Retour

 

ORDONNANCE

DU ROY

Sur le Maniement des armes de l’Infanterie
françoise & étrangère.

Du 7 Mai 1750.

DE PAR LE ROY

SA MAJESTE ayant résolu d’établir à l’avenir l’uniformité dans toutes les parties qui composent le service de ses troupes d’Infanterie, tant françoise qu’étrangère, Elle a jugé à propos de commencer par le Maniement des armes, comme étant le premier point de la discipline & de l’instruction du Soldat ; & après avoir fait exécuter en sa présence les différens Exercices qui lui ont été proposés, Elle a ordonné & ordonne ce qui suit :

Lorsqu’un régiment devra prendre les armes pour faire l’exercice, on battra d’abord le premier, à moins que toute l’Infanterie de la garnison, du quartier ou du camp, ne dût les prendre en même temps ; auquel cas tous les Tambours battront la générale.

On battra ensuite l’assemblée, à l’heure qui sera ordonnée : alors les Sergens assembleront leurs compagnies, mettant les Soldats en haie devant leurs quartiers, ou dans les rues du camp, pour en faire l’appel ; après quoi ils les formeront sur quatre rangs, désignant ceux qui devront être de piquet ; & ils les conduiront, le fusil sur l’épaule, au lieu de l’assemblée générale du bataillon, où les Soldats resteront reposés sur le fusil, jusqu’à l’arrivée des drapeaux.

La compagnie de grenadiers se placera à la droite du bataillon, si ce n’est lorsqu’il y aura ensemble plusieurs bataillons du même régiment, auquel cas la compagnie de Grenadiers du bataillon de la gauche, fermera la gauche du régiment.

Toutes les fois qu’un régiment devra prendre les armes, il sera commandé un Piquet par bataillon, composé d’un Capitaine, un Lieutenant, & cinquante hommes, compris deux Sergens & un Tambour ; lequel piquet prendra la gauche du bataillon, hors le cas ci-dessus expliqué, où la compagnie de Grenadiers ayant la gauche du bataillon, le piquet se placera à droite.

Quand la compagnie de Grenadiers sera séparée du bataillon, on commandera deux piquets, qui se placeront l’un à droite & l’autre à gauche du bataillon.

Les Officiers-majors, Le Capitaine de piquet, & tous les Officiers subalternes & Enseignes, seront rendus aussi-tôt qu’on battra l’assemblée, au lieu où elle devra se faire : les Officiers subalternes feront en arrivant, l’inspection de leur compagnie, & seront responsables de la propreté des Soldats, & de ce qui pourroit manquer à leur équipement & armement.

Dès que les compagnies seront arrivées au lieu de l’assemblée du bataillon, l’Officier-major demandera les Soldats commandés de piquet, lesquels se mettront sur un rang derrière leurs compagnies : & quand il leur fera le commandement de marcher, ils feront à gauche, & fileront derrière le dernier rang du bataillon, pour se rendre à la gauche du bataillon où les Officiers de Piquet les formeront en arrivant, en leur faisant faire à droite.

Le Capitaine se placera à leur tête, le Lieutenant à la queue, les deux Sergens fermeront la gauche du premier & du dernier rangs, & le Tambour se mettra entre le deuxième & le troisième rangs.

Les Enseignes du bataillon ou du régiment, se rassembleront sur un rang à la tête di piquet, derrière le Capitaine ; les Tambours, à l’exception de ceux qui resteront au bataillon, se formeront sur plusieurs rangs derrière le piquet, ayant la caisse sur l’épaule, le Tambour-major à leur tête ; & l’Aide-major se tiendra devant le Capitaine de piquet.

Le Capitaine de piquet se retournant vers son piquet, le chapeau sur la tête, lui fera les commandemens suivans : Prenez garde à vous ; Portez le fusil sur l’épaule ; Marche.

Il marchera ensuite à la tête de son piquet, jusqu’au lieu où seront les drapeaux, le seul Tambour de piquet battant aux champs ; il le mettra en bataille vis-à-vis de la porte, & fera les commandement nécessaires pour mettre la bayonnette au bout du fusil & présenter les armes, ainsi qu’il sera expliqué ci-après : il restera en cette situation à la tête de sa troupe, le Lieutenant passera à sa gauche ; & ils feront l’un & l’autre observer le silence.

Quand les Enseignes sortiront de chez le Commandant avec les drapeaux, ils s’aligneront en dehors de la porte, le drapeau présenté, & s’arrêteront un moment vis-à-vis du piquet.

Le Capitaine & le Lieutenant de piquet salueront du chapeau les drapeaux, les Sergens ôteront aussi le leur, & les Tambours battront le drapeau ; ce qu’ils continueront de faire jusqu’à ce qu’ils soient arrivés au bataillon, & que le Major leur ait donné l’ordre de cesser.

