouré d'un turban de poil d'ourson, sans plaque avec une petite flamme à peine tombante. Ce bonnet était sensiblement conique. Les officiers de grenadiers qui étaient le plus souvent des officiers de fortune, portaient aussi ce bonnet. Les tambours portaient un habit de la couleur de livrée du colonel propriétaire, justaucorps bleu dans les régiments royaux, orné de galons de livrée placés en brandebourgs sur les boutonnières jusqu'à la poche, autour du cou, sur les parements et à la croisure derrière le justaucorps.

Les ceinturons et les colliers des tambours étaient en buffle et couverts de galons de livrée.

Les tambours n'avaient d'autres armes que l'épée.

La caisse était en bois peint et portait fréquemment les armes du colonel. Le tambour-major avait même costume, sauf que les agréments du parement étaient en argent. Il n'y avait point alors de fifres ni de hautbois dans les régiments.

De 1750 à 1760 les progrès de l'art du teinturier firent adopter des vestes et des collets de couleur rouge ou bleue moins salissants que le drap gris blanc. Mais les formes d'habit restèrent les mêmes jusqu'en 1762, comme en témoigne un précieux manuscrit du Dépôt de la guerre, dessiné en 1757 et qui a servi à l'établissement des planches insérées dans cet ouvrage.

La fin de la guerre de Sept ans, la réforme générale de l'armée, l'engouement pour tout ce qui tenait aux modes militaires prussiennes, firent adopter un nouveau costume plus étroit, moins sain, plus élégant, qui fut rapetissé d'année en année, au point de devenir insuffisant et d'exciter les plaintes et les réclamations des chefs de corps. Le soldat, mal nourri, n'était même plus garanti du froid, du vent, de la pluie.

La veste elle-même, considérablement raccourcie, laissa le ventre sans protection. L'uniforme, réglé par le ministre, fourni par des entrepreneurs, ne pouvait plus comme par le passé être refusé par le commissaire des guerres, comme non conforme aux ordonnances, et la victime fut encore le pauvre soldat. Le ceinturon autrefois porté soit sur le grand habit, soit sur la veste ou sur la culotte, fut uniformément placé sur la veste. De 1767 à 1775 on essaya une multitude de coiffures pour l'infanterie, grands et petits chapeaux, chapeaux à 4 cornes, casques de cuir bouilli, bonnets de peau d'ours avec plaque de métal blanc ou de cuivre pour les grenadiers, casques de cuivre, casques de cuir noir en forme de cône tronqué (schako) de 8 pouces de haut emboîtant la tête comme un turban, avec un bourrelet couvert de poil ras tout autour. Toutes ces coiffures furent successivement abandonnées et on revint au chapeau de feutre relevé en 3 pointes, dont celle de devant beaucoup plus courte que les 2 autres.

Le nouvel uniforme fut adopté pour l'infanterie en 1763 mais il fut modifié par l'ordonnance du 25 avril 1767 dont nous donnons ici l'analyse :

Les habits seront garnis d'un collet de 4 pouces, en drap de couleur tranchante retombant de sorte qu'il y ait toujours 3 pouces apparents.

Une épaulette en drap blanc liséré de la couleur tranchante adoptée pour le parement, collet ou revers.

L'habit sera coupé à 3 pouces 1/2 de terre, l'homme étant à genou. Il devra durer 3 ans.

Tous les habits seront garnis d'un revers en drap attaché par 5, 6 ou 7 boutons selon l'usage du corps.

Les revers du bonnet à poil, adopté pour toutes les compagnies de grenadiers, sera couvert de drap de la couleur distinctive du régiment.

Les tabliers des grenadiers charpentiers (établis par l'ord. de 1766) seront en peau de veau noirci.

Leur bonnet à poil sera sans plaque et de 3 pouces moins élevé que celui des grenadiers.

Les officiers de grenadiers porteront le bonnet de peau d'ours noir à plaque de métal blanc avec tresses et glands en fils d'argent et de soie mélangés dans la proportion réglée pour les épaulettes.

Les officiers de fusiliers portent le chapeau bordé d'argent.

Les fusiliers, un chapeau bordé de fil blanc.

Les redingotes des officiers montés doivent être de la couleur d'uniforme.

