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Sources :
SHAT : MR-2061 - 49
Les pièces 49, 50, 51 et 66 reprennent le même texte avec quelque petites variations dans l’orthographe. La pièce 51 reprend ce texte comme fin d'un texte beaucoup plus long sur la campagne de 1746. L’auteur est inconnu, on ne peut déterminer que son appartenance au corps de M. le Comte d’Estrées. L’orthographe et la ponctuation ont été, dans la mesure du possible, respectées.

 

 

Relation de l’affaire de Rocoux

 

 

M. le Pce Charles ayant pour objet de prendre des quartiers dans le pays de Liège dont jl avoit même déjà fait la répartition, et voulant couper à M. le Maal de Saxe toute communication avec la vile de Liège sans trop s’éloigner de Mastrihk mit le 7 8bre son armée en mouvement pour remplir ces différents objets.

Mr le Pce de Valdeck qui étoit à la rive droite du Jaar vint camper la gauche à Ance, le village qui touche aux faubourgs de Liège, et Mr le Pce Charles apuya la droite de son armée à Hautain.

La droite de ce camp étoit couverte par le village de Sling d’où il descend un ravin très profond et très large vers le Jaar.

Le centre par les villages de Liers, de Varoux et de Rocoux dont les hayes et les fossés formerent des empechements considérables.

Le front de toute la gauche étoit sans deffence depuis Raucoux jusqu’au village d’Ance où il y a plusieurs ravins et chemins creux extrêmement difficiles qui descendent a Liège et assuroient assez bien la gauche.

Pour adjouter quelques nouvelles deffence à cette portion de la ligne qui en étoit dénuée Mr le Pce de Valdek avoit fait faire 3 batteries assez étendues postées sur une hauteur respectable, elles flanquoient le village de Raucoux, une autre batterie de 10 pièces étoit a la tête des ravins du village d’Ance.

Cette position qui au premier coup d’oeil paroit assez bonne, et elle l’est en effet, eu égard au front du camp, a bien des vices dans son intérieur ; elle a beaucoup trop d’etendue, elle a peu de profondeur ; tous les derrières sont coupés par des vallons presque impraticables, ce qui donne peu de moyens à une aile de secourir l’autre, ne laisse point de place pour poster la réserve, et rend par consequent bien difficile ceux de réparer les désordres qui arrivent.

A ces desavantages il faut joindre celui d’avoir derrière soi une rivière telle que la Meuse, dont les abords sont très difficiles, et que l’on ne peut passer commodément qu’à pied, où les alliés avoient fait construire trois ponts.

M. le Maréchal de Saxe debarassé du soin de couvrir un siège, ou de se preparer les moyens de prendre une autre place, occupation qui l’avoit tenu toute la campagne dans la nécessité de ne rien entreprendre contre l’ennemi quoique depuis (deux) mois les armées eussent toujours vécu en présence, cherchoit depuis plusieurs jours les occasions de combattre, et pour s’y préparer avoit mandé à M. le Cte de Clermont de ce venir joindre avec les troupes qui avoient fait le siège de Namur ce qui fut exécuté le 9 en sorte que l’armée destinée à combattre se trouva composée de 160 bataillons et de 228 escadrons sans compter les troupes légères.

Celle des ennemis tout compris étoit de 120 bataillons et de 200 escadrons.

Quoique M. le Maréchal eut fort maltraité l’arrière garde des ennemis le 7 proche Sling ; il ne jugea pas propo de tenter une attaque à la droite des ennemis, il connoissoit trop bien les obstacles de ce coté là qui l’empechoient de les attaquer. Cette connoissance le determina d’entreprendre avec des forces reunies sur leur gauche, et sur leur centre où il résolu de faire la première attaque en même tems qu’il en form(er)oit trois autres sur les villages de Sling, de Mauroux et de Raucoux, laissant à M. de Mortagne le soin d’observer la droite des ennemis et de les contenir par sa position sur le ravin de Sling, projet d’autant plus sage que par son exécution, ce Gnal se mettoit à porté de battre entièrement l’armée ennemie sans pouvoir l’être puisqu’il auroit été impossible au Prince Charles de déboucher par sa droite et par son centre pour suivre l’armée françoise dans sa retraite. Ce Gnal pour exécuter son projet et pour avoir plus de facilité de mettre en mouvement une si nombreuse armée, la distribua en plusieurs corps.