Les Enseignes iront se placer entre le second & le troisième rangs du piquet ; les Tambours devant le piquet ; l’Aide-major un peu en avant du Capitaine ; le Lieutenant repassera derrière le piquet : alors le Capitaine de piquet commandera à sa troupe de mettre les armes sur le bras gauche, & de marcher, & amènera les drapeaux en cet ordre, dans le lieu où le régiment sera assemblé.

Dans les régimens de plusieurs bataillons, les piquets des bataillons iront alternativement chercher les drapeaux du régiment.

Quand les compagnies seront séparées, celles qui auront les drapeaux dans leurs quartiers, les apporteront avec elles au rendez-vous général des compagnies.

Dans les camps, lorsqu’on battra le drapeau, les Enseignes se mettront derrière leurs drapeaux ; & dès que le bataillon sera formé, ils iront s’y placer, comme il sera expliqué ci-après.

Avant que l’on batte le drapeau, le Colonel, le Lieutenant-colonel, les Commandans de bataillon, & tous les Capitaines, seront tenus d’être rendus au lieu de l’assemblée du régiment ; & alors les Capitaines verront s ‘il ne manque rien à leur compagnie, & si l’inspection en aura été bien faite par les subalternes.

Veut Sa Majesté que tous les Officiers d’Infanterie soient armés d’espontons, & les Sergens de hallebardes ; à l’exception des Officiers & Sergens des compagnies de Grenadiers, qui porteront des fusils.

A l’arrivée des drapeaux, le colonel fera quatre pas en avant du premier bataillon ; le Lieutenant-colonel un pas en arrière à sa gauche ; les Commandans de bataillon quatre pas en avant de leur bataillon : les Capitaines des compagnies de la droite du bataillon, à la droite de leur compagnie, deux pas en avant ; les Lieutenans à la gauche, un pas en avant ; les premiers Sergens, à la droite du premier rang de leur compagnie, & les seconds à la gauche du dernier rang.

Cet ordre sera renversé dans les compagnies de la gauche du bataillon.

A l’égard de la compagnie de Grenadiers, le Capitaine fera à sa tête, deux pas en avant, le Lieutenant à la queue ; le Sous-lieutenant un pas derrière le Capitaine, un peu à sa gauche, & les deux Sergens à la droite du premier & du dernier rangs.

Lorsqu’une compagnie de Grenadiers fermera la gauche, les Sergens se mettront à la gauche du premier & du dernier rangs.

Le régiment étant ainsi disposé, le Major fera les commandemens détaillés dans l’exercice, pour faire mettre la bayonnette au bout du fusil, & présenter les armes : en même temps tous les Officiers & Sergens étant à leur poste, appuyés sur leur esponton & hallebarde, ôteront leur chapeau de la main gauche ; les Enseignes fileront devant le front du régiment, pour aller se placer au centre de leur bataillon, un pas en avant du premier rang ; le piquet retournera à sa place, passant derrière le bataillon ; & les Tambours resteront à la droite.

Dès que les Enseignes & le Piquet auront pris leur place, le Major fera cesser de battre le drapeau, & fera faire un roulement pour annoncer les commandemens détaillés dans l’exercice, pour ôter & mettre le fusil sur l’épaule.

Ensuite il fera rompre le régiment, par la droite ou par la gauche, selon le côté où il devra marcher.

Les Enseignes marcheront entre les deux compagnies du centre de leur bataillon.

Le bataillon ou le régiment marchera au lieu de l’exercice, les rangs à un pas les uns des autres, & ne gardant de distance d’une division à l’autre, que celle qui sera nécessaire pour se mettre en bataille.

Les Tambours (à l’exception de ceux des compagnies de Grenadiers & des Piquets, qui resteront chacun à leur troupe) devant être partagés en deux, prendront leur place entre les deuxième & troisième rangs des divisions de la droite & de la gauche du régiment ou du bataillon ; le Tambour-major à la tête de ceux de la droite.

Lorsque le régiment étant en marche, il aura à passer quelque défilé qui l’obligera de rompre ses rangs, la droite du premier rang passera la première, la gauche ensuite, & ainsi des autres rangs ; & le Commandant, de même que le Major, auront attention de faire reformer les rangs à la sortie du défilé, ralentissant la marche, pour donner le temps à la queue de joindre.

Le régiment étant arrivé sur le terrein où il devra faire l’exercice, le Major fera appeler, pour faire serrer les rangs ; ensuite il fera battre aux champs, & fera marcher quelques pas, pour que les divisions puissent prendre les distances nécessaires pour se mettre en bataille.

