Lettre sur la bataille de Fontenoy.
Sous Tournai, 11 mai
Ma chère soeur, sur les avis que le Roi eut de Douai, le lendemain de notre départ, que le duc de Cumberland voulait secourir Tournay, le Roi a fait passer l'Escaut à toute son armée, à l'exception de vingt bataillons pour la tranchée et la cavalerie. nous avons commencé à voir son armée dès dimanche. Ils débouchèrent hier dans la plaine vis-à-vis de nous et aujourd'hui la canonnade a commencé à 4 h. 1/2. La bataille a commencé à 10 heures. Les commencements ont été critiques, mais la Maison du Roi, qui était en réserve et que l'on a fait venir, a décidé de l'affaire totalement. La victoire est complète; nous avons des drapeaux et environ vingt pièces de canon à nos ennemis. Nous couchons sur le champ de bataille. Le Roi y était en présence, et M. le Dauphin auquel le roi m'a attaché fixe pour la campagne; c'est une belle commission en pareil cas; il se porte bien ainsi que le Roi. On ne peut pas montrer plus de présence d'esprit ni plus de bravoure que l'un et l'autre en ont montré. C'est un grand jour pour la France. Je ne me suis pas déshabillé depuis que je suis arrivé à Raismes; je me porte à merveille.
Adieu ma chère soeur, faites passer ma lettre à Mme Le Nain et Mme de Blanc; je n'ai pas le temps d'en dire davantage.
Saumery est blessé à mort.
Le chevalier de Champinel, une balle dans le genou.
Le duc de Gramont tué.
Du brocard tué. Je vous dirai le reste.
Source :
Archives de la guerre : A2-17s - 143
Repris dans Colin : Les campagnes du maréchal de Saxe, vol. 3, p. 235.