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Source :
SHAT - 1M 1704, pièce 25

 

 

Régiment de Flandre.

Manière dont ce régiment s’exerçait au feu sans mettre genou à terre, & exécutait ses évolutions avant l’ordonnance.

Na

Le commandant en chef faisait toujours le signal ou avait auprès de lui des officiers pour porter ses ordres à chaque bataillon, et chaque aide major faisait exécuter à la voix et non par aucun signal quelconque la manoeuvre.

Lorsque le commandant voulait faire tirer par peloton, quart de rang etc., au commandement de feu de peloton, fait par l’aide major de chaque bataillon, les commandants des pelotons faisaient à droite ou à gauche, sans sortir du rang, ensuite le commandement de

 

Na

 

On doit laisser un intervalle entre le mot de peloton, qui est une espèce d’avertissement,, avec le commandement d’apprêtez-vous

Peloton, apprêtez-vous.

A ce commandement tous les rangs s’apprêtent en deux temps.

 

Na

 

En faisant tirer debout, le fusil du 3e rang déborde la main gauche du premier d’un demi pied, les armes raccourcies.

Au premier, tout le peloton fait haut les armes, au second, le premier rang en apprêtant ses armes fait un demi à droite en tournant sur les deux talons, et les pieds en équerre.

 

Na

 

En faisant tirer de cette façon, il est bien plus aisé de décider une troupe à se porter en avant pour charger, soit cavalerie, soit infanterie, parce que le soldat n’est point désuni, au lieu qu’en mettant genou a terre, si le danger est éminent, il ne se relève point, et supposé qu’il se relève, il y a toujours un ébranlement dans ce rang qui peut se communiquer aux autres, avant-coureur de la fuite.

Le deuxième rang en apprêtant ses armes porte son pied gauche dans l’intervalle de la droite de son chef de file, la pointe du pied droit à celle du pied droit de son chef de file en tournant un peu sur le talon droit.

Le troisième rang en apprêtant ses armes porte son pied gauche la pointe a six pouces ou environ de celle du pied droit du second rang en serrant en même temps le talon droit contre le talon gauche. Par ces mouvements, les rangs se trouvent en échiquier.

En joue

A ce commandement les trois rangs mettent en joue brusquement, les coudes abattus, le fusil bien droit devant soi, en sorte qu’il ne soit ni trop sur la droite ni trop sur la gauche.

Le premier rang, en mettant en joue, doit avoir le corps droit, ainsi que le deuxième, et le troisième rang, doit avoir un peu le haut du corps en avant, ce qui fait que le premier rang tire horizontalement, le second un peu incliné et le troisième un peu plus bas que le second

Feu

Na

Par cette méthode, le soldat tire huit a neuf coups contre cinq vis-à-vis de celui qui exécute les principes de l’ordonnance.

Le coup parti, le premier rang retire tout simplement son arme sans remuer les pieds, le deuxième rang rapporte son pied gauche en équerre à coté du talon droit, en sorte qu’en faisant face en tête, il se trouve sur le même alignement qu’il occupait, le troisième rang reporte son pied droit sur le terrain qu’il occupait et le pied gauche se porte en même temps en équerre contre le pied droit.

Après que le soldat a amorcé, il passe l’arme du coté de l’épée, en faisant les deux temps dans la valeur d’un seul en tournant seulement un peu le corps.

Aussitôt que le soldat a saisi le gros bout de la baguette pour la remettre en son lieu, en même temps qu’il chasse brusquement la baguette, il enlève son arme de la main gauche, la main droite le saisissant au défaut de la platine, et la gauche à la crosse, le tout en un seul temps, et sans attendre, il porte son arme.

 

 

Feu de file par section ou peloton

 

 

Lorsque l’officier major ordonne le feu de file par section ou peloton, le commandant des divisions se porte du pas redoublé derrière la première file de la droite de sa division, et fait le commandement de

File, apprêtez-vous

En deux temps.

Na

Ce feu ne saurait se faire comme celui de peloton ; il faut nécessairement que le troisième rang gagne son terrain sur la gauche, parce qu’au feu de file toute la troupe fait face en tête et occupe le terrain qu’elle abandonne au feu de peloton par un à droite.

Au premier, la première file fait haut les armes, au deuxième elle apprête ses armes, le premier rang faisant un demi à droite, le second rang avançant le pied gauche, la pointe du pied à la pointe du droit du premier, et le troisième, portant le pied gauche dans l’intervalle de la gauche de son chef de file, serre le talon droit sur le gauche pour que ses pieds se trouvent en équerre et sur le même alignement que le second rang.

En joue

Feu

Na

 

Na

 

Na

Ce feu est le plus meurtrier et le plus inquiétant, parce que le soldat ajuste mieux et qu’il ne donne aucune relâche à l’ennemi, il ne brise point le bataillon et on le fait cesser quand on veut.

