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Source :
SHAT - 1M 1710, pièce 2.
Ordre général pour diviser et faire servir l’armée pendant la campagne prochaine.
Les deux lignes d’infanterie de l’armée seront divisées pendant toute la campagne en quatre divisions.
Chaque division sera composée du quart des brigades de première et de seconde ligne et elles seront nommées une fois à l’ordre au commencement de la campagne et cela ne changera plus ensuite.
Chaque aile de cavalerie ne formera qu’une division.
Chaque division sera commandée par un lieutenant général qui sera de même nommé pour toute la campagne ; il aura sous lui d’autres officiers généraux, et, en cas que le lieutenant général commandant la division (soit absent), l’officier général de la division le plus ancien la commandera sans que ceux de la division la plus prochaine puissent aller en prendre le commandement à moins d’un ordre exprès du général.
Le lieutenant général commandant la division sera chargé de tous les détails qui la concernent : discipline, police, marches, communications, gardes et fourrages ; ce sera à lui que les brigadiers et colonels rendront compte de tout, et par lui que tous les ordres leur parviendront.
Comme l’éloignement des villages pourrait faire que ce lieutenant général fut logé à quelque distance de la division, ce à quoi il sera remédié autant que cela sera possible par les marqueurs, et que cet éloignement pourrait causer du retardement dans l’exécution des ordres envoyés par le général, pour obvier à cet inconvénient le plus ancien major de chaque division aura sa tente tendue en avant de l’intervalle des deux brigades de première ligne de sa division, à cent pas du front de bandière ; ce sera à lui que tous les ordres venant du général seront apportés, il en rendra compte sur le champ au lieutenant général, et il le distribuera aux majors des différents régiments de la division, fera assembler les détachements qui pourront être demandés, et exécuter l’ordre tel qu’il lui aura été envoyé.
Il se tiendra près de ce major un sergent d’ordonnance de chacune des brigades de la division par lesquels il leur fera passer sur le champ et promptement les ordres qu’il aura à leur envoyer.
Il y aura, outre cela, un officier d’ordonnance toujours prêt à aller porter au lieutenant général les ordres et les nouvelles que le major de la division pourrait avoir à lui faire passer.
Il y aura deux brigades d’infanterie destinées à couvrir les flancs de chaque aile de cavalerie.
Afin d’accélérer de plus en plus le service et de diminuer la fatigue de l’infanterie, il partira chaque jour de chaque aile de cavalerie à l’heure où l’on battra la garde, deux détachements de huit cavaliers chacun qui se rendront chacun à la tente des quatre majors des divisions d’infanterie pour les ordonnances.
De ces huit cavaliers les majors des divisions en renverront sur-le-champ deux chez le général pour leur rapporter pendant la journée les ordres qu’il pourrait avoir à leur envoyer. Des six autres, il en enverra deux à chacune des grandes gardes que la division fournit, et il en gardera deux auprès de lui. Si la division fournissait plus de deux gardes, il n’enverrait qu’un cavalier avec chacune, devant toujours garder près de sa tente deux cavaliers. Les officiers de garde se serviront de ces cavaliers pour faire passer promptement aux majors des divisions les nouvelles qu’ils pourraient avoir à leur mander et, si cela était fort pressant, comme la marche d’un corps ennemi etc., ils le manderaient en même temps au général.
Les majors des divisions feront passer promptement les nouvelles intéressantes au major général et au lieutenant général commandant leurs divisions.
Il y aura trois ordonnances de cavalerie attachées à chacune des deux brigades qui couvriront les ailes de cavalerie, dont l’une sera envoyée chez le général, la seconde restera chez le major de brigade et la troisième sera envoyée à la garde d’infanterie que la brigade pourra fournir sur le flanc de l’armée.
Il sera expressément défendu de se servir de ces ordonnances pour d’autres objets que ceux marqués ci-dessus.
Les jours de marche, les ordonnances du général marcheront à la tête des campements et les six autres cavaliers qui seront d’ordonnance chez chaque major des divisions marcheront à la tête du premier régiment de la division et ne la quitteront pas sans avoir été relevés auparavant par un semblable nombre d’ordonnances.
La cavalerie donnera en outre à M. le marquis de Béthune toutes les ordonnances qu’il jugera à propos de demander, et il sera fourni par chaque aile au maréchal des logis de la cavalerie trois ordonnances. Il y aura aussi une ordonnance de chaque ligne à la tente du major faisant le détail de chaque aile de cavalerie.
