Sources :
SHAT : MR-206_1 - 157
Relation de la victoire remportée le 11 mai 1745 à Fontenoy, près Tournay, par l'armée du Roi, contre celle d'Angleterre et de ses alliés (1).
La partie de l'armée du Roy camppée sur la rive gauche de l'Escaut, ayant passé cette rivière le 9 au soir, fut coucher au bivac aux environs de Notre-Dame-au-Bois.
Le 10 au matin, elle se déploya vers midy.
A 5 heures du même soir, celle des ennemis déboucha des bois en avant de Fontenoy, elle les cottoya en longeant par sa gauche.
Nous fûmes occuppés, la nuit du 10 au 11 à retrancher Antoin, où la droite de notre armée appuyait, comme aussy Fontenoy, qui soutenait notre centre.
L'on fit élever trois redouttes, qui couvraient le front qui est entre ces deux endroits.
Piémont fut placé dans Antoin, Dauphin dans Fontenoy, Crillon et Bettens appuyaient, l'un sa gauche à Fontenoy et l'autre sa droite à Antoin; un bataillon de Bettens fut laissé pour la garde des redouttes.
Le régiment du Roy, celuy d'Aubeterre et les Gardes s'étendaient par leur gauche depuis Fontenoy jusqu'à deux grandes redouttes en avant des bois de Lossegnies et Barry.
Ces redoutes étaient défendues par deux battons d'Eu; derrière elles étaient les Irlandais et derrière ceux-cy les Vaisseaux et plus loing Normandie.
Les Gardes et Aubeterre étaient soutenus par Roÿal et la Couronne.
Auvergne et Touraine formaient la gauche de l'armée qui s'étendait jusqu'à Rumignies.
La garde des retranchements qui couvraient nos ponts fut confiée à quatre batons de grenadiers royaux et à la brigade de Wittmer.
La Maison du Roy et la cavaillerie formaient plusieurs lignes derrière l'infanterie.
Ce fut dans cette position que l'armée du Roi attendit les ennemis, qui débouchèrent, le lendemain 11 à 5 heures du matin,, partie par Vezon, partie des bois de Lossegnies et Barry partie enfin de ceux, vis-à-vis la brigade de Bettens.
Les premiers mouvements que firent les ennemis nous laissèrent assez longtems incertains sur leur véritable point d'attaque.
Vers les 9 heures, ils parurent se décider sur Fontenois; ils ÿ marchèrent en colonne, et furent repousséz.
Pendant ce temps, l'élitte de leur infanterie se porta sur notre centre, avançant par batons sur huit de hauteur, lesquels, se succédant sans interval, formaient une colonne d'environ 14,000 hommes.
Les Gardes qui luy étaient opposéz, n'en attendirent pas le chocq, et se dissipèrent, Aubeterre les suivit, le régiment du Roy fut entraîné ces deux brigades se sont ralliéz, et retournèrent à la charge.
La brigade de Roÿal dont était Haynaut, et celle de la Couronne remplacèrent la première ligne qu'avaient abandonnée les Gardes, se soutinrent quelque tems et enfin furent culbutés.
Une ligne de cavaillerie succeda sans pouvoir joindre l'infanterie ennemie.
Milord Clare fit avancer deux batons irlandais, ayant à leur droitte une brigade fraîche et à sa gauche les débris d'un autre.
Ces deux batons se trouvèrent isoléz un moment après, et forcéz de quitter la partie, ils furent ralliéz à 20 pas plus loing et joints par quatre autres de la même nation, et quatre de Normandie. La moitiez de ceux-cy furent placéz à la droite des Irlandais, l'autre derrière eux.
Dans cet ordre, Mrs. de Clare et de Lovendal les menèrent a l'ennemi qu'ils chargèrent et enfoncèrent par la tête, dans le même tems que les Carabiniers l'entamaient par le flanc.
Cette charge décida de la victoire, l'ennemi ne fit plus aucune résistance et sa retraite se fit en désordre.
La partie de son armée qui occupait la plaine entre Antoin et Fontenois se retira avec beaucoup de précipitation.
Quoyqu'elle ne fut point suivie, elle abandonna son canon, qui pendant l'affaire, avait beaucoup incommodé la brigade de Bettens et la cavaillerie qui était derrière elle.
__________________
1 - Le même texte se retrouve sous la cote A2 17s - 156 avec quelques petites différences. On le retrouve également en A4 XVII avec quelques petites différences et un plan. Repris dans Colin: Les campagnes du maréchal de Saxe, vol. 3, p. 314 à 316.