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Relation de la bataille du 2^e juillet 1747 nommée bataille de Laefeld
(cette relation a été envoyée a M^r le Resident de France a Genéve, par M le M^al de Coigny.)

Le 2^e Sa Majesté se rendit a quatre heure du matin, sur les hauteurs d’Elderen, ou l’jnfanterie fut placée, la gauche bordant les plateaux, la droite s’etendoit jusques a village de Rems, ou le corps de M. le Comte de Clermont avoit pris poste la veille.

La cavalerie fut mise en bataille sur deux lignes dans la plaine, en avant de l’jnfanterie, et au dessous du village d’Heren, a la hauteur du quel elle appuyoit sa gauche, faisant face au village de Viltingue, et a la grande commanderie, ou M^r de Bathiani avoit son quartier, la droite s’etendant jusques sur le village de Montenaker, dans le quel M^r le Comte de Clermont avoit posté une brigade d’jnfanterie.

La Maison du Roy, la Gendarmerie, les Carabiniers, et les Gardes Francoises furent mis en reserve, ce corps appuyantsa gauche a Elderen.

Sa Majesté notant que les ennemis s’etoient renforcés a leur gauche, fit marcher quelques brigades d’jnfanterie, et de cavalerie pour renforcer le corps de M^r le Comte de Clermont, ce Prince se mit en marche jmmediatement apres, pour aller attaquer le village de Laefeld, tandis que M^r le Comte d’Etrée avec sa reserve s’avancoit sur le village de Hiltre, pour tacher de déborder la gauche de l’ennemy, l’affaire commençait a dix heures du matin, par l’attaque du village de Laëfeld, occupé par les troupes angloises, hanovriennes, hessoises, et quelques regiments hollandois, M^r le Comte de Clermont a la tete des brigades de Monaco, Ségur, Bourbon, et La fere, l’attaquat avec tant de vigueur qu’jl forçait les ennemis de l’abandonner, mais comme jls le soutenoient en colonne, jls le r’attaquerent, et en chasserent nos troupes, qui se retirerent cependant en tres bon ordre, M^r le M^al qui s’étoit porté a cette attaque, voiant la force du poste, et les dispositions des ennemis, fit avancer les brigades de Bethen, et de Monin, qui furent également repoussées, le M^al les fit alors soutenir par les Jrlandois, et la brigade de Roial Vaisseaux ; ces troupes firent une nouvelle attaque, et s’emparerent d’vne partie de ce village, les ennemis qui sentoient l’jmportance de ce poste, changerent leurs dispositions, et firent marcher toute la gauche de leur jnfanterie en colonne, pour attaquer ce village, sur ce mouvement le M^al ordonnat aux brigades de La tour du Pin, du Roy, et d’Orleans, de se porter sur le flanc droit de cette colonne, qu’elles attaquerent avec tant de valeur, qu’elle fut entierement culbutêe, et le village emporté ; la cavalerie qui etoit en bataille derriere l’jnfanterie, qui attaquoit, s’avançait en meme tems, et chargeât non seulement cette colonne des ennemis deja en désordre, mais encore vn corps de cavalerie qui s’étoit avancé pour la soutenir, le desordre gagnait bientost tout le reste de leur armée, qui etoit sur deux lignes de cavalerie, et d’jnfanterie, a hauteur du village de Westuezel, les Carabiniers que le M^al avoit fait avancer, firent vne nouvelle decharge, et acheverent la déroute, en meme tems le comte d’Etrées qui avoit chassé les ennemis du village de Witre, chargait de son coté la cavalerie ennemie qui fuioit, et la chassaît jusques a Mastrik ;

L’attaque du village est vne des plus vives actions d’jnfanterie qu’on ait encore veü, les troupes y montré vne valeur, et vne discipline jncroiable, les brigades de Roial, des Cravates, de Berry, d’Anjou, les Carabiniers, et Roial Rouffillon, ont enfoncé par tout les escadrons des ennemis, d’ont on estime la perte a plus de huit mille hommes, on leur a fait vn grand nombre de prisonniers, parmy les quels le genéral Ligonnier, Millord Fuweton, le general major des Heffois, et plusieurs autres officiers de marque, on a pris beaucoup detendarts, de timbales, et 20 pieces de canon.

Lorsque l’action fut finie a la gauche des ennemis, le Roy ordonnast de nouvelles dispositions pour attaquer le corps des Autrichiens, commandés par M^r de Bathiani qui etoit resté en panne, pendant toute l’action, la droite a la grande commanderie, la gauche au village de Rosmael.

Nos troupes deboucherent, scavoir les corps de M^r le Comte de Clermont, et du Comte d’Etrée, et celuy de M^r de Tonerre, par la droite, entre les villages de Loefels, et de Montpertin, tandis que le reste de l’jnfanterie marchoit en bataille, et de front aux ennemis, entre le village de Grosbawe, et celuy de Rosmael, mais M^r de Bathiani qui avoit commencé sa retraite, lors qu’jl vit que le village de Loefels etoit forcé, n’etant plus a porté d’etre attaqué, le Roy qui s’étoit porté en personne a la tete des trouppes, ordonnâst des detachements pour les suivre, aux ordres des deux Clermonts, Tonerre et Gallerande, qui firent encore beaucoup de prisonniers, le Roy vint coucher le meme soir a la grande commanderie, ou Sa Majesté a pris son quartier.

Etat des principaux officiers tuez, et blessez.

M^rs
Le Comte de Baviere, tué
Bellefort colonel de cavalerie tué,
De Cernay, bras cassé, et coupé
D’Autrechamp mort de Ses blessures
De Segur fils bras caffé et coupé
D’Aubeterre bleffé
De Guerchy bleffe a la main d’vn coup de fusil
De Créquy commandant des Carabiniers blessé
De Lautrec vn coup de fusil dans la main
De Froulay le bras caffé
De la Valette commandant des Carabiniers blessé dangeureusement
De Joyeuse blessé d’vn coup de bayonette dans le ventre
De Bonnac la jambe cassée, et coupée

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