Si on arrive sur le terrein par la gauche, lorsqu’on battra le drapeau toutes les divisions feront ensemble un quart de conversion à gauche pour former le bataillon, & prendront ensuite, en marchant en avant, les distances d’un rang à l’autre, qui doivent être la longueur de deux hallebardes.

Si le régiment arrive sur le terrein par la droite, lorsque la compagnie des Grenadiers ou le Piquet de la droite y sera arrivé, il fera un quart de conversion à droite, & les trois premiers rangs marcheront ensuite en avant pour prendre leurs distances : la première division continuera à marcher jusqu’à la gauche des Grenadiers, ou du Piquet de la droite ; fera ensuite un quart de conversion, & prendra ses distances d’un rang à l’autre, comme il vient d’être dit, il en sera de même successivement des autres divisions.

Le Tambour des Grenadiers ou du piquet de la droite, battra seul le drapeau quand les Grenadiers ou soldats du piquet feront le quart de conversion ; ceux de la droite le battront dans le moment que la première division fera le même mouvement ; & ceux de la gauche continueront de battre aux champs, jusqu’à ce que le piquet ou la compagnie de Grenadiers de la gauche, qui marchera derrière eux, se mette en bataille : alors ils battront le drapeau, ainsi que le Tambour dudit piquet ou compagnie de Grenadiers ; & tous ensemble continueront de battre jusqu’à ce que le Major leur fasse le signal de finir.

Quant le régiment ou bataillon fera en bataille, tous les Tambours de la droite se placeront sur deux rangs, à la droite du premier rang ; & ceux de la gauche, de même à la gauche du premier rang.

Les bataillons d’un même régiment ne garderont point d’intervalle entr’eux, en se mettant en bataille pour faire l’exercice.

Quand le Major verra que tout le régiment sera en bataille, & que les distances d’un rang à l’autre seront prises, il fera cesser les tambours de battre, & fera le commandement pour faire ouvrir les files, à droite & à gauche ; alors les Sergens du premier & du dernier rangs, se reculeront un pas en arrière, pour laisser au soldat la liberté de prendre ses distances de l’un à l’autre, à la longueur du bras, & de s’aligner d’eux-mêmes, se réglant sur leur droite, & se plaçant sur leur chef de file.

Les Capitaines s’aligneront aussi sur le Capitaine des Grenadiers de la droite, & les Lieutenans sur le Lieutenant en second de Grenadiers.

Cela fait, le Major dira : Prenez garde à vous, Bataillon, ou Bataillons, on va faire l’exercice.

Il fera donner en même temps un coup de baguette : alors tous les Officiers & Sergens ôteront leur chapeau de la main gauche ; & les Officiers du front du bataillon, ainsi que le Lieutenant de Grenadiers, le Lieutenant de piquet, & les Sergens qui seront à la queue, feront demi-tour à droite.

Ensuite le Major fera appeler, & tous les Officiers & Sergens partiront du pied gauche ; savoir, les Sergens du front, pour s’avancer cinquante pas en avant du bataillon, faisant marcher devant eux tout ce qui pourroit en embarrasser le front ; les Officiers pour passer entre les files & aller se placer sur une même ligne derrière le bataillon, les Capitaines à huit pas du dernier rang, les Lieutenans & Enseignes à quatre pas, & les Sergens de la queue pour se placer pareillement douze pas en arrière du dernier rang du bataillon.

Les Sergens de Grenadiers & de piquet, qui fermeront la droite ou la gauche du régiment ou du bataillon, feront à droite & à gauche, quand les Officiers feront demi-tour à droite ; & marcheront de même quand on appelera, pour se placer à douze pas des flancs du régiment u du bataillon.

Le Colonel, le Lieutenant-colonel, & les commandans de bataillon, iront se placer en avant du centre, à la hauteur du Major ; les Aides-malors sur les flancs du régiment.

Alors, tous les Tambours viendront en appelant, le long du front du régiment jusqu’au centre, où s’étant réunis, ils feront un quart de conversion à droite & à gauche, & marcheront sur un rang, droit au Major   quand ils y seront arrivés, ils se rompront à droite & à gauche par une demi-conversion, & se rangeront sur un rang, derrière le Major qui les fera cesser de battre. Les Officiers & Sergens qui auront marché pour prendre leur poste, comme il a été dit ci-dessus, resteront arrêtés, le chapeau à la main, jusqu’à ce que le Major ait fait cesser de battre : dans ce moment ils feront un demi-tour à gauche, pour faire face au régiment, remettront leur chapeau, & resteront appuyés sur leur esponton & hallebarde, sans quitter leur place jusqu’à la fin de l’exercice, & dans un grand silence.

Le Major fera ensuite les commandemens ci-après :

1.

Préparez-vous à faire l’exercice.