Il y aura tous les jours dans chaque division un maréchal de camp ou un brigadier nommés pour être chargés sous le lieutenant général de la division. Il fera la visite du camp, des gardes, des communications et le fourrage etc.. Il ordonnera ce qu’il croira nécessaire et en rendra compte au lieutenant général commandant qui instruira le général de tout ce qui pourra valoir la peine.
Les brigadiers seront chargés de veiller aux gardes de leurs brigades, à les faire retrancher et servir, à faire faire les communications en avant du camp et avec les régiments de leur droite et de leur gauche, à faire faire les appels et à faire exécuter dans leurs brigades tous les ordres qui seront donnés.
Les colonels auront les mêmes détails, chacun dans leurs régiments, rendront compte de tout ce qui le méritera au brigadier, celui-ci au maréchal de camp de sa division, et ce dernier au lieutenant général commandant.
Les majors de brigades ne viendront plus à l’ordre au quartier général. Il sera envoyé par le major général et le maréchal des logis de la cavalerie aux majors des divisions et des ailes de cavalerie qui les distribueront aux majors des divisions, et ils feront le détail du service particulier de la division qui sera séparé absolument de celui de tout le reste de l’armée. Les majors de brigade n’iront plus au campement et marcheront avec leurs divisions et brigades ; le plus ancien major après le major de brigade, ou à son défaut un aide major, ira au campement.
Les jours de l’arrivée dans les camps, les officiers généraux et brigadiers des divisions placeront les gardes qu’ils jugeront à propos et, dès le lendemain matin, le major de la division en rendra un compte exact au major général ou au maréchal des logis de la cavalerie, et tous les matins il lui enverra, le détail des gardes et détachements que la division a fournis dans les vingt-quatre heures ainsi que les appels.
Pour accélérer l’assemblée des détachements, ils seront toujours fournis par divisions ou ailes de cavalerie. Le major de chaque division aura un tableau pour faire fournir chaque brigade à son tour, et le major général et le maréchal des logis de la cavalerie en auront un pour égaliser le service des quatre divisions et des deux ailes de cavalerie autant que cela sera possible et que le temps le permettra.
Pendant toute la campagne on n’avertira jamais à l’ordre qu’on devra marcher le lendemain. Il sera ordonné une fois pour toutes que, lorsqu’on battra la générale, toute l’armée se lèvera et la cavalerie sellera.
A l’assemblée on détendra et la cavalerie chargera, ainsi que les équipages, et aux drapeaux et à cheval, tout se mettra en bataille pour marcher incontinent après. Les équipages se tiendront derrière leurs régiments pour suivre les troupes dans le même ordre qu’elles auront marché. Il leur sera donné un sergent et huit hommes par bataillon pour escorte, les régiments de deux bataillons y mettront un lieutenant et ceux de quatre un capitaine, la cavalerie donnera d’escorte à ses équipages un brigadier et huit maîtres par régiment.
L’armée marchera ordinairement sur six colonnes, chaque aile de cavalerie et chaque division d’infanterie formera la sienne, la plus ancienne brigade en ayant la tête, suivie des autres de première ligne, et ensuite de celles de seconde dans le même ordre que celles de première.
La division de la droite de l’infanterie sera nommée première division, et celles qui la suivront seconde, troisième et quatrième, en sorte que celle qui fermera la gauche sera la quatrième.
La cavalerie sera divisée par aile droite et par aile gauche.
Lorsque l’armée marchera sur quatre colonnes, la première ligne de chaque aile droite de cavalerie marchera avec la 1ere division d’infanterie, et la seconde ligne avec la seconde division.
La première ligne de l’aile gauche de cavalerie marchera avec la quatrième division, et la seconde avec la troisième.
La nature du pays réglera si la cavalerie devra avoir la tête ou la queue des colonnes d’infanterie. On en avertira dans l’ordre.
Les deux brigades d’infanterie destinées à couvrir les flancs de la cavalerie marcheront à la tête ou à la queue de la cavalerie suivant la nature du pays. On en avertira a l’ordre. Elles feront aux ordres de l’officier général commandant l’ailes de cavalerie à laquelle elles seront attachées.
Il y aura, à la suite de chaque division d’infanterie, une division d’artillerie qui marchera toujours à la suite des troupes.
Ainsi l’ordre de marche sera toujours les troupes, l’artillerie, les menus équipages et les gros équipages.
Le gros parc d’artillerie marchera toujours par la colonne qui sera la meilleure, et après les menus et gros équipages de cette colonne.
Les jours de marche, les tambours et trompettes de garde au quartier général commenceront à battre la générale et à sonner le boute selle au moment qui leur sera ordonné par le major général. Ils sortiront du quartier général en battant et en sonnant et iront jusqu’au plus prochain régiment de la ligne, aussitôt le signal se donnera pour avertir tous les tambours et trompettes de se préparer à battre et à sonner, et le régiment auquel le tambour et le trompette seront arrivés commencera immédiatement après à battre la générale et à sonner le boute selle.
