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SHAT - A4 XVII
Journal du siège de Nieuport
Le 30 août 1745, l’investissement de la ville étant fait, on commanda quatre compagnies de grenadiers et deux piquets, conduits par M. d’Aymé, ingénieur, pour faire un retranchement de 50 toises de longueur à coté de la maison de (mot manquant), à 500 toises de la place, pour placer quatre compagnies de grenadiers afin d’assurer la reconnaissance de la place que les ingénieurs firent le trente et un.
Le même soir la tranchée fut ouverte, du centre de ce retranchement par une communication de 300 toises de longueur allant à la droite de la place et sur l’inondation de la droite. La demie brigade de Thierry fit cette besogne.
Le 1er septembre, M. Chevalier, avec la demi brigade précédente, forma la parallèle embrassant tout le terrain entre les deux inondations et une communication en arrière de 200 toises de longueur depuis le retranchement. Les ennemis n’ont tiré pendant la nuit qu’une cinquantaine de bombes, quelques coups de canon et huit pots a feu ; il y eu un grenadier royal blessé à la pointe du jour. Le travail de la nuit a été occupé par 6 compagnies de grenadiers aux ordres de MM. le Comte de la Marck, maréchal de camp, de Laval, brigadier, et de la Sarre, lieutenant colonel.
On a établit dans cette nuit une batterie de 8 mortiers dans les dunes pour battre le fort de Virvouët, placé sur le bord du chenal pour en défendre le passage.
Le 2 septembre, cette batterie a commencé à tirer sur le Virvouët. On a établi au même endroit une batterie de 4 pièces de canon qui tirera demain sur le même fort. La tranchée a été relevée sur les deux heures après midi par 6 autres compagnies de grenadiers et dix des royaux aux ordres de M. de Contades, maréchal de camp, de Richecourt, brigadier, et de la Morlière, lieutenant colonel. La nuit du 1er au 2e, M. des Noyer, brigadier d’ingénieur, avec la demie brigade, déboucha du milieu de la parallèle par un boyau de la même forme que le précédent, appuyé de même sur l’inondation de la droite, d’où, marchant sur sa gauche, il a formé la seconde parallèle, de la longueur de 150 toises, et distante de la place de 80 toises. Les ennemis, qui ont fait un feu considérable pendant la journée du premier, n’ont tiré la nuit que quelques coups de canons et une douzaine de bombes et autant de pots à feu qui n’ont blessé personne. Leur feu d’artillerie recommença le 2 au matin avec beaucoup de vivacité. Ils n’ont environ que 20 pièces de canon sur le front de l’attaque et 4 mortiers ; ils ont dans le fort de Virvouët 5 pièces de canon et quelques mousquets de rempart. On a marché aussi par une tranchée sur le fort de Virvouët, conduite par M. Gourdon Denezi ; elle est gardée par deux compagnies de grenadiers et 4 piquets. Nous n’avons eu dans les 24 heures qu’un soldat tué et six de blessés.
La nuit du 3 au 4, les ingénieurs ont fait travailler à deux épaulements, (l’un) pour servir de communication par le centre de la première et de la seconde parallèle, l’autre pour servir de traversée. Les deux ouvrages ne consistent qu’en 40 toises de longueur. Le reste de la nuit a été employé à réparer l’ouvrage de la nuit précédente. On a ajouté aux deux batteries auxquelles on travaillait hier, deux autres batteries, dont l’une est placée à la gauche de la première parallèle, de deux pièces de canon, et à la droite de la 2e parallèle une de dix pièces de canons.
La même nuit, on a commandé 250 travailleurs conduit par M. d’Aymé, ingénieur, pour continuer la tranchée du Virvouët, mais comme l’on s’aperçu que les ennemis avaient retiré une grande partie de leur monde de ce fort, on résolu de s’en emparer. Pour cet effet, M. d’Erlac, colonel commandant la tranchée, et M. d’Aymé, ingénieur, marchèrent à la tête de trois compagnies de grenadiers et trois piquets et entrèrent dans le chemin couvert de ce fort. Les ennemis, qui n’étaient que 15 hommes, l’ayant abandonné, on l’approcha de nos grenadiers. Nous nous sommes logé dans ce chemin couvert et l’on a fait une communication du débouché de la tranchée à ce chemin couvert de 120 toises de longueur. Les ennemis sont revenu deux fois pour faire feu sur nous et, quoiqu’il ait été assez vif, il ne nous ont tué ni blessé personne. Pendant la journée, nous avons eu deux hommes tués du canon. Nous avons trouvé dans le fort de Virvouët 5 pièces ce canon de 4 livres de balle, dont deux de fonte et trois de fer, 5 gros mousquets de rempart et beaucoup de poudre. On a pris un soldat prisonnier qui a été moins diligent à se retirer que les autres.
La nuit du 4 au cinq, M. de Biscours, brigadier d’ingénieur, monta la tranchée au Virvouët avec sa demie brigade, de laquelle il détacha deux ingénieurs pour l’attaque de la ville, pour entretenir seulement la tranchée. Il fit une sape à travers tout, en continuation de celle qui avait été commencée le jour le long de la digue joignant le chemin couvert du Virvouët, de 90 toises de longueur qu’il termina à 15 toises au-delà de la tour du fanal.
Le 5 au matin, les ennemis, croyant que notre tranchée approchait de l’écluse et que notre artillerie était prête à tirer sur la place, craignant surtout que la nuit ensuite nous ne nous emparions de l’écluse à l’attaque du Virvouët, arborèrent le drapeau sur cette écluse. La capitulation a été signé le soir aux conditions d’être prisonniers de guerre. Le 6, nos troupes prirent poste à une porte et la garnison doit évacuer la place 4 jours après la capitulation.
Nous avons eu dans ces derniers jours 3 soldats tués et 5 de blessés. M. de Chaumont, ingénieur, et M. de Carriere, officier de Royal Artillerie, ont été blessés. Nous avons eu environs 50 hommes tant tué que blessés dans ce siège.