Ce commandement étant fait pour avertir le Soldat qu’il va faire l’exercice, il aura attention à se poster les deux talons sur une même ligne, séparés l’un de l’autre d’environ un demi-pied ; le fusil sur l’épaule gauche, la sous-garde appuyée sur le teton, la main gauche à quatre doigts du bout de la crosse, le coude serré contre le corps, sans être gêné, & la main droite pendante sur le côté ; la tête haute, & tournée sur la droite, pour partir en même temps que le Soldat de la file de la droite, qui devra regarder attentivement le Major, pour pouvoir exécuter le commandement au premier temps qui sera marqué par ledit Major, soit qu’on fasse l’exercice à la voix, au son du tambour, ou à la muette.

2.

Portez le fusil en avant.

En trois temps : Au premier, on portera la main droite sous la platine, en faisant glisser la crosse de quatre doigts, & la tournant avec la main gauche, de sorte que le fusil soit sur son plat, les coudes élevés à la hauteur du poignet.

Au second, en levant le fusil de la main droite, la platine en dehors ; on portera en même temps la main gauche un demi-pied au dessus de la partie supérieure de la platine, le pouce le long du canon vis-à-vis le menton, les bras demi-tendus en avant, le fusil droit entre les deux yeux.

Au troisième, en laissant tomber le bras gauche tendu de toute sa longueur, la main à un demi-pied de la partie gauche de la cuisse gauche ; on empoignera de la main droite le bout du canon, tenant le fusil de biais, le bout du pouce au bout de la monture, vis-à-vis & à hauteur de l’épaule, le coude à demi-courbé, sans être levé.

3.

Pernez la bayonnette.

En un temps, tenant ferme le fusil avec la main gauche, on portera la main droite à la bayonnette, entre le corps & le fusil, & on la dégagera du fourreau.

4.

Haut la bayonnette.

En un temps. On portera à la distance d’un pouce du bout du fusil en dedans, & dans la même direction que le canon, la douille parallèle & à la même hauteur que le canon.

5.

Mettez-la au bout du canon.

En un temps, on l’emboîtera dans le canon.

6.

Portez vos armes sur l’épaule.

En quatre temps : Au premier, on passera la main droite sous la platine, portant le fusil entre les deux yeux, la platine en dehors, le pouce de la main gauche vis-à-vis le menton, ayant les bras demi-tendus.

Au second, on portera la main gauche sur la crosse, à quatre doigts du bout, tenant le fusil bien perpendiculairement droit entre la tête & l’épaule, le canon au dehors.

Au troisième, on laissera tomber le fusil sur l’épaule.

Au quatrième, on laissera tomber la main droite sur le côté.

7.

A droite.

8.

A gauche.

9.

Demi-tour à droite.

10.

Demi-tour à gauche.

Ces quatre commandemens s’exécuteront chacun en un temps, en tournant sur le talon gauche, & portant le droit sur la même ligne.

11.

Haut les armes.

En deux temps : Au premier, on portera la main droite au fusil, comme au premier temps du second commandement.

Au deuxième, on portera le fusil de la main droite du côté droit, & on l’empoignera en même temps de la gauche, à un demi-pied au dessus de l’extrémité supérieure de la platine, le pouce le long du canon à la hauteur de l’épaule, & le canon en dedans entre la tête & l’épaule droite, la platine au dessus du ceinturon, ayant le pouce droit sur le chien, & le premier doigt de la même main sous la sous-garde derrière la gachette.

12.

Apprêtez vos armes.

En un temps. On armera le fusil.

13.

En joue.

En un temps. On appuiera la crosse à l’épaule droite, lâchant le pied droit en arrière sur la même ligne que le gauche, le genou gauche un peu plié, le jarret droit tendu, la pointe du pied gauche vis-à-vis le bout du fusil, les talons sur la même ligne, le coude droit serré.

14.

Feu.

En un temps. On tirera la gachette sans faire aucun mouvement.

15.

Retirez vos armes.

En un temps : Laissant tomber le fusil horizontalement au dessous du ceinturon, la main gauche appuyée contre la hanche, & tournant les deux pieds égaux devant soi.

16.

Mettez le chien en son repos.

En un temps. On mettra le chien en son repos.

17.

Prenez la cartouche.

En un temps. Tenant ferme le fusil avec la main gauche, on portera la droite brusquement au porte-cartouche pour en tirer la cartouche.

18.

Déchirez-la avec les dents.

En deux temps : Au premier, on portera la cartouche à la bouche pour la déchirer.

Au second, on la portera brusquement près du bassinet.

19.

Amorcez.

En un temps. Tenant la cartouche des deux premiers doigts, le pouce fur l’ouverture, & le fusil ferme de la main gauche dans la même position, on remplira le bassinet de poudre.