Celuy de l’armée fut composé de 76 batons. et de 96 escons. sur deux lignes.

La réserve de 10 baons et 90 escadrons. Il y eut deux corps détaché a la gauche.

Le premier commandé par M. de Mortagne composé des volontaires royaux et d’une brigade d’infe.

Le second par M. de Clermont Gallerande composé de trois brigade d’infe et de 26 escons.

Il y en eut pareillement deux à la droite, l’un commandé par M. le Comte d’Estrées, composé de deux brigades d’infanterie, de 26 escadrons et de toutes les troupes légères à pied, et à cheval.

L’autre par S. A. S. Monseign. le comte de Clermont ayant sous luy messieurs de Lowendal et de Villeneuve composé de 19 bons et de 36 esons.

M. de Contade commandait en 4e ligne 31 batons et 16 escons ce dernier corps etoit pour renforcer au besoin les corps détachés.

Le jour fut pris au 10 pour mettre en ordre cette première disposition, en même tems que l’armée passeroit le jour.

M. le Comte d’Estrée qui étoit campé à la rive droite de cette rivière, en ordre de marcher à la pointe du jour pour se placer avec son corps détaché entre la chaussée pavée de Tongres et celle de St Trou qui conduisoient l’une et l’autre à Liège, afin d’observer les mouvements de l’ennemy et de reconnoître leurs camps pendant que le reste de l’armée passeroit ce jour.

Toute la journée du 10 1es ennemis furent dans la plus grande tranquilité, jls étoient dans la persuasion que ce corps avancé étoit pour couvrir la marche de l’armée qui s’alongeoit vers Waren, et jls restèrent dans cette erreur jusqu’a deux heures après midy, que l’armée commanca à paroitre sur dix colonnes.

Alors Mr le Comte d’Estrée suivant son instruction marcha par sa droite, et fut se placer sur le flanc gauche de l’ennemy à hauteur de Bierzay. Ce mouvement ne pu avoir son entière exécution que vers les 5 heures du soir.

M. de Baronay occupoit les hauteurs de Bierzay avec environ 3000 chevaux et de l’infe. Comme jl etoit de conséquence de s’en emparer afin de reconnoitre les débouchés pour se porter le lendemain sur le flanc de l’ennemy.

M. d’Estrées chargea M. Darmentière de tourner avec toutes les troupes légères, ce corps des ennemis, pendant que luy même feroit avancer quelques troupes sur le flanc pour obliger Monsieur de Baronay à se retirer ; ce que M. Darmentière exécuta en faisant charger par nos hussard ceux des ennemis qui se retirèrent vers leur armée le combat fut vif pendant une demie heure. Nous restames maîtres des hauteurs, et les troupes légères des ennemis s’en allerent pendant la nuit.

Il est possible de rendre compte des raisons qui engagent à un combat, et de déduire les dispositions générales d’une armée pour la veille d’une bataille mais il est bien difficile, pour ne pas dire impossible de rendre compte de la suite de ces dispositions et de parler juste des mouvements qui se sont fait depuis l’affaire commencée.

Qui pourroit en effet porter son attention à la droite à la gauche quand même le terrain seroit planimètre et dénué de tout empechement et décrire juste toutes les positions ou se trouvent les différentes sections d’une armée et qui changent à tout moment.

Puisque cele n’est pas possible, on doit se contenter de parler affirmativement de ce que l’on a vû par soi même et s’en rapporter à la bonne foi des autres sur ce que l’on n’a pas vû : c’est ce que je vai faire.