L'usage des manchettes en dentelle est prohibé.

Les buffleteries des officiers doivent être en cuir blanc verni.

Les marques distinctives des grades établies en 1763 étaient confirmées, savoir :

Colonel

2

épaulettes or et argent, ornées de franges riches à noeud de cordelière, dite graine d'épinard.

Lieutenant-colonel

1

épaulette à gauche semblable à la précédente.

Major

2

épaulettes à franges simples.

Capitaine

1

épaulette à frange simple sur l'épaule gauche.

Lieutenant

1

épaulette losangée de métal et de soie en couleurs contraires, frange simple mélangée de soie.

Sous-lieutenant

1

épaulette, fond de soie mélangée de métal à franges de soie mélangée de métal en couleurs contraires.

Quartier-maître, porte-drapeau, etc.

Épaulette de soie bleue.

Sergent

Bande de galon simple de 6 lignes allant d'une couture à l'autre sur la manche d'habit, cousue en dehors au-dessus du parement.

Fourriers

Mêmes insignes plus 2 bandes semblables au-dessus du coude.

Caporaux

2

galons de laine bleue au-dessus du parement.

Musiciens

Même habit que les tambours sans galon de livrée, galon d'argent an collet.

Tambours

Tous les tambours prennent la livrée du roi sauf ceux du régiment de la reine et des princes du sang qui gardent leurs livrées anciennes. Cet habit fut donc bleu bordé d'un galon de livrée de 9 lignes, manches bordées de 7 bandes de galon en travers, 3 agréments en galon sous le revers (18 lignes de large). 3 agréments sur la poche. 2 agréments sur le parement. Revers, parements, collet, de la couleur distinctive du régiment et bordés d'un galon de la livrée du roi.

Tambour-major

Même habit galonné sur toutes les coutures et bordé d'un galon de métal sur le parement. La caisse des tambours, haute de 12 pouces d'un diamètre de 14 pouces pesant 7 livres 1/2, était en cuivre et ne devait porter d'autre marque que le numéro du régiment.

Vétérans

1 chevron après 8 ans de service ; 2 chevrons après 16 ans; après 23 ans, un médaillon ovale en drap rouge surbrodé de 2 épées croisées et couronnées, en laine blanche, se portant sur l'habit.

Par ordonnance du 19 avril 1766, on avait établi que chaque régiment entretiendrait 2 clarinets et 1 fifre par bataillon et 4 clarinets et 1 fifre pour les quelques régiments maintenus à 1 seul batailllon ; par la même ordonnance on établissait 2 grenadiers charpentiers par bataillon qui portaient comme arme une grosse hache. Le bissac était supprimé. On donnait aux soldats un sac de peau de veau à poil apparent, d'un pied de profondeur, 4 pouces d'épaisseur, 18 pouces de large, à couvercle emboîtant bien. Un sac à distribution dans lequel le soldat pourrait au besoin se coucher. On supprimait l'épée au fusilier. Un sabre de 22 pouces de lame, dans un fourreau de cuir noir à garniture de cuivre était donné aux grenadiers et à tous les gradés. Les manchettes de toile ne devaient être tolérées qu'au sergent. Les grenadiers, outre le bonnet à poil orné d'une plaque de métal blanc estampé aux armes (de) France, garni de cordons de fil blanc, recevaient un chapeau comme les fusiliers. Ces deux coiffures devaient durer 6 ans.

Pour compléter l'analyse de cette ordonnance, disons que les régiments de recrues établis par l'ordonnance du 1er février 1763 avaient un uniforme semblable à celui de l'infanterie.

Pour les soldats, habit de tiretaine blanche, veste de drap doublée de serge, culotte de tricot doublée de toile, chapeau bordé de fil blanc.

Caporaux et sergents. Même habit, revers aurore.

Officiers. Même habit, revers aurore, collet blanc non rabattu, boutons d'étain.

Tambour à la livrée du roi.

Pour terminer, nous reproduisons comme un monument de curiosité, différents extraits de l'ordonnance du 2 septembre 1775, montrant à quels détails futiles descendait peu à peu le ministre pour régler la tenue et l'aspect de cette armée mal nourrie et mal vêtue.