20.

Fermez le bassinet.

En un temps. On fermera le bassinet, tenant toûjours la cartouche des deux premiers doigts, & on reportera la main droite derrière le chien.

21.

Passez vos armes du côté de l’épée.

En deux temps : Au premier, on lèvera le fusil de la main gauche, le poussant en même temps avec les deux premiers doigts de la droite, & on portera le pied droit à côté du gauche.

Au second, en tournant sur le talon gauche, on achevera le demi-tour à gauche, en portant le pied droit en avant, & on tournera le fusil avec la main gauche, qui doit glisser à un demi-pied au dessus de la partie supérieure de la platine, de façon que la crosse soit au moins à quatre pouces de terre, le fusil appuyé contre la partie supérieure de la cuisse gauche, & tenant le bout du canon avec les deux derniers doigts de la main droite, dont le coude doit être détaché du corps.

Le Soldat observera en cette situation, ainsi que dans tous les autres temps de l’exercice où il sera tourné à gauche, d’avoir les yeux sur celui de la file de la gauche, qui devra alors être attentif au commandement du Major.

22.

Mettez la cartouche dans le canon.

En un temps. On mettre la cartouche dans le canon, & on saisira en même temps la baguette avec le pouce & les deux premiers doigts, la main en dedans, & le pouce en dehors.

23.

Tirez la baguette.

En un temps. On la tirera tout de suite, en la retournant brusquement pour la porter sur le ceinturon, & glissant la main droite à quatre doigts du gros bout, la tenant parellèle au canon.

24.

Bourrez.

En un temps. On portera la baguette brusquement de biais au bout du canon, dans lequel on la laissera tomber vivement, & on la retirera en même temps, pour la rapporter par le petit bout sur le ceinturon, dans la même position d’où elle sera partie.

25.

Remettez la baguette en son lieu.

En un temps. On la remettra en son lieu, & on empoignera tout de suite le bout du fusil.

26.

Haut les armes.

En deux temps : Au premier, on relevera le fusil de la main gauche, passant la main droite sous la platine.

Au deuxième, on fera à droite, & on portera en même temps le fusil à l’épaile droite.

27.

Présentez vos armes.

En un temps. On fera à droite, en plaçant le revers de la platine au dessous du ceinturon, le bout du fusil à la hauteur de l’œil, le chien étant tourné un peu en dehors.

28.

Portez vos armes sur le bras gauche.

En deux temps : Au premier, on fera à gauche pour faire face en tête, & on placera le fusil entre le corps & l’épaule gauche, la platine en dehors, le bras embrassant le fusil, & la main saisissant le chien & le bassinet qu’il faudra contenir avec le pouce, à la hauteur de la poche, la main droite au dessous de la gachette.

Au deuxième : On rabattre la main droite pendante sur le côté.

29.

Portez vos armes en avant.

En trois temps : Au premier, on portera la main droite au dessous de la platine, en éloignant la crosse à un demi-pied de la cuisse gauche, sans déplacer la main gauche.

Au deuxième & troisième temps, on exécutera ce qui est prescrit aux deuxième & troisième temps du deuxième commandement.

30.

Reprenez la bayonnette.

En un temps. On la dégagera du canon, & on la tiendra empoignée comme il est dit au quatrième commandement.

31.

Mettez-la en son lieu.

En deux temps : Au premier, on la remettra dans le fourreau.

Au deuxième, on portera la main droite au bout du canon, à la hauteur prescrite.

32.

Reposez-vous sur le fusil.

En deux temps : Au premier, on relevera le bout du fusil de la main droite, en le poussant de la main gauche au côté droit, de manière qu’il soit perpendiculaire, la crosse à un demi-pied de terre, vis-à-vis la pointe du pied droit.

Au deuxième, on laissera tomber la crosse du fusil à terre, en tournant la sous-garde en dehors, un demi-pied à côté de la pointe du pied droit.

33.

Posez le fusil à terre.

En quatre temps : Au premier on tournera sur les deux talons à droite, & on tournera en même temps le fusil, de façon que le canon soit vers le corps.

Au deuxième, laissant couler la main un demi-pied au dessous de l’anneau de la grenadière, on fera un grand pas en avant du pied gauche, & l’on couchera le fusil par terre, la platine en dessus, la main gauche sur la cuisse.

Au troisième, on se relevera, en retirant le pied gauche, & tenant les deux bras pendans.

Au quatrième, on se remettre, tournant sur les deux talons à gauche.

34.

Reprenez le fusil.

En quatre temps : Au premier, on tournera sur les deux talons à droite.

Au deuxième, on fera un grand pas du pied gauche, & on reprendra le fusil avec la main droite à la même hauteur qu’on le tenoit auparavant.