Afin qu’il y ait de l’uniformité dans la manière de battre, et pour prévenir les longueurs et la fatigue des tambours, qui deviennent très grandes dans les régiments de quatre bataillons lorsqu’ils sont obligés d’en parcourir deux fois tout le front à chaque batterie, au signal, les tambours de chaque bataillon se rendront devant les drapeaux de leurs bataillons et là, de pied ferme, ils battront chaque batterie pendant trois minutes et prêteront attention pour commencer et finir tous à la fois.
Toutes les fois que la générale battra, les grenadiers et chasseurs de chaque division s’assembleront promptement à cent par en avant du camp des brigades de première ligne de chaque division, les nouvelles gardes se formeront derrière eux et les campements ensuite. Ils attendront là les ordres que le général aura à leur donner.
Lorsque l’on sonnera le boute-selle, les carabiniers de chaque aile s’assembleront devant le centre de la première ligne de l’aile, les troupes de carabiniers de chaque brigade formant un escadron. Il sera nommé tous les jours de marche un brigadier, un colonel et un lieutenant colonel pour commander les carabiniers de chaque aile, et on y attachera pour toute la campagne un officier major pour en faire le détail.
Toute l’artillerie harnachera aussitôt que la générale battra ; elle attellera à l’assemblée et, sans nouveaux ordres, chaque division suivra celle à laquelle elle est attachée lorsqu’elle se mettra en marche.
Si les chemins ne lui permettaient pas de suivre la division des troupes, elle en serait avertie par un billet particulier qui lui indiquerait la route qu’elle devrait tenir.
Les jours de marche, aussitôt après que le drapeau aura été battu et que les troupes seront en bataille, l’on fera rompre les régiments d’infanterie par peloton par la droite ou par la gauche suivant le côté où sera le régiment désigné pour avoir la tête de la colonne, et on les fera marcher pour le joindre observant de ne laisser d’intervalle, d’un peloton à l’autre, que trois pas. Les brigades de seconde ligne viendront en même temps joindre la première et, aussitôt que toute l’infanterie qui devra composer la composer sera serrée ainsi qu’il vient d’être dit, l’officier général en mettra la tête en mouvement, et elle devra marcher toujours dans le même ordre pendant toute la journée en sorte que les troupes puissent être en bataille en un instant dès qu’on battra le drapeau.
Pour y parvenir, il sera défendu à MM. les officiers de quelque grade qu’ils soient de marcher à cheval entre les troupes. Ils observeront de se tenir sur le flanc de la colonne à hauteur de leurs pelotons. Il y aura toujours un officier entendu qui précédera de cent pas chaque régiment pour reconnaître les passages sur la droite et la gauche des communications et qui les indiqueront aux officiers, et s’il se trouvait des défilés qu’ils fussent obligés de passer par le même endroit que les troupes, alors les officiers de chaque bataillon se partageraient pour passer à la tête et à la queue, et ceux de la tête s’y porteraient au galop pour ne pas retarder la marche, et aussitôt après les défilés passés ils se jetteraient sur-le-champ sur les flancs de la colonne.
Les chevaux de pelotons marcheront de même sur les flancs de leurs bataillons et éviteront, autant qu’ils sera possible, d’entrer dans la colonne ainsi qu’il vient d’être dit plus haut pour les officiers.
Si on est obligé de faire arrêter un cheval de peloton pour quelque cause que ce puisse être, le commandant du peloton ou de la compagnie le fera accompagner par un bas officier qui le fera rejoindre le plus tôt possible.
Si l’officier général commandant une colonne ne se trouvait pas à l’heure qu’elle devra partir, celui qui se trouvera la commander dans ce moment la mettra en marche afin de ne point faire attendre les troupes. Il est sûr qu’un officier général qui ne se trouve pas à l’heure à sa division est employé plus utilement ailleurs pour le service du Roi, ou est malade. Dans ce cas, il en sera rendu compte à M. le maréchal à la fin de la marche par l’officier général qui aura conduit la colonne à sa place.
Outre les travailleurs qui auront été destinés à ouvrir les marches, il y en aura toujours cinquante par brigade qui marcheront à la tête pour être employés à raccommoder les communications ou les ponts qui auraient pu se gâter. MM. les brigadiers seront chargés du soin de l’ordonner, et d’empêcher que leurs brigades n’y défilent, et de tenir la main à ce qu’elles marchent toujours sur le même front qu’elles seront parties.
