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Source :
SHAT - Archives du génie, article 15, section 1, §4, carton 2, pièce 6

 

Lettre de Monsieur le Maréchal de Saxe à ( ?)

Après nous estre rendus maistres des chateaux de Namur, il ne nous restoit plus rien afaire cette campagne, et on ne donne gueres une bataille pour leplaifir de la donner. Mais comme les ennemis fetoint mis a cheval fur le Jãar, jay ete tenté de les attaquer dans lesperance de detruire la partie gauche que je pouvois tourner.

Je me fuis fais joindre a cet effet par les trouppes du fiege qui font venües fe placer a ma droitte. Lapofition des ennemis etoit bonne par la nature du païs, tant que les trouppes ne m’avoint pas joint. Un grand ravin qui va jusqu'à Villers ft fimon couvroit la gauche et les debouchés que j’avois devant mon camp entre Tongres et Bilfen etoint tres difficilles ; ainsy il me falloit les trouppes de fiege pour tourner et attaquer la gauche des ennemis.

La veille que les trouppes du fiege m’ont joint, M. le Prince Charles a fais pafser le Jaar a fa droitte et a etendu fa gauche jusqu'à Liege au faux bourg de fte Valburge ou il y a un grand ravin tres profond ; enprenant cette pofition jay fais fortir de mon camp quelques brigades avec un nombre d’artillerie avec laquelle jay cannoné fon arriere garde a la droitte et a la gauche du Jaar, et les ennemis ont perdu dans cette affaire environ douze cents hommes.

Le lendemain, qui etois le neuf, jay changé ma position et jay mis ma gauche a Tongres et ma droitte a Aurelle.

M. le comte de Clermont Prince m’a joint ce jour la avec les trouppes du fiege et a appuyé fa gauche a ma droitte en longeant le Jaar.

Le 10 jay pafé le Jaar avec touttes les trouppes et jay appuyé ma gauche a Gland qui et fur le Jaar et ma droitte a Orion ; les ennemis avoint leur droitte a Hautain et leur gauche au faux bourg fte Valburge, Liege derriere eux fans rien entre nous. Cest de ces deux pofitions quil faut partir.

Il paroit fingulier que M le Prince Charles fe foit commis a une bataille fur la fin d’une campagne et que je me fois hazardé de gayeté de cœur a la donner, mais fa pofition m’y jnsitoit et j’esperois de detruire cette armée, n’ayant nulle retraitte entre le jaar et la Meufe que le camp des Romains, a l’extremitte du Mont ft Pierre et qui a peine peut contenir douze mil hommes.

Voilà la raifon qui m’a determinée a attaquer M. le Prince Charles et j’aurois remply, fi par un hazard qui n’a point d’exemple, l’attaque eut commencé a mydy, comme cela fe pouvoit car dés les onze heures nous etions en prefence, a portée du canon qui tiroit fans cefe depars et d’autre

L’attaque n’a commencé fur ma droitte qu’a trois heures par le faux bourg de fte Valburge et a la gauche de mon centre un moment après, laffaire n’a point balancé. Le faux bourg de fte Valburge ou etoint les Pandours et le Bavarrois a éte emporté par le corps du compte Destrées, la hauteur endecas par M. le comte de Clermont Prince et par Loewendal : et le comte Destres fallongeant par le faux bourg apris les Hollandois a dos, pendant que M. le comte de Clermont et Loewendal (que J’avois renforcé de trois brigades d’jnfanterie de ma feconde referve commandée par M. de Contades) les attaquois en flanc.

Dans ce temps la javois fais attaquer les villages de Roccou et de Varou qui etoint au centre par les brigades de (… manquant …)

Ces villages etoint oceupés par douze bataillons anglois hefsois et hanovriens foutenus des meme nations, et vous fcaves que c’est La meilleure quils ayent, cependant les villages ont ete emportes dans une demie heure et notre jnfanterie f’y est comportee avec une vigueur que je ne fcaurois depeindre, et dont je lavoüe jenay point vu d’exemple, nous avons perdu a l’attaque de ce village qui etoit retranché et lardé d’artillerie qui estoit chargée a cartouche.

Pendant ce temps la je coullay avec toutte la droitte de l’jnfanterie tout le long du village de Roccou pour tourner une grande redoutte que les ennemis avoint fur leur front ou ils avoint du gros canon qui nous jncomodois et étois un obstacle ala jonction de mes trouppes avec celles de ma droitte.

M. de Loewendal qui étoit deja fur la hautteur dans le champ de bataille des ennemis, jugea de ce que je voullois faire et donna un coup de collier de maniere que nous nous joignimes ensemble derriere la redoutte.

Les ennemis fe voyant pris en flanc par un fi grand nombre de trouppes, ne fongerent plus a tenir. La deroutte fut generalle a leur gauche et entraina leur droitte ;

Je navois pas pu faire agir la cavallerie de ma droitte par ce quil y avoit un grand ravin qui couppoit le terrain fur le front de la gauche des ennemis et je fus obligé de la faire marcher en laifsant la redoutte a droitte pour la portee fur la hauteur d’ou nous avons pour fuivy les ennemis jusques fur le Mont ft Pierre ou la nuit nous a pris, leur droitte fest retirée au camp des Romains, mais toutte leur gauche et le centre f’est fauvée par le bas le long de la Meufe, et fi nous avions eu deux heures de plus, peu de ces trouppes nous auroint échappé.

Je ne vous parleray pas de la droitte des ennemis qui n’a point combattu elle étoit couverte du grand ravin de Villers ft fimon, je l’ay fais amusee par le corps de M. de Mortagne et par celuy de M. le marquis de Clermont Gallerande pour quelle ne fe portat pas fur le centre.

Les eennemis ont perdu autant que jay pu en juger par le nombre des morts 5 a 6000 hommes nous leur avons fait environ 3000 prifoniers, nous leur avons aufsi enlevé 50 et plus de pieces de canon et une douzaine de drapeaux.

Notre perte va a 1500 tués et environ 800 de blefsés.

 

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