Au troisième, on se relevera, & on retirera le pied gauche.

Au quatrième, on tournera sur les deux talons à gauche, & on remettra le fusil dans la même place qui est marquée pour se reposer sur le fusil.

35.

Haut le fusil.

En deux temps : Le premier se fera en élevant le fusil de la main droite, d’un pied de terre, & le rapprochant de la cuisse droite, & en joignant tout de suite la main gauche à un demi-pied de l’extrémité supérieure de la platine.

Le deuxième, en passant la main droite, le pouce sur le chien, & empoignant le fusil avec les quatre autres doigts, à la hauteur de la gachette.

36.

Portez le fusil sur l’épaule.

En quatre temps : Au premier, on portera le fusil droit perpendiculairement entre les deux yeux, la platine en dehors, & le pouce de la main gauche à la hauteur du menton.

Les deuxième, troisième & quatrième temps comme il est marqué au sixième commandement.

37.

Passez la platine sous le bras gauche.

En quatre temps : Au premier, on portera la main droite sous la platine, comme au premier temps du deuxième commandement.

Au deuxième, on portera le fusil entre les deux yeux, le canon en dehors, l’empoignant de la main gauche, à un demi-pied de la partie supérieure de la platine, à la hauteur du menton, les bras demi-tendus.

Au troisième, on passera la platine sous le bras gauche, la main droite accompagnant le fusil jusque sous le bras.

Au quatrième, on laissera tomber la main droite pendante.

38.

Portez le fusil sur l’épaule.

En trois temps : Au premier, on reportera le fusil en avant de la main gauche, en le relevant, & le saisissant en même temps de la main droite au dessous de la platine, le pouce le long du revers de ladite platine, le canon en dehors, les bras tendus, la main gauche à la hauteur de la bouche.

Au deuxième, portant le fusil de la main droite sur l’épaule, on passera la main gauche à quatre doigts du bout de la crosse.

Au troisième, on laissera tomber la main droite pendante.

39.

Renversez le fusil.

En cinq temps : Au premier, comme au premier temps du deuxième commandement.

Au deuxième, on portera le fusil devant soi, de la main droite, renversant la main gauche, qui saisira le canon un demi-pied au dessus de la partie supérieure de la platine, à la hauteur de la bouche.

Au troisième, en renversant le fusil de la main gauche, le canon en dehors, & la crosse haute entre les deux yeux, on l’empoignera de la main droite, entre le chien & la crosse.

Au quatrième, on passera le fusil renversé sous le bras gauche, glissant la main gauche le long du canon, de façon que la crosse soit appuyée à l’épaule.

Au cinquième, on détachera la main droite du fusil, la laissant tomber pendante.

40.

Portez le fusil sur l’épaule.

En quatre temps : Au premier, on reportera le fusil en avant de la main gauche, & l’on joindra tout de suite la main droite à la même place qu’au troisième temps du commandement précédent.

Au deuxième, on le retournera, sans quitter la main gauche, le canon en dehors, joignant la main droite au dessous du chien.

Au troisième, on le remettra sur l’épaule, comme ci-dessus.

Au quatrième, on laissera tomber la main droite.

41.

Portez la crosse haute.

En cinq temps : Le premier & le deuxième, comme au trente-neuvième commandement.

Au troisième, on renversera le fusil, la platine en dehors, & placera la main droite à l’anneau de la grenadière.

Au quatrième, on portera le fusil de la main droite sur l’épaule, repassant la main gauche à un pied du bout du canon, les coudes égaux.

Au cinquième, on rabattra le coude gauche, & en même temps la main droite pendante.

42.

Portez le fusil sur l’épaule.

En six temps : Au premier, on joindra la main droite au milieu du canon, les deux coudes hauts.

Au deuxième, on portera le fusil en avant, la crosse haute, & les bras tendus, & on portera en même temps la main gauche renversée, à un doigt du bout de la platine.

Au troisième, on fera faire le moulinet au fusil par la gauche, & la main droite se placera promptement au dessous du chien, les bras bien tendus.

Au quatrième, on retournera le fusil de la main droite, le canon en dehors, & la main gauche se placera sur la crosse, comme au deuxième temps du sixième commandement.

Au cinquième, on laissera tomber le fusil sur l’épaule.

Au sixième, on laissera tomber la main droite pendante.

Quand l’exercice à rangs & files ouverts sera fini, le Major fera faire un roulement, & avertira le bataillon ou le régiment, qu’on va faire l’exercice à rangs & files serrées ; ensuite il fera les commandemens suivans.

43.

Portez le fusil.

