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Source :
SHAT - 1M 1795, Etats de situation et d’emplacement des troupes, itinéraires et règlements relatifs à la campagne de 1747, p. 63-67
 

Relation de la bataille de Lawfeldt
2 juillet 1747

 

Sur le mouvement que firent les ennemis partant du camp de Drin pour se porter vers Mastricht, le Mal de Saxe prit le partie de faire avancer les corps de Mrs de St Germain et de Clermont Tonnairre, et de Senneterre entre Berchlou et Tongres, ou etoit desja les corps de Mgr le comte de Clermont et celuy de M. le Cte d'Estrées ; il fit pareillement marcher le 29 a minuit le gros de larmée campée fous Louvain afin de rafsembler touttes les forces dans les environs de Tongres ou l'ennemi fembloit se porter, pour y attaquer les corps aux ordres de Mgr le Cte de Clermont et de Mr le comte d'Estrées.

Le marechal de Saxe partit de Louvain quatre h. avant l'armée et fut a Tongres sans arretter pour y faire ses dispofitions en attendant larrivé des troupes.

Le Roy partit le 20 au matin de labbaye du Parc a la tete de fa Maison, fuivie de la gendarmerie, des Carabiniers, de la brigade des Garde, des gardes du Colonel General Dragon et de la compagnie de Ficher, et ne saretta que quelques heures en chemains et marcha tous de suitte a Tongres.

Le 30 le ml de Saxe partit et 19 baon au Tongreberg fur les hauteurs qui masquent Tongres et le lendemain il fe porta sur celle dela justice de Tongres d'ou il appercu un corps campé a la grande Commandery avec des troupes de cavalre en bataille en avant du camp.

Ne jugant pas a propos que lennemie y fut en forces il fit marcher le corps de Mr le Cte d'Estrées et celuy de Mgr le Cte de Clermont, Seluy de Mr de Sennetairre dans le defsein de les attaquer

Jl se porta en consequence avec fes trois corps rafsemblées fur les hauteurs Derderaine ou il fut longtemps en doutte fil attaqueroit serieufement les troupes qui etoit en bataille a un quart de lieüë deluy entre le village de Grostepauve et celuy de Viltingen ; ce pendant jl ordonna a fes troupes legeres de tatter, celles des ennemis. Leurs contenance et le camp qui reste tendu au près de la grande Commanderie decida le Ml a nerien entreprendre ce jour la

On party puis il envoya Mr le Cte de Coigny, Lt Gl, et Mr de Cremille, Ml Gl de logis de larmée, vois le roy pour fcavoir deluy sil vouloit donner bataille aux ennemis qui paroissoient dispofés a la recevoir ; fa Majesté qui etoit desja a moitié chemain de Tongres a Herderen a la tete de fa Maison, venant joindre le Ml fur le bruit de la mousqueterie quelle avoit entendu, ne balanca pas un jnstant a donner a Mr le Comte de Coigny et de Cremilles daller mettre en mouvement le reste de larmée qui venoit derriere entre Tongres et Borchloo et den diriger la marche sur Herderenne, ou etoit resté le marechal et ou fa Majesté alloit se rendre.

La marche longue et penible de larmée, puisquelle venoit de Louvain à tongres pour jnsidre sans sarreter, n'empecha pas les troupes de faire encore deux lieues le meme jour, et enfin touttes larmée fe trouva rafsemblées et en bataille le per juillet vers les dix heures exepté douze baon que le marechal avoit laifsé a Tongres avec 50 pieces de canons aux ordres de Mr de St Germain

Le Roy monta le lendemain a cheval au point du jour et vint joindre le marechal de Saxe fur le champ de bataille qui entrevoit de faire la disposition qui fuit.

Le gauche de l'jnfanterie etoit a Herderen, et ce village etoit farcy d'jnfanterie ; la droite setendoit jusqu'au corps de Mr le Comte de Clermont qui etoit a hauteur de Remst et le corps de Mr le Comte d'Etrées resta a la droite de celuy de Mgr le Cte de Clermont.

Jl y avoit en avant de notre jnfanterie deux ligne de cavalerie et la brigade des gardes francoises formoit le corps de referve dont la gauche appuoit a Herderen.

Larmée ainsy en bataille, le Ml se porta de fa perfonne le plus pres qu'il put de la gauche des ennemis pour reconnaître leurs pofitions ; ils avoient leur droite appuyés au village de Groest parce quils avoit remplis d'jnfanterie, leurs fentre etoit fortifié de village de Roesmerre, la gauche de leurs jnfanterie compofée des Anglois, Hanovriens et Hefsois occupoit le village de bes, et leur aille gauche de cavalerie s'etendoit vers Mastricht.