A une troupe bien exercée, pour que ce feu soit continuel, il suffit que les divisions soient composées de six files, à une moins bien exercée, de huit.

Il sort beaucoup plus de feu du bataillon que par celui de section prescrit par l’ordonnance ; par exemple, si les sections sont de huit files, il ne part jamais par salve, que 24 coups d’un seul point, au lieu que par file il en part 48. de tous les points.

Aussitôt que le coup est parti, le soldat revient par les mouvements contraires, le dernier rang ayant attention de refaire passer son arme par-dessus la tête de son chef de file pour charger dans l’intervalle de sa file.

La deuxième file, au commandement de Feu à la première, fait haut les armes et les apprête d’elle-même, en sorte que le commandant n’a plus d’autre commandement à faire que ceux , d’En joue et de Feu.

Lorsque l’on veut faire cesser tous ces feux, le commandant fait faire un roulement, ou dit en voilà assez.

 

Evolutions.

 

 

Lorsque le régiment était en bataille et que l’on voulait le faire rompre par peloton etc., les officiers major de chaque bataillon faisaient les commandements suivants.

 

Na

 

Les officiers majors ne faisaient le commandement de marche qu’après que le commandement précédent avait été répété le long de la ligne pour prononcer le dernier en même temps. Et si un bataillon en débordait un autre, on commandait le petit pas à celui qui débordait ou le pas redoublé à celui qui restait en arrière.

A droite ou à gauche, par peloton,

Marche

A ce commandement, si la troupe est de pied ferme, elle forme un pas en avant et se rompt tout de suite du pas redoublé ; si la troupe doit marcher en avant, le quart de conversion fait, on fait le commandement de

En avant

Si au contraire elle doit s’arrêter, on fait le commandement de halte assez à temps pour que le soldat en achevant le pas qu’il porte sur l’alignement de son pivot, s’arrête ferme.

Si le commandant voulait doubler sur sa droite ou sur sa gauche, ce qui dépendait du terrain qui était en sa disposition, il faisait le signal de

Doublez sur la droite ou sur la gauche.

A ce commandement fait par les aides majors, le commandant de peloton ou quart de rang etc. répétait le commandement de

Doublez sur la droite ou sur la gauche.

A ce commandement, si c’est sur la gauche, tous les soldats tournent la tête à gauche, ensuite le commandant dudit peloton ou quart de rang &c. fait celui de

Marche

A ce commandement, le peloton etc. marche le pas redoublé sur la gauche, et celui sur lequel il double marche le pas ordinaire ; aussitôt que le commandant du peloton qui double a pris l’intervalle qu’il lui faut pour placer sa division, il fait le commandement de

En avant

Pour lors, ce peloton marche le pas redoublé en avant et se porte sur l’alignement de la division ou peloton sur lequel il double et prends son même pas par le commandement de Pas ordinaire que lui fait son commandant.

 

Na

 

Par cette façon de manoeuvrer, il est d’une nécessité absolue que les officiers soient instruits.

Si le commandant voulait faire doubler sur la droite, les divisions impaires marchaient le pas redoublé sur la droite et les paires le pas ordinaire, et lorsque le commandant de la division paire voyait qu’il avait son terrain, il commandait d’un ton ferme et haut

Pas redoublé

A ce commandement, le commandant de la division impaire commandait à la sienne

Pas ordinaire

Pour lors, cette division reprend en avant le pas ordinaire et l’autre passe sur fa gauche et prend le même pas par le même commandement ci-dessus.

Lorsque le régiment était en bataille et qu’on voulait dédoubler, le commandant faisait le signal de

Na

Toutes ces manoeuvres se font en marchant, il faut toujours gagner du terrain ; supposé que les divisions soient trop ferrées pour prendre les distances, il vaut mieux les prendre en avant qu’en arrière ce qui se fait bien promptement par le pas redoublé

Dédoublez sur la droite ou sur la gauche

A ce signal les officiers majors commandaient à leur bataillon

Dédoublez sur la droite ou sur la gauche

A ce commandement, si c’est sur la droite, les officiers qui commandent les deux rangs se portent du pas redoublé à leur tête, et lors qu’ils sont postés, l’officier major fait le commandement de

Marche

A ce commandement le commandant du demi rang de la droite commande pas redoublé. Aussitôt que ce demi rang a dépassé le demi rang de la gauche, qui n’a pas quitté le pas ordinaire, le commandant de ce dernier demi rang commande Pas redoublé sur la droite

Marche

A ce dernier commandement, le demi rang marche le pas redoublé sur la droite et lorsqu’il est au chef de file du demi rang sur lequel il a dédoublé, le comandant fait celui de

Pas ordinaire

A ce commandement le demi rang qui le précède prend aussi le pas ordinaire après le commandement fait par son commandant.