Extraits de l'ordonnance du 2 septembre 1773 concernant l'habillement de l'infanterie.

Art. 14. Défense de cirer les moustaches. Les cheveux ne seront plus tressés, mais liés en une queue qui aura 12 à 14 pouces de long. Ils seront coupés courts dessus la tète. Les cheveux des faces seront arrangés pour former une seule boucle, assujettis par une lame de plomb, ils descendront à 4 lignes au-dessus du bout de l'oreille. Les cheveux seront poudrés seulement les jours de service. Le chapeau enfoncé jusqu'au sourcil droit, la corne du devant placée au-dessus du sourcil gauche découvert de 1 pouce, et maintenue toujours dans le même pli. Le col uni, remonté le plus possible et le rabat bien blanc. Boutonner les deux premiers crochets du devant de l'habit. On ne doit plus voir les manches de la chemise, la veste boutonnée dans toute la longueur. Les vestes des caporaux et soldats auront de petits parements et les marques du grade y seront apposées.

La culotte doit remonter fort haut, les guêtres bien tirées, les jarretières seront supprimées. Le ceinturon sera placé sur la veste, assez serré.

Les armes seront toujours nettes sans être polies, la bretelle du fusil sera plaquée et serrée contre l'arme.

Les buffleteries seront blanchies, les gibernes cirées, ainsi que les fourreaux de sabre des grenadiers.

Le talon des souliers sera haut d'un pouce pour les soldats du 1er et du 3e rang. Ceux du 2eauront des talons de 15 lignes.

Les bonnets de police seront en forme de pokalem. Ils auront sur le devant une plaque en drap bordé de la couleur tranchante distinctive de l'uniforme et une fleur de lis de même couleur au milieu de ladite plaque. Le tour du bonnet pourra se rabattre et s'agrafer sous le menton.

Le sergent devait inspecter tout homme sortant du quartier. Il devait veiller à la propreté corporelle encore plus dans les marches que dans les garnisons. On créait en même temps un capitaine d'habillement, un armurier par régiment et un tailleur par compagnie, et on laissait 8 vieux habits par compagnie pour servir aux hommes de garde pendant l'hiver.

Le petit équipement du soldat consistait en :

3 chemises, 2 culottes, 2 paires de souliers, 1 paire de guêtres en toile blanche, une en toile noircie, 1 paire de guêtres laine grise, 2 paires de bas, 2 mouchoirs, 2 cols de crin , 4 rabats de toile, 1 agrafe, 1 paire de boucles de souliers, 2 paires de boucles de jarretière de culotte, de guêtres, un ruban de queue, 1 sac à poudre et sa houppe, 1 peigne à retaper, 1 peigne à décrasser, plomb pour les boucles, une brosse-habit, 2 brosses-souliers, brosses à cuivre, 1 pinceau, 1 dé, fil, aiguille, tire-bouchon, tire-bourre, épinglette, tourne-vis, morceaux de drap et vieux linges, plus 2 fouets de peau par escouade, 2 patiences, 2 pots à blanc, 2 porte-goupilles, 2 monte-ressorts et 2 polissoirs de giberne.

Les pattes des poches étaient simulées et bordées d'un passe-poil de la couleur tranchante. Le collet était réduit à 15 lignes de hauteur et devait être porté droit sans jamais être rabattu.

Les revers avaient 18 pouces de long 3 pouces, 1/2 apparents dans la plus grande largeur, 2 pouces 6 ligues dans le bas coupé horizontalement maintenu par 7 petits boutons et 3 gros au-dessous du revers.

Le parement plus étroit que précédemment haut de 4 pouces dont 3 1/2 apparents, la largeur proportionnée à la grosseur du bras. On supprima les 3 gros boutons du parement pour les remplacer par deux petits. On accordait pour l'habit une aune 1/3 de drap blanc, 2 aunes 3/4 de cadis pour doublure, 3/4 de toile en 7/8 pour droit fil, doublure des manches et des poches.

Pour la veste, on accordait une aune de drap blanc, 2 aunes 1/8 de cadis et 1/4 de toile en 7/8 pour doublure. Elle devait emboîter les hanches et boutonner bas sur la ceinture de la culotte. Ses basques étaient longues de 6 pouces 1/2 à compter du dernier bouton. Les manches étaient cousues, excepté sous les bras.

