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Bataille de Fontenoy

11. May 1745.

Extrait de la relation de la bataille de Fontenoy, envoyée par M. le Mal. de Saxe.

 

M. le Mal. ennuyé de ces incertitudes, rallia lui même l'Infanterie qui avoit d'abord plié et qui revint à la charge. Il la joignit à la Brigade Irlandoise qui s'etoit déjà formée devant l'ennemi sous les ordres de Milord Clare. Il fit avancer aussi le régiment de Normandie et celui des vaisseaux, ce dernier avoit soutenu longtemps le feu de l'ennemi, et s'etoit toujours rallié avec une vigueur singuliere. M. de Lowendal qui etoit venu de la gauche où il n'y avoit point d'ennemis, et M. Berenger qui commandoit la Brigade de Normandie, se joignirent à Milord Clare, et le tout se porta sur l'ennemi par son flanc droit pendant que la Maison du Roy, la Gendarmerie et les Carabiniers conduits par M. le duc de Richelieu foncoient l'epée à la main sur le centre ou les 4 pieces de canon, mises en reserve et qu'on avoit pointé dessus avoient déja jetté l'epouvante. Dès que les troupes de la droite vers fontenoy virent celles de la gauche en mouvement, elles s'ebranlent aussi de leur coté, et dans un instant l'ennemi fut enfoncé et culbuté abandonnant le champ de bataille et une partie de son canon.

 

Nota.

Il est à regretter que cette relation ne rende pas à M. le Mal. de Richelieu toute la justice qui est due à sa manoeuvre, à son coup d'oeil, à son courage et à sa constance. Le Roy fut plus équitable à son égard, ainsi qu'un nombre d'officiers généraux et particuliers qui furent témoins oculaire, et qui agirent par son impulsion. On scait avec certitude qu'au moment ou l'affaire etoit si desesperée, que l'on sollicitoit le Roy de se retirer et de passer l'Escaut M. de Richelieu voyant avec plus de sens froid,et ne jugeant pas que l'affaire fut sans ressource, courut aux pieds du Roy, et conjura S. M. non seulement de ne point abandonner le champ de bataille, mais aussi de lui permettre de faire, de concert avec quelques officiers généraux aussi illustres par leur naaissance que recommandables par leur zele et leur valeur, un dernier effort. Le Roy ne ceda qu'après des instances repetées de sa part et avec feu. Ce fut alors que la Maison du Roy, la Gendarmerie et les carabiniers conduits par lui, ainsi qu'il est rapporté dans la relation, firent une charge si vigoureuse que les ennemis furent enfoncés et entierement renversés et, par leur fuite, la journée devint aussi glorieuse qu'elle eut été funeste aux armees du Roy si M. de Richelieu n'eut rétabli par sa manoeuvre, son audace et son exemple une bataille qu'on regardoit comme perdue.

 

 

 

De la main de M. de Vault - Remis a M. le Mal. de Richelieu - 1789.

Sources :
SHAT : A1-3084  -  173bis

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