Si c’est sur la gauche, le premier demi rang forme en avant, du pas redoublé, huit pas, plus ou moins suivant le front du demi rang, et le 2e prend le petit pas.

Au commandement de pas redoublé sur la gauche fait au premier demi rang, ce demi rang marche le pas redoublé sur la gauche. Lorsque le 2e demi rang est couvert, le commandant de ce demi rang commande

Pas ordinaire

A ce commandement, le commandant du premier demi rang fait celui de pas ordinaire.

L’on fait dédoubler ainsi toutes les divisions.

Lorsque ce régiment était en bataille et qu’on voulait former une colonne par bataillon, le commandant faisait le signal de

A droite, par peloton ou quart de rang, formez la colonne

Ce commandement fait par chaque aide major, ils faisaient celui de

Na

Les colonnes ainsi formées, si l’on est attaqué par quelque flanc que ce soit, on peut faire face à l’ennemi en présentant toujours le premier rang. Supposé que la colonne se soit formée par la droite et quelle soit attaquée par la droite, la troupe se met en bataille par la droite et, quoiqu elle soit à flanc, elle ne combat pas avec moins d’avantage, mais il faut que la troupe soit accoutumée à se rompre et à se former à flanc.

Marche

A ce dernier commandement, les grenadiers des bataillon non invertis et le deuxième peloton des bataillons invertis, marchent le pas redoublé en avant, et tout le reste du bataillon se rompt à droite par peloton ou quart de rang, lesquels pelotons ou quart de rang marchent en avant jusqu'à la hauteur de la file de la gauche des grenadiers et du peloton qui a la tête de la colonne où, par un quart de conversion à gauche, ils forment la colonne.

Si l’on en voulait former deux par bataillon, le commandant en faisait le signal on disait

A droite par peloton, formez deux colonnes.

Chaque aide major ayant fait ce commandement, les commandant des pelotons se portaient au centre de leur peloton et au commandement de

Na

Si l’on veut former ces colonnes en arrière, l’on fait faire demi-tour à droite à toute la ligne.

L’on se sert des mêmes commandements, alors ce sont les 2e pelotons des bataillons non invertis qui ont la tête de la deuxième colonne et les grenadiers des bataillons invertis, les 7e pelotons des bataillons non invertis qui ont la teste de la première colonne, et les 8e des bataillons invertis.

Marche

Les grenadiers se portent en avant et sont suivis du 1er 3e 5e et 7e peloton, ce qui forme la colonne de la droite du bataillon. Le 8e peloton se porte aussi en avant a la hauteur des grenadiers et est suivi du 6e 4e et 2e peloton, ce qui forme la colonne de la gauche.

Comme toutes ces colonnes doivent se former par la droite, dans les bataillons invertis, le 7e peloton à la tête de la colonne de la gauche, et le 2e celle de la droite.

Pour déployer et former la ligne, le commandant faisait le signal

Par le pas redoublé sur la gauche, formez la ligne

Ce commandement fait par les aides majors de chaque bataillon, ils faisaient ensuite celui de

Marche

A ce dernier, chaque commandant de peloton, commande

Pas redoublé sur la gauche,
Marche

Tout marche à l’exception des grenadiers et divisions qui ont la tête des colonnes, qui après avoir fait quatre ou six pas en avant s’arrêtent, et la ligne se forme successivement en s’alignant sur les grenadiers ou pelotons qui ont la tête des colonnes.

Si le régiment voulait changer de position, c’est-à-dire si son flanc droit était menacé, au lieu de faire un quart de conversion central, on faisait faire demi-tour à droite à toute la droite ; ce mouvement exécuté, on faisait rompre tout le régiment à droite par peloton. Ce mouvement exécuté, on faisait le commandement de

Par le pas redoublé sur la gauche, formez la ligne
Marche

A ce dernier commandement, les deux pelotons du centre qui se regardent marchent ; un part sur la gauche, et ensuite en avant jusqu'à ce qu’ils se soient mis l’un et l’autre sur le même alignement, et tout le reste de la ligne vient successivement s’aligner sur eux. La ligne formée, on fait remettre la droite.

Toutes les fois que le terrain permet de se développer par la ligne diagonale, on le fait, comme la voie la plus courte ; mais il faut avoir attention de diriger les divisions de façon quelles parviennent à l’objet proposé en marchant devant elles, parce que le pas oblique n’est pas si grand que le pas devant soi, et que la troupe, au pas oblique, est plus sujette à se désunir.

