Lettre sur la bataille de Fontenoy.
Du camp de Fontenoy, 11 mai.
La bataille a été des plus sanglantes et indécise pendant quelque temps, les Gardes françaises ayant plié et rompu la cavalerie dans leur fuite. M. de Richelieu a rétabli le tout en se mettant à la tête de la Maison du Roi et y a fait des prodiges, ce qui a donné le temps à nos troupes étonnées de se rallier. M. le duc de Biron y a eu cinq chevaux tués sous lui; il s'y est pareillement distingué. Son régiment y a fait des merveilles ainsi que celui du Dauphin, mais ils sont l'un et l'autre presque totalement détruits.
Le Roi s'est montré partout et a témoigné autant de courage dans l'adversité que de modestie dans la prospérité. Cette affaire nous a coûté beaucoup de monde et surtout une quantité infinie d'officiers. Les ennemis ont laissé 5,000 à 6,000 hommes sur le champ de bataille dont nous sommes restés les maîtres, ainsi que de 31 pièces de canon. M. le Dauphin a accompagné le Roi partout avec beaucoup d'intrépidité. Le duc de Grammont a été tué dès la seconde décharge du canon des ennemis. M. de Suzi, des gardes du corps, tué; M. de Clisson, capitaine aux gardes, tué; M. de Lutteaux, blessé; M. le duc d'Havré, blessé légèrement; le chevalier d'Apcher, dangereusement; M. le comte de Bavière de même; M. de Langeais, blessé légèrement; M. Delaperre, le bras droit; M. de Champinel, blessé légèrement; M. de Refuge blessé au pied; M. de Lambilly blessé au bas-ventre d'un coup de feu. Il y a encore un grand nombre d'officiers tués ou blessés dont on attend le détail.
Sources :
Archives de la guerre A2-17s - 139
Repris dans Colin : Les campagnes du maréchal de Saxe, vol. 3, p. 235-236.