En trois temps : Au premier on portera la main droite au dessous de la platine du fusil, en faisant glisser la crosse de quatre doigts, & la tournant avec la main avec la main gauche, de sorte que le fusil soit sur son plat, les coudes élevés à la hauteur du poignet ;

Au deuxième, on lèvera le fusil de la main droite perpendiculairement, le canon en dehors, couchant la main gauche sous le talon de la crosse, le pouce au dessus de la vis, la crosse appuyée à la hanche, le coude droit touchant le corps.

Au troisième, on laissera tomber le fusil contre l’épaule gauche, le canon toûjours en dehors, en alongeant le bras gauche dans toute sa longueur, & laissant aller la main droite pendante.

44.

A droite & à gauche, serrez les files.

A ce commandement, la file du centre ne bougera, celles de droite feront à gauche, & celles de la gauche feront à droite, & elles marcheront sur la file du centre, jusqu’à ce que toutes les files se soient jointes, de manière cependant qu’il reste au soldat la liberté des coudes pour manœuvrer.

Ensuite le Major fera remettre les files par un à droite & un à gauche.

45.

Serrez les rangs à la pointe de l’épée.

Le Major avertira qu’il ne parle qu’aux trois derniers rangs ; & les soldats de ces rangs marcheront quand il dire Marche, jusqu’à ce que les quatre rangs se soient joints à la pointe de l’épée ; observant qu’il y ait toûjours un pied au moins de distance d’un rang à l’autre.

46.

Mettez la bayonnette au bout du canon.

En six temps : Au premier, on portera la main droite au dessous du chien, sans remuer le fusil.

Au deuxième, en haussant le fusil an avant de la main droite, la paltine en dehors, on portera la main gauche un demi-pied au dessus de la partie supérieure de la platine, le pouce le long du canon, à la hauteur & vis-à-vis le menton, les bras demi-tendus.

Au troisième, en laissant tomber la main gauche, elle soûtiendra le fusil de biais, & on l’empoignera de la main droite à quatre doigts du bout du canon.

Au quatrième, on portera la main droite à la bayonnette, & la dégagera du fourreau.

Au cinquième, on la portera à un pouce du bout du fusil.

Au sixième, on l’emboîtera dans le canon.

47.

Portez vos armes.

En trois temps : Au premier, on passera la main droite sous la platine, portant le fusil entre les deux yeux, la platine en dehors, le pouce de la main gauche vis-à-vis le menton, ayant les bras demi-tendus.

Au deuxième, on portera la main gauche sous le talon de la crosse, tournant en même temps le canon du fusil en dehors, de façon que le fusil se trouve perpendiculairement droit entre la tête & l’épaule.

Au troisième, on laissera tomber le fusil contre l’épaule gauche, comme il est dit ci-dessus.

48.

A droite.

49.

A gauche.

50

Demi-tout à droite.

51.

Demi-tour à gauche.

Ces quatre commandements s’exécuteront en un temps, en tournant sur le talon gauche, & portant le droit sur la même ligne.

52.

Haut les armes.

En deux temps : Au premier, on portera la main droite sous la platine, sans remuer les armes.

Au deuxième, on les portera de la main droite du côté droit, & on les empoignera en même temps de la gauche, à un demi-pied au dessus de la platine, entre la tête & l’épaule droite, la platine au dessus du ceinturon, ayant le pouce sur le chien & le premier doigt dans la sous-garde derrière la gachette.

53.

Genou en terre.

A ce commandement, les soldats des quatre rangs armeront leur fusil, ceux des deux premiers rangs mettront en même temps le genou droit en terre, effaçant un peu l’épaule droite, & posant la crosse à terre contre le genou droit ; ceux du troisième rang passeront le pied gauche entre les jambes de ceux du second rang, de façon qu’il touche le pied droit du soldat du premier rang, qui fera vis-à-vis ; & le soldat du quatrième rang, passera le pied gauche entre la jambe droite du soldat du troisième rang, & le pied droit de celui du deuxième rang, de façon que la boucle de leurs souliers soit à la même hauteur.

54.

En joue.

En un temps. On appuiera la crosse à l’épaule droite, en tenant le coude droit serré.

55.

Feu.

En un temps : On tirera la gachette sans faire nul mouvement.

56.

Chargez vos armes.

En quatorze temps : Au premier, les deux premiers rangs se releveront, retirant leurs armes horizontalement, ainsi que les deux autres rangs ; les files restant tournées à droite.

Au deuxième, on mettra le chien en son repos.

Au troisième, on portera la main droite au porte-cartouche, pour en tirer la cartouche.

Au quatrième, on portera la cartouche à la bouche, pour la déchirer.

Au cinquième, on la portera brusquement près du bassinet.

Au sixième, on remplira le bassinet de poudre avec la cartouche.

Au septième, on fermera le bassinet.

Au huitième, on passera le fusil du côté de l’épée.