Comme mon devoir me tenoit attaché au corps que commandoit M. le Comte d’Estrées, je vai rendre compte de ce qui s’est passé à la droite ou a commencé le premier combat, et celuy qui a determiné la victoire, et je diray ensuitte sur la foy du public, ce que j’ay apris des autre attaquants.

L’armée battit la Gnale a la pointe du jour pour partir tout de suite, mais le grand brouillard ne permis pas de se mettre en mouvement avant huit heures, et de prendre d’autres connoissances des ennemis que par des espions.

Ceux qui vinrent à la droite rapportèrent que les ennemis estoient decampés. Jls avoient vû la veille défiler beaucoup d’équipages qui alloient passer la Meuse, les hussards etoient partis, c’en est assez pour donner pretexte a un espion de faire un faux raport.

M. le Maréchal mieux instruit, fut averti que les ennemi l’attendoient dans leur camp.

A l’heure marquée le corps de M. d’Estrées marcha sur trois colonnes, les troupes légères à la droite, l’infe au centre avec l’artillerie et la cave à la gauche, pour arriver de front sur la chaussée de Liège pendant que S. A. S. longeoit cette même chaussée sur 4 colonnes.

Au bout d’un quar d’heure de marche Mr Darmentière qui étoit à l’avant garde, avec un détachement de troupes légères ; manda qu’il voyoit beaucoup de troupes ; mais qu’il ne pouvoit pas juger si c’estoit toute l’armée où seulement l’arrière garde, comme ces troupes faisoient encore quelques mouvements pour se mettre en bataille, jl étoit assés difficile de l’endroit où étoit Mr Darmentière d’en juger positivement.

Jl tourna avec quelques troupes légères le village d’Ance, d’où jl découvrit toute l’aile gauche des ennemis ; ce village est séparé en deux par une petite plaine, la portion la plus près de Liège êtoit occupée par les ennemis qui en paroissoient vouloir aussy occuper l’autre.

Pour si opposer M. de St Germain si jetta avec deux brigades d’infe et le canon la cave fut mise en bataille sur deux lignes à la gauche du village, les dragons restèrent a la droite pour barer la petite plaine qui est au milieu de ce vilage, l’infe legere occupa les hayes d’Ances sur la droite des dragons.

M. d’Estrées fit avertir son Altesse Sérénissime de ce qu’il voyoit, elle arriva avec M. de Lowendal, elle vit distinctement que toute l’aile gauche étoit en bataille sur deux lignes de cave que le village d’Ance étoit remply d’infe et qu’il y avoit plusieurs bataillons (en) colonne sur le flanc gauche de l’ennemy.

I1 y avoit aussy une réserve d’infe qui formoit à 1’extremité de la gauche une 3eme ligne quelques bataillons seulement gardoient en avant du centre de la ligne de cave les trois batteries dont j’ay parlé cy dessus.

Il étoit environ dix heures.

S. A. S. jugea à propos de faire passer deux brigades d’infe dans la petite plaine qui sépare le village d’Ance d’y faire venir du gros canon et de différer le rest de la disposition jusquà ce quelle eut parlé à M. le Maréchal. On travailla tout de suite a ouvrir des communications et a placer des batteries.

6 pièces de 8 furent mise sur le prolongement de la ligne de cavalerie ennemie.

4 pièces fur les hayes du village d’Ance.

6 pièces de 16 pour battre une grosse maison ou il y avoit de l’infe.

Il estoit près d’une heure.

Toute l’armée êtoit arrivée, l’infe resta en colonne et la cave se mit en bataille. S. A. S. arriva de la division avec deux nouves briges d’infe en sorte qu’il s’en trouva huit a cette droite.

Elle ordonna au Comte d’Estrées d’attaquer le village avec 4 brigades pendant quelle le soutiendroit avec les autres, et de ne pas perdre un moment a faire la disposition. Tel en fut l’ordre.