Leurs pofition etoit très avantageufe pour combatre, mais elle etoit vicieufe ence que les derriers de leurs champ de bataille netoient point pratiquable pour une retraite ; en second lieuë Mastricht se trouvoit en avant de leurs gauche ce qui rendoit leurs retraite tres difficille en cas quils eusent été batus de ce coté la.

Jl y avoit en avant de leurs centre et de la gauche de l'jnfanterie les villages de Viltingen et celuy de Laveld.

Le temps et lattention de Mr le Ml a examiner ces deux villages firent sans doute jmaginer aux ennemis qu'il avoit envie deles attaquer et de les occuper ; en confequence ils envoyerent mettre le feu au village de Viltingen qui etoit au defsous de celuy de Rasmer, renforcerent de troupes et de canon celuy de la Velde, et changerent moyenant cela leurs premir dispofition.

Le marechal de Saxe, voyant que le village de Viltingen etoit en feu et que les ennemis ne vouloit point le deffendre, changea le projet quil avoit fait de lataquer et se fervit des troupes destinées a lataque de ce village pour ogmenter le nombre de celles qui devoient attaquer celuy de la Velde.

Mgr le Cte de Clermont fut charge de cette attaque qui dura prés de quatre heurs, les Anglois, Hanovriens, et Hefsois qui deffendoient ce village rataquerent et repouserent meme plufieurs fois nos troupes fans pourtant les mettre en fuitte, mais la valeur et lopiniatreté de nos foldats triomphateur enfin des obstacles que les ennemis, et le terrain leurs fit eprouver ;

La brigade du Roy, celle de la Tour du Pain et celle d'Orleans, aux ordres de Mr le marquis de Saliers, furent les derniers qui fe porterent sur le village et determinerent laffaire par le manoeuvre que le marechal leurs fit faire en marchant directement sur le flanc droit dune colonne des ennemis qui arrivoit sur le village par le coté oposé a celuy que nous attaquions.

Le desordre que nos troupes mirent dans la colonne des ennemis enfi approchant nous rendant totallement les maitres du village delabled, le marechal fit avancer en dilignece plufieurs brigades de cavalerie, qui chargerent fi a propos celles que les ennemis avoit fait avancer pour foutenir la colonne d'jnfanterie qui venoit d'estre repoufsée, quelles determinerent lennemie a ne plus fonger qu'a fa retraite.

Mr le CteDetrees qui, pendant lataque du village de Laveld, avoit chafsé les ennemis de celuy de Vilre, et par ce moyen fetant fait un pafsage pour prendre les ennemis en flanc en cas de retraite, il fe trouva tout posté quand ils furent forces de la faire.

Ce fut alors que le marechal fit marcher plufs bde de cavalerie pour joindre au corps de Mr le Cte Detrées, et une partie de fes troupes chargerent fy vigoureufement les ennemis qu'il y eut plufieurs de leurs escadrons totalement des bruits le reste fe retira fous Mastrickt.

Pendant le choc de notre droite notre gauche navoit point agis et les autrichiens qui avoient la droite des alliéz dans leur ordre de bataille resterent pareillement tranquilles ; ce ne fut qu'au moment ou nous fumes les maitres du village de Groes parce quils commencerent a se retirer ; en consequence quand ils furent deposté le marechal fit marcher entre le village de Grooste panne et celuy de Roesmer nos ailes gauches d'jnfanterie et de cavalerie qui navoit encore rien fait afin dataquer les autrichiens en queuë dans leurs retraite, tandis que Mr de Clermont Tre en me nagoit le flanc, mais Mr Bathyany qui commandoit le corps des autrichiens fit fa retraite fy diligeament que nous ne pumes ecormer que ses troupes legeres chargées de faire fon arriere garde de sorte que cette partie de larmée des alliez gaignoit celle qui etoit desja fous Mastrikt.

Les ennemis annoncent y avoir perdu dix huit mille hommes, nous leurs avons pris 29 pieces de canon et 7 etendards 9 drapeaux, et trois paires de timbales et nous leurs avons fait prisonniers beaucoup d'officiers de distinction, dans le nombre desquels est Mr de Ligonier, general de cavalerie des anglois.

Le Roy fit prendre son quartier le même jour a la Commandery et fon armée coucha fur le champ de bataille.

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