La culotte à pont-levis exigeait une aune 1/2 de tricot ou l'équivalent en estamet.

Le caleçon employait 7/8 de toile. La culotte devait couvrir entièrement le genou sans descendre au-dessous des deux os saillants (sic). Le soldat avait la liberté de s'acheter une culotte de toile si sa masse le lui permettait.

L'habit et la veste devaient durer 3 ans, la culotte un an.

Les casques, tels qu'ils avaient été donnés à l'infanterie, étaient supprimés.

Les grenadiers devaient porter comme auparavant (1767) le bonnet de peau d'ours garni par devant d'une plaque de cuivre jaune timbrée de l'écusson aux armes de France garni de cordons et glands de fil blanc. L'intérieur du bonnet de cuir naturel. Le derrière couvert de la couleur tranchante distinctive de l'uniforme ; outre son bonnet, le grenadier recevait un chapeau uni, sans houppe ni bourdalou, mais orné d'une cocarde de bazin blanc ; ces coiffures devaient durer 6 ans.

Équipement et armement des soldats.

La giberne en cuir, carré long, de 5 pouces 1/2 de profondeur, recouverte par une patte ornée d'un médaillon timbré aux armes du roi en cuivre jaune ; et pour les grenadiers seulement, 4 grenades en feu aux quatre extrémités.

La courroie de buffle blanc.

Le ceinturon de sabre à un seul pendant. Les fusiliers n'y portaient qu'une baïonnette. Aux grenadiers, on donnait un sabre d'abatis, sans cordon ni gland.

Les bretelles de fusil en buffle, ainsi que les colliers de caisse de tambour.

Un havre-sac en peau de veau à poil apparent, doublé de forte toile formant boite d'un pied de profondeur, 18 pouces de large et 4 pouces d'épaisseur avec couvercle en dessus emboîtant. En dedans, une cloison de toile et une seconde perpendiculairement pour mettre les souliers, la poudre, l'autre partie pour le pain. La grande poche devait contenir le petit équipement. Ce havre-sac fermait avec 3 courroies et était porté par des bretelles de buffle blanc (conf. 1767). Le fusil à monture en bois de noyer pesait 9 livres 4 onces sans la baïonnette qui pesait 8 onces. Le canon du fusil était bronzé, et la batterie devait être couverte d'une capucine.

Les sergents avaient le même costume, mais en drap plus fin.

Le fourrier portait 2 bandes en galon d'argent en 10 lignes de large au-dessus du pli du bras. Un bordé semblable à 6 lignes au-dessus du parement.

Le sergent portait un simple bordé.

Les caporaux, deux galons de laine bleue, l'un à 6 lignes du parement, le deuxième à 3 lignes au-dessus du premier.

L'appointé un seul bordé au-dessus du parement.

Les soldats gentilshommes, qui servaient aux compagnies, portaient un petit galon d'argent de 6 lignes en bordé autour du collet.

Les tambours, comme par le passé, portaient la livrée du colonel propriétaire, mais le revers de leur habit restait de la couleur distinctive du régiment.

Le galon de livrée était large de 9 lignes, les manches étaient bardées de 7 bandes, 3 agréments de 18 lignes en galon au-dessous du revers, 2 agréments sur le parement, 3 agréments sur la patte de la poche et au-dessous.

Le tambour-major portait un habit semblable galonné sur les coutures, mais, au lieu d’agréments aux parements, il portait un double galon d'or.

Le fifre ne portait pas la livrée, mais le parement, bordé d'argent.

La caisse du tambour était en cuivre de 12 pouces de hauteur sur 14 de diamètre. Elle pesait 7 livres 1/2. Elle ne portait plus les armes du roi ni du colonel, mais le numéro du régiment.

Uniformes des officiers.

Les officiers portaient le même uniforme que les soldats, mais en drap fin. Leurs cheveux étaient liés en queue comme ceux des soldats. Leur chapeau était galonné d'argent. Leur col de crin était doublé de peau blanche.

L'usage des manchettes toléré jusqu'alors leur était interdit comme aux soldats, ils portaient des guêtres de toile blanche l'été, noircies l'hiver ; des guêtres en laine gris blanc avec boutons d'étoffe pour les temps froids.