Au neuvième, on mettra la cartouche dans le canon, & on saisira en même temps la baguette.

Au dixième, on tirera la baguette tout de suite, en la retournant brusquement, pour la porter sur le ceinturon, & glissant la main droite à quatre doigts du gros bout, la tenant parellèle au canon.

Au onzième, on portera la baguette brusquement de biais au bout du canon, dans lequel on la laissera tomber vivement, & on la retirera en même temps, pour la rapporter par le petit bout sur le ceinturon, dans la même position dont elle sera partie.

Au douzième, on la remettra en son lieu, & on empoignera le bout du fusil.

Autreizième, on relevera le fusil de la main gauche, passant la main droite sous la platine.

Au quatorzième, on fera à droite, & on portera le fusil à l’épaile droite, pour faire haut les armes.

57.

Présentez vos armes.

En un temps. On fera à droite, en plaçant le revers de la platine au dessous du ceinturon, le bout du fusil à la hauteur de l’œil.

58.

Portez vos armes sur le bras gauche.

Ce mouvement s’exécutera en deux temps, comme au vingt-huitième commandement.

59.

Remettez la bayonnette en son lieu.

En six temps. Aux trois premiers, on portera les armes en avant, comme il est dit au vingt-neuvième commandement.

Aux trois derniers, on remettra la bayonnette en son lieu, comme au trentième & trente-unième commandemens.

60.

Reposez-vous sur le fusil.

En deux temps : comme au trente-deuxième commandement, en observant de porter le fusil à la pointe du pied droit.

61.

Portez le fusil.

En trois temps : Au premier, on glissera la main gauche, un pied au dessous de l’anneau de la grenandière.

Au deuxième, en élevant le fusil de la main droite, & la faisant passer devant soi du côté gauche, on joindra la main gauche sous le talon de la crosse.

Au troisième, on laissera tomber le fusil contre l’épaule gauche, & la main droite pendante sur le côté.

Cet exercice étant fini, le Major fera faire un roulement, & avertira que c’est pour reprendre les places que l’on occupoit avanr de le commencer.

Il avertira ensuite qu’il ne parle qu’aux trois derniers rangs, & leur fera faire un demi-tour à droite ; & quand il leur fera le commandement de marcher, ils marcheront en s’alignant pour reprendre le même terrein qu’ils occupoient avant que l’on eût serré les rangs, & ils feront demi-tour à gauche, au commandement du Major.

Le Major fera ensuite les commandemens pour desserrer les files, & porter le fusil sur l’épaule.

Quand les rangs & les files seront desserrés, le Major fera appeler ; aussi-tôt les Officiers & Sergens viendront reprendre chacun la place qu’ils avoient avant que l’on fist l’exercice, marchant à même hauteur jusqu’au front du bataillon, & tenant le chapeau bas jusqu’à ce qu’on ait fini d’appeler.

Les Tambours retourneront pareillement au centre du régiment, où ils se partageront pour retourner à la droite & à la gauche du régiment, appelant toûjours jusqu’à ce qu’ils aient repris leur place, & que le Major leur ait fait le signal pour cesser.

Lorsque le Colonel, ou autre Commandant du régiment ou bataillon, jugera à propos de le renvoyer, le Major le fera rompre par un quart de conversion, & retourner au quartier dans le même ordre qu’il en sera venu, sans qu’aucun Officier puisse quitter sa troupe, avant que les appels soient faits, & que les Soldats soient renvoyés ; & le piquet reconduira les drapeaux au logis du commandant du régiment, dans le même ordre qu’il les aura amenés.

MANDE & ordonne Sa Majesté aux Généraux de ses armées, aux Inspecteurs généraux de son Infanterie, aux Colonels, Lieutenans-colonels, & Commandans de bataillon de ses régimens d’Infanterie, tant François qu’Etrangers, & aux Capitaines qui les commanderont en leur absence, de tenir main, chacun en ce qui les concerne, à ce que les Officiers & Soldats étant à leurs ordres, se conforment avec la plus grande exactitude à tout ce qui est prescrit par la présente Ordonnance, & de ne permettre ni souffrir qu’il y soit rien changé, augmenté ou retranché, en quelque manière, & sous tel prétexte que ce soit : Faisant Sa Majesté très-expresse inhibitions & défenses aux Majors des Régimens, ou autres Officiers qui seront chargés du commandement de l’exercice, de faire exécuter aucuns temps ni mouvemens, autres que ceux qui sont ci-dessus prescrits, à peine de désobeissance, dérogeant Sa Majesté à toutes ordonnances à ce contraires. FAIT à Versailles le sept mai mil sept cens cinquante. Signé LOUIS. Et plus bas, M. P. DE VOYER D’ARGENSON.

 

Retour