L’infe legere de Grassin et de la Morlière - composee de 700 hommes devoit tourner le village par la droite

La brigade de Picardie ayant 8 compes de grenadiers a sa tete aux ordres de Mrs de Fiennes et de Montbarry, maux de camps fut placée en colonne a la droite ayant celle de monaco sur deux lignes a sa gauche, aux ordres de M. de Fouloray

Celle de Ségur en colone marchoit a coté de monaco et celle de Bourbon sur deux lignes fermoit la gauche. Ces deux brigades estoient aux ordres de Mr de St Germain avec quatre petites pièces legères.

A la gauche de tout il fut placé 20 pièces en deux batteries, dont l’une battoit l’infe qui êtoit sur le flanc et la cavalerie ennemye et l’autre tiroit a leurs batteries.

La premiere batterie apuyoit au ravin, elle êtoit soutenue par une brigade d’infe et la seconde devoit suivre le flanc gauche de la brigade de Bourbon

10 escons de dragons étoient en arrière de ces batteries 14 escons de cave êtoient sur la même ligne que les dragons, jls êtoient placé environ a 600 pas de la cavalerie des ennemis. Le village de Rocoux qui êtoit occupé par l’ennemy ne permettoit pas d’étendre d’avantage la cave par la gauche

M. de Rosen commandoit cette division avec ordres de charger lorsqu’il le jugeroit a propos.

M. d'armentière avec toutes les troupes légères a cheval eclairoit les derrieres et devoit suivre l’ennemy dans sa retraite. jl estoit deux heures lorsque cette disposition fut finie.

36 pièces de canon en 4 batteries commencerent à tirer. Une batterie des ennemis de 8 pièces et 2 obus qui avoient assés jncommodee la brigade de champagne et notre cavie pendant les premiers moments, fut bien tot demontée.

A la quatriemme décharge de notre canon, les troupes se mirent en mouvement dans le plus grand ordre, et marchant aux premieres haÿes d’ou la brigade de Picardie chassa les pandours nous estoins alors au bord du grand chemin pavée qui mene de St Trou a Liège.

M. d’Estrées y fit avancer la grosse artillerie et au bout de 4 décharges, l’attaque du village commenca. Picardie soutenu par Monaco, forcoit les haïhes dont on s’emparoit successivement pendant que la brigade de Ségur marchoit en colonne, sur le front du village soutenue par celle de bourbon, ce moment fut fort vif, et sans aucun desordre on s’empara a la fois de toutes les premières hayes.

L’infe ennemie qui bordoit le ravin ne pouvant soutenir nôtre feu se retira dans la plaine et abandonna six pièces de canon.

La cavie hollandoise, fit alors un mouvement audacieux : mais d’ou elle ne pouvoit tirer aucun avantage, environ 10 escons en colonne sur deux lignes, vinrent prendre la place de l’infe et voulurent attaquer le regt de Beaujollois qui franchissoit les haÿes, et qui n’étoit pas encore tout a fait formé.

Lorsque les soldats eurent repris leurs rangs, ce bataillon marcha la cavie dont une partie commencoit a passer le ravin, la décharge fut faite a propos et la cav1e culbuttée, elle se rallia et voulu revenir a la charge ; mais le Cher de Pons ayant fait avancer un baton de Bourbon et border le ravin, la cavie fut attendue avec une entière confiance jusqu’à douze pas, ou elle fut saluée de façon a ne plus revenir.

Pendant ce tems la les brigades de Picardie, monaco, segur, achevoient de forcer les haÿes et un moment après toute l’infe se montra border le ravin.

La cavie avant ce moment auroit tenté inutilement de charger celle des hollandois qui avoit a son front un chemin creux, qui n’avoit pû être reconnu avant l’attaque et qui empechoit M. de Rosen de passer.

Elle recu ordre de s’avancer en defilant par 4 pour déborder sous le feu de notre infie.

Pendant ce tems a la droite de tout, quelques batons êtoient sorti des haÿes, cette marche trop audacieuse rendit le mouvement critique ; car la cavie ennemie s’estoit raliée de même qu’un gros corps d’infie'. qui s’avanca pour rattaquer le village. Ce corps repoussa d’abord les bataillons jusqu’aux hayes, jls firent ce mouvement sans desordre seulement pour se mettre sous la protection de trois bataillons qui flanquoient si bien cette ligne, que l’infie ennemie ne pouvant soutenir le feû de front et de flanc, se retira et ne reparu plus.