Les officiers de grenadiers portaient le bonnet à poil, les galons et glands en étaient filés d'argent et mélangés de soie comme pour les épaulettes.

Les officiers ne devaient porter aucun plumet au chapeau.

La giberne des officiers, plus petite que celle des soldats, pouvait contenir 16 cartouches au lieu de 30. Le couvercle en cuir noir était orné d'un médaillon aux armes du roi, en cuivre doré. La courroie, large de 27 lignes, était de buffle blanc verni ainsi que le ceinturon et le porte-épée. Dans le service, les officiers devaient porter le hausse-col en cuivre doré au milieu duquel était un médaillon aux armes du roi en argent.

Tous les officiers subalternes devaient être armés d'un fusil à baïonnette et d'une épée de 36 pouces. Les officiers supérieurs seuls portaient l'épée de 29 pouces.

Pour épuiser ce sujet, nous terminerons par des extraits de l'ordonnance du 26 avril 1775 sur les obligations des officiers supérieurs que le ministre voulait astreindre à une règle plus sévère que par le passé.

Les colonels réformés doivent se rendre au corps pendant les mois de juillet, août et septembre.

Personne n'obtiendra la permission d'acheter un régiment avant 23 ans révolus et 7 ans de service dont 5 comme capitaine et 2 comme lieutenant. Pour obtenir le commandement des régiments à 4 bataillons, on devra justifier de deux ans de grade de colonel.

Tout colonel qui cèdera son régiment avant d'avoir obtenu le grade de maréchal de camp sera réputé hors de service.

La commission de colonel ou rang de colonel ne serviront plus pour l'avancement. Il faudra avoir 6 ans de commandement et de grade effectif.

Le prix des régiments est maintenu à 40,000 livres, depuis le 1er jusqu'au 35e, celui des autres est établi à 20,000 livres.

Les places de lieutenant-colonel, comme celles de major, seront toujours accordées au mérite et au choix du ministre.

Le major devra compter 20 ans de service révolus. Il pourra être nommé lieutenant-colonel après 4 ans de grade.

Les commandants de bataillon sont rétablis, ils conserveront leur compagnie. L'insigne de ce grade sera 2 épaulettes à fond d'argent et franges simples en or ou réciproquement.

Le commandement n'est dévolu à l'ancienneté du corps que lorsque les deux officiers compétiteurs sont de même grade et de même promotion.

Cependant les fourriers, sergents et autres continueront à faire le service et à commander entre eux suivant le rang du régiment sans avoir égard à l'ancienneté du grade.

L'élection des bas officiers par leurs pairs est confirmée.

Signé : Maréchal DU MUY.

Variations de l'effectif de l'infanterie française (de 1740 à 1775).

Avant la réforme de 1763, la compagnie d'infanterie sur pied de guerre se composait de 2 officiers, 2 sergents, 3 caporaux, 3 anspessades, 1 tambour et 31 fusiliers.

La compagnie de grenadiers comptait en plus 5 grenadiers et 1 sous-lieutenant. En temps de paix, la compagnie de fusiliers n'avait que 30 hommes, celle des grenadiers devait toujours être complète à 45 hommes. Un bataillon, unité tactique réunissait 17 compagnies dont 16 de fusiliers. Le nombre des grenadiers n'était donc que 1/17 du nombre des hommes d'un bataillon. On comprend que leur troupe fût vraiment d'élite, sans trop nuire à la consistance des autres compagnies.

L'effectif d'un bataillon en ligne était de 685 hommes. Le lieutenant-colonel commandait le premier ou l'unique bataillon. Le plus ancien capitaine était commandant du 2e bataillon. Si le colonel était le roi, ou un prince, il y avait un colonel lieutenant qui commandait le régiment à sa place.

Il existait, en 1740, 98 régiments français, savoir :

Pendant la période de guerre, le roi porta l'infanterie française à 227 bataillons et 3859 compagnies qui auraient dû présenter un effectif de 164318 combattants d'infanterie. Certains régiments avaient 5 bataillons. En 1749, M. d'Argenson ne conserva que 80 régiments et 168 bataillons, supprimant 1627 compagnies, il maintint les autres à 40 hommes sur pied de paix, en sorte qu'en 1756, pour augmenter l'infanterie, il fallut créer de nouvelles compagnies, mesure toujours funeste au début d'une guerre.