Le mouvement ne consiste, supposé qu’on veuille marcher sur la gauche, qu’à présenter le front en faisant marcher la droite un peu plus légèrement que la gauche à l’objet que l’on se propose.

 

Pour border la haie, le régiment étant en bataille.

 

 

A droite et à gauche, par compagnie, bordez la haie

A ce commandement, toutes les compagnies disposées par la droite, font à droite et celles qui sont inverties font à gauche, à l’exception des capitaines.

Marche

A ce commandement, le capitaine marche devant soi suivi de ses officiers, sergents, fourriers, tambours du premier rang 2e et 3e ; quand toutes les compagnies ont filé, on fait le commandement de

Halte
à droite et à gauche

Le seul inconvénient, si cela en est un, est que la distance du centre est le double des autres, auquel il ne faut pas remédier, parce que pour reformer le bataillon, on le fait par les mouvements contraires, et que les deux pelotons du centre doivent retrouver le même terrain.

Ouvrez vos rangs

A ce commandement, le premier rang continue de marcher le pas ordinaire, et les deux autres le petit pas jusqu'à ce qu’ils aient repris les distances ordonnées. Les distances prises, ils reprennent le pas du premier rang.

 

Par cette façon de manoeuvrer, l’on est à même de prendre toutes sortes de positions par ces commandements et les mouvements les plus courts. Le régiment, pendant toute la guerre, les quatre bataillons en bataille, a fait tous ces feux à balle sans qu’il soit arrivé le moindre accident, toute l’armée en a été témoin, et le régiment avait plus de quarante officiers de 16 a 17 ans.

Batteries.

Lorsque le commandant voulait faire prendre les armes avec les sacs, il faisait battre l’assemblée et avant la 2e reprise il y avait un refrain qui annonçait à la troupe quelle devait sortir avec armes et bagages.

Cette batterie finie, les tambours battaient le ralliement, qui doit être fort gai. Il serait à désirer que chaque régiment en eût un particulier ; soit pour les marches de nuit, soit dans une déroute pour que le soldat se rallie à ses drapeaux.

Aussitôt que l’on battait le ralliement, les compagnies suivaient les tambours qui s’acheminaient au terrain reconnu où la troupe se formait en bataille.

Le régiment a toujours eu l’attention de ne jamais se former dans les villages. Pour que le soldat soit toujours prêt, il faut l’accoutumer à avoir toujours son sac fait.

Pour rassembler un détachement, on battait une diane.

Pour faire ferrer et ouvrir les rangs, on appelait.

Pour marcher en avant, on battait aux champs.

Lorsqu’un bataillon était rompu, pour le reformer, si c’était par les mouvements contraires, on faisait le même signal que lorsque le bataillon se rompait par la droite ou par la gauche.

Si l’on voulait se mettre en bataille faisant face où la colonne marchait, on faisait battre le drapeau et le bataillon se formait par le pas redoublé sur la gauche.

Pour doubler les divisions, si c’était par la gauche, on faisait 3 roulements et 1 coup de baguettes, si c’était par le droite, 3 roulements et 2 coups de baguettes, par la droite et la gauche, 3 roulements et 3 coups de baguettes.

Pour dédoubler par la droite, 4 roulements et 2 coups de baguettes, par la gauche 4 roulements et 1 coup de baguettes, par la droite et par la gauche, 4 roulements et 3 coups de baguettes.

Pour le demi tour a droite, la retraite.

Pour faire face en tête, on battait aux champs.

Pour former une colonne, l’on faisait un roulement suivi d’un coup de baguettes et l’on battait le ralliement.

Si on la formait par la gauche, deux roulements en coup de baguettes et le ralliement.

Si l’on en voulait former deux, l’on faisait un roulement et 2 coups de baguette et le ralliement.

 

A l’égard des signaux on se servait de ceux de l’ordonnance.

Pour faire battre le ralliement, on saisissait l’épée au-dessous de la poignée, le bras tendu, l’épée en croix et on l’agitait vivement de gauche à droite.

Lorsque le régiment était en marche d’armée, ou lorsqu’il marchait seul, les officiers ne se tenaient jamais a cheval dans les divisions et marchaient toujours sur les flancs du coté où les chevaux, par la poussière, ne pouvaient pas incommoder les soldats. Les officiers majors allaient devant reconnaître des débouchés et prenaient des travailleurs pour ouvrir les passages. Si l’on n’en trouvait pas ou que l’on ne peut pas en ouvrir, alors les officiers passaient une partie à la tête de leur bataillon et l’autre à la queue. Par cette façon de marcher, un bataillon était toujours à même de se mettre en bataille. On ne laissait d’une division a l’autre que le terrain nécessaire pour marcher sans être étouffé, parce qu’en faisant serrer les rangs, on retrouvait ses distances.