Si cependant cela devenait impossible, ils auront la plus grande attention à ce que les soldats passent le défilé au pas redoublé et se reforment dans l’instant qu’ils en seront sortis.
Ils observeront aussi de suivre toujours le mouvement qui sera fait à la tête, en sorte que quand les pelotons de devant eux doubleront, ils fassent doubler les leurs et successivement les divisions, et lorsque la première ligne se mettra en bataille, la seconde s’y mettra aussi sur-le-champ.
Toutes les fois qu’on fera halte, les troupes se formeront par de rang de bataillon et, pour peu qu’elle dût être longue ou qu’on fut proche de l’ennemi, on se formera par bataillons.
Comme rien n’est si important que de pouvoir être promptement en bataille, on accoutumera les troupes à exécuter ces mouvements avec la plus grande célérité. On donnera aussi la plus grande attention pour que, dès qu’on rappellera à la tête pour repartir, toutes les troupes de la colonne se lèvent et chargent promptement leur havresacs, et qu’elles s’ébranlent toutes à la fois dès qu’on battra aux champs ; sans cela, après une halte faite pour rassembler les troupes de la colonne, elles forment une file plus longue en se mettant en marche, et sont moins en ordre qu’elles ne l’étaient en arrivant.
La cavalerie observera tout ce qui vient d’être dit ci-dessus en ce qui peut la regarder. Elle marchera toujours par compagnie, et aussitôt qu’on aura sonné à cheval, elle viendra prendre la tête ou la queue de sa colonne suivant ce qui aura été ordonné.
MM. les officiers généraux commandant les colonnes donneront la plus grande attention à ce qu’elles conserveront entre elles pendant toute la marche le terrain nécessaire pour se mettre en bataille au premier ordre.
Une fois pour toutes, dès que les officiers généraux commandant les colonnes auront été avertis qu’ils sont proche des ennemis, ils observeront et feront observer ce qui suit :
1° Ils formeront au moins deux colonnes de celles qu’ils conduiront, et même davantage si cela est possible, les composant chacune moitié des troupes de la première ligne et moitié de la seconde.
2° Ils feront toujours garder d’une colonne à l’autre les distances nécessaires pour se mettre en bataille tout d’un coup, et toutes les colonnes à la fois. Pour cela, ils chargeront un officier major intelligent de marcher entre les deux colonnes pour les avertir si elles se serraient ou s’ouvraient trop.
3° Dès qu’on approchera du terrain ou l’on voudra se former, ou que par l’approche de l’ennemi on sera obligé à le faire, les bataillons et escadrons se serreront les uns aux autres, ne gardant que douze pas de distance, les officiers mettront pied à terre et, au premier commandement, les colonnes se mettront en bataille par un à droite ou un à gauche.
4° En même temps que la première ligne se mettra en bataille, la seconde ligne et les réserves s’y mettront aussi, gardant 300 pas de distance d’une ligne à l’autre ou les prenant en marchant en avant après que les lignes seront formées. Tous ces mouvements se feront aussi vite qu’il sera possible et au pas redoublé.
La cavalerie exécutera la même chose en même temps, et les brigades d’infanterie destinées a couvrir son flanc se tiendront en colonne entre les deux lignes d’infanterie, à hauteur du 1er bataillon qui les fermera et appuiera à la cavalerie.
Il sera formé par brigade, un bataillon de grenadiers et de chasseurs qui sera plus ou moins fort à proportion du nombre de bataillons qui composera la brigade.
La compagnie de grenadiers et la troupe de chasseurs de chaque bataillon seront couplées ensemble et formeront un peloton, et elles seront rangées dans le même ordre que les bataillons dont elles sortent le sont dans la brigade, et les chasseurs seront rangés dans la troupe de chasseurs dans le même ordre que les compagnies le sont dans le bataillon, ceux de chaque compagnie formant leur file.
Il y aura un lieutenant colonel ou commandant de bataillon nommé pour commander pendant toute la campagne chaque bataillon de grenadiers et de chasseurs et un officier désigné pour y faire les fonctions de major.
Dès le premier jour de la campagne, les chasseurs des deux compagnies qui forment un peloton feront chambrée ensemble. Il leur sera fourni une tente et une marmite de deux en deux compagnies. Ils camperont séparément à la gauche des bataillons et s’y placeront à la place du piquet toutes les fois que l’on se mettra en bataille.
Il sera aussi attaché à la troupe de chasseurs, soit alternativement soit à demeure, ainsi qu’il sera arrangé par les colonels, un des huit chevaux de peloton pour porter leurs tentes, et celles du peloton qui aura fourni le cheval seront reparties sur les sept autres chevaux de peloton du bataillon.
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