Pendant ce tems la, le canon étoit arrivé et avoit continuellement tiré fur la cavie qui fut obligée de quitter la place.

Ces attaques et le feu du canon, ayant forcé les troupes de l’aile gauche de l’ennemie de s’eloigner, de plus de 600 pas des hayes, on profita de ce moment pour avancer le canon et faire deboucher 8 batons a 200 pas dans la plaine sans quitter le point d’appuis que nous avions a nôtre droite, dont l’infe legere couvrait le flanc.

On forma en même tems une seconde ligne dans les haÿes pendant que la brigade de Rosen sse mis en bataille, a la gauche de la première ligne. L’artillerie eloigna l’ennemy qui fut obligé de ceder la place.

La première ligne se avanca 100 pas et la seconde ligne passa la haÿe, ayant a sa gauche la brigade de St Jal.

Pendant ces differents mouvement de la droite, Mr le Maréchal avoit disposé au centre trois colonnes pour attaquer les villages de Liers, de Varoux et de Rocoux.

Mr de Clermont Gallerande, avec les brigades de Mailly, Bretagne et Artois, devoit attaquer Liers.

M. Derouville, avec les brigades de Montmorin, Navarre, Roÿal et Auvergne, le village de Varoux.

M. De Maubourg avec les brigades d’Orleans, Beauvoisy, Rouergue les Vaisseaux, celuy de Rocoux.

Quoique les dispositionqs furent faites depuis longtemps l’attaque qui devoit commencer par la gauche, au village de Liers fut differée pendant plus de deux heures, ce retardement et la connoissance que M. le Maréchal avoit que ces villages estoient garnis d’une nombreuse infe le determinèrent a diriger ces trois colonnes sur les deux villages de Rocoux et de Varoux.

Cette précaution ne fut pas jnutile, les ennemis qui s’estoient retranchées dans les haÿes firent une si vigoureuse résistance que quelques batons hesitèrent un moment, avant que de pouvoir emporter ces villages.

Pendant que je derobe au public la connoissance de milles action de valeurs, qui se passerent dans ces differents combats, faute de pouvoir les d’ecrire avec la vérité, et l’eloge que merite en cette journee notr infe, et tous les officiers gnaux et particuliers je reviens a ce qui s’est passé sous mes yeux a la droite.

Le desordre qui avoit continué pendant longtems commençoit de se rétablir. La cavie ennemie s’étoit remis en bataille sur plusieurs lignes le long de la chaussée de tongres, ayant a sa droite les batteries et environ 4 bataillons.

L’artillerie devenoit inutile, par le trop grand eloignement, ainsy l’attaque de la droite ne subsistoit plus.

[ M. d’Estrées proposa de se avancer pour donner aux troupes de S A. S. un terrain suffisant pour former derrière luy une troisieme, et quatrieme ligne et de placer en même tems de la cavie a la gauche : disposition qui auroit favorisée la marche de notre artillerie et imposé a l’ennemy en se resserant de plus en plus par son flanc.

Mais S. A. S. en ordonna autrement.

Apparament que les attaques de Rocoux et de Varoux dont elle n’avoit pas de nouvelles, la determinèrent a prendre ce party, jl estoi quatre heures. ] (1)

Pour [ en ] (2) soutenir une [ espèce d’attaque ] (2) [ aparance ] (3) sur le flan gauche de l’ennemy et le tenir toujours en inquietude Mr d’armentière se avanca avec partie des troupes legeres, très proche de la ligne des ennemis, dont la contenance êtoit mal assurée elles escarmoucherent longtemps ; mais quelques pelotons d’infe ayant obligé nos hussars de se retirer, la cavie ennemie fit quelques pas en avant.