Le bataillon fut formé d'une compagnie de grenadiers à 45 hommes, de 12 compagnies de fusiliers à 40 hommes, desquels on retirait un certain nombre de soldats pour former une compagnie temporaire appelée le piquet, compagnie qui devint permanente pendant la guerre de 7 ans, sous le nom de compagnie de chasseurs. Ainsi le nombre des soldats d'élite devenait 1/8 de l'effectif.

Les 53 bataillons supprimés, en 1749, avaient chacun une compagnie de grenadiers. On réunit toutes ces compagnies pour en former le corps de grenadiers de France, composé de 4 brigades de 12 compagnies. Tous les colonels, qui avaient commandé les grenadiers royaux pendant la guerre, furent placés à ce corps qui eut vingt puis trente, enfin quarante-deux colonels qui tous avaient autorité. Heureusement qu'ils n'en usaient pas. Ce corps eut d'abord 4, puis 7 lieutenants-colonels ; un major et 4 aides-majors pour les 4 brigades, veillaient à la conservation de ce régiment. Le recrutement se faisait parmi les grenadiers de la milice, à qui on donnait 30 livres de prime d'engagement. Les compagnies appartenaient au roi, et ne se vendaient pas. I1 serait intéressant de retrouver le décompte de ce que coûtait une de ces compagnies de 1749 à 1771. Ou en pourrait comparer la dépense avec ce que recevait un capitaine de grenadiers d'infanterie, somme établie au chapitre 1er, et on verrait immédiatement la charge imposée aux malheureux officiers qui ne voulaient pas laisser périr de misère leurs soldats. A la déclaration de guerre, en 1756, le ministre Argenson rétablit les bataillons à 17 compagnies, bouleversant pour cela les règles qu'il venait de fixer en 1753 pour la formation de combat.

Toutefois le nombre des régiments français resta le même. Les régiments de création nouvelle furent formés de miliciens ou de légions de troupes légères étrangères. L'effectif à la fin de 1762 était de 187 bataillons, soit 2579 compagnies de 40 et 45 hommes.

La réforme de Choiseul consista à coupler les compagnies de fusiliers conservant 3 officiers, 4 sergents, 1 fourrier, 2 tambours et répartissant les hommes en 8 escouades, commandées chacune par un caporal, et composées de 5 fusiliers en temps de paix, 10 en temps de guerre. Le ministre déclarait que le nombre des hommes dans les escouades serait augmenté en cas de nécessité, mais qu'on ne créerait plus de compagnies nouvelles.

La compagnie des grenadiers, dont l'effectif ne devait pas varier, fut laissée à 3 officiers et 52 hommes, savoir : 2 sergents, 1 fourrier, 4 caporaux, 4 appointés, 40 grenadiers et 1 tambour. La proportion des grenadiers aux fusiliers redevenant 1/17 de l'effectif en temps de guerre.

Les 19 plus anciens régiments étaient conservés ou portés à 4 bataillons. Tous les autres, mis à 2 bataillons par incorporation des régiments récents dans les plus vieux ; seuls ceux qui étaient employés aux colonies, furent laissés à un bataillon. On affecta au service de mer 40 bataillons (23 régiments) jusqu'à la création des corps d'infanterie spéciaux pour la marine (1766-1772).

Le corps des grenadiers de France fut conservé, mais dès lors se recruta parmi les grenadiers d'infanterie jusqu'à son licenciement en 1771.

Ainsi donc le D. de Choiseul conservait 65 régiments. 161 bataillons à 556 hommes sur pied de paix et 4 brigades des grenadiers de France 2500 hommes. Au total 89516 hommes. Cet effectif, encore trop coûteux pour les finances fut réduit par M. de Monteynard, en 1771, qui supprima le corps des grenadiers de France et 2 escouades par compagnie de fusiliers, soit 13000 hommes environ. On revenait à un effectif inférieur à celui de 1740 malgré une dépense double.




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Note 01 : Aune, 1m19.