C’étoit le moment ou les villages de varoux et de rocoux venoient d’être forcés, les soldats honteux d’avoir hésittés un seul moment en présence de leur Gnal et assurés par sa contenance tranquille et audacieuse au milieu du feu, firent les derniers efforts pour emporter ces villages. jls passerent au fil de l’épée la plus grande partie des troupes qui y estoient, et firent grand nombre de prisonniers. Ce coup de main conduisoit a une victoire la plus compette, si la journée n’eut pas été s’y avancée. jl estoit près de cinq heures. Ce fut le moment ou M. le Maal a la tête de cavalerie de l’aile droite monta dans le camp de l’ennemy.

Le village de Liers qui n’avoit point ete attaque aussy promptement que M. le Maal le desiroit fut abandonné par l’ennemy qui se voyoit tourné. jl en retira la plus grande partie de son infe et ne laissa que quelques piquets qui furent attaqués et emportés par 10 batons aux ordres de M. le Ch De Belisle.

M. Ie Maal avoit alors sa droite a hauteur de Varems et remplissoit tout le terrain du camp marchant sur le flanc de l’ennemy qu’il suivit jusque sur les hauteurs qui font entre les vilage de Liers et de Milmont.

Pendant ce tems la le Comte d’Estrées longeait vers les hauteurs de la Meuse, laissant Votems a sa gauche pour tacher de couper à l’ennemy la communication avec ses ponts. Jl fut averty par ses detachements que l’artillerie hollandoise se retiroit par ce vilage avec une legere escorte, elle fut attaquée par les hussars, les Grassins et la Morlière qui la mirent en fuite, on prit dans ce village et le long de la Meuse 22 pièces de canons, ou obus, et plus de 60 chariots d’artillerie avec les atelages.

Une journée si heureusement commencée, donnoit de grande espérances, lorsque la nuit vint mettre des bornes a la victoire. La confusion et le desordre êtoit dans l’armée, elle estoit separée en deux et sans communications. Une grande partie faisoit retraite vers le camp de St Pierre sous Mastrik, l’autre par les trois ponts etablis ? vises ? ou l’on auroit tue ou noye tout ce qui n’auroit pas pu passer.

Quoique cette bataille n’ait pas ête aussy complete quelle pouvoit l’être, si notre cavie eut chargée, on peut la regarder comme très considérable. Les ennemis ayant laissée sur le champ de bataille quatre a 5000 morts, plus de 3000 prisonniers sans compter les blesses dont on ne peut scavoir le nombre. De notre coté, nous avons eû environ 2800 hes tués ou blessés.

Jamais l’infe françoise n’a esté plus brillante qu’en cette journée.

Les rgts qui ont attaque a la droite et ont malgré le grand feû toujours marchés, et combattù dans le plus grand ordre et de facon à faire honneur aux offers gnaux, et particuliers qui les ont commandés les premiers ont toujours marchés a la tête des colonnes.

Les brigadiers et colonels ont attaqué avec la plus grande valeur, faisant en mème tems le devoir de capne et de foldats.

Tous les officiers particuliers ont suivis de tels exemples avec la plus grande valeur et distinction.

Le petit desordre qu’il y a eu vers le centre aux attaques des villages de Varoux et de Rocoux n’a servy qu’a rendre cette attaque plus glorieuse. Jl ya plus de mérite a forcer un poste après l’avoir un peu taté que de l’enlever dès la première fois puisque c’est donner plusieurs combats au lieu d’un et montrer une constance et une valeur a tout epreuve.

On doit juger des efforts qu’il a fallû faire pour forcer 12 batons anglais, hanovriens et hessois, l’elite de l’infanterie des alliés, postés et retranches dans des villages a la tête de leur ligne, et protége par une nombreuse artillerie. Une pareille valeur merite le plus grand éloge.

Nous avons pris plusieurs etendards 11 drapeaux, celuy de l’artillerie hollandoise, 50 pièces de canon.

C'est assez bien finir la plus glorieuse campagne que jamais armée françoise ait fait.

 

 

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1 - Pièces 49 et 66 seulement.

2 - Pièce 66 uniquement.

3 - Ne figure pas dans la pièce 66.

 

 

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