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Source : Grimoard - Lettres et mémoires choisi parmi les papiers originaux du Maréchal de Saxe - p.177

 

Relation de la bataille de Fontenoi.

 

Première Disposition, partant de Tournai, et arrivant sur le champ de bataille, reconnu .par M. le Maréchal, lorsqu'il sut que l'armée des alliés avoit marché sur Leuze.

La brigade de Piémont, composée de 5 bataillons, et le régiment de Biron dans Antoin, avec 6 pièces de canon fouettant et battant de revers.

Les 3 bataillons de Crillon, appuyant leur droite à Antoin, un ravin impraticable devant eux, une redoute à leur droite, le régiment de Crillon, flanquant le village d'Antoin, 4 pièces de canon à la. redoute en avant de cette brigade.

Les dragons sur deux lignes à la gauche de Crillon, à même hauteur, une redoute en avant du centre des dragons, où il y avoit 4 pièces de canon.

A la gauche des dragons, la brigade de Bettens, composée de 6 bataillons, dont la gauche étoit appuyée au chemin creux qui étoit derrière Fontenoi, et à la droite de la brigade du Roi.

Une redoute sur l'angle, formée par les 3 bataillons de Diesback, de la brigade de Bettens, et par le premier du Roi, où il y avoit 8 pièces de canon.

Le village de Fontenoi, en avant de la droite de la brigade du Roi presque sur l'angle, étoit retranché et défendu par la brigade de Dauphin, avec 4 pièces de canon, toutes de 12, 8 ou 4 longues.

La brigade du Roi avec sa droite, appuyée au chemin creux qui est derrière la redoute, dont deux bataillons étoient couverts par le village de Fontenoi.

La brigade d'Aubeterre à la gauche du Roi, avoit, en avant le ravin qui va de Fontenoi au bois de Barri, 4 pièces de canon en avant.

La brigade des gardes à la gauche de celle d'Aubeterre, le ravin finissant à son 1er. bataillon, sa gauche appuyée au coin des bois de Barri, 4 pièces de canon en avant de cette brigade.

La redoute en avant du dernier bataillon des gardes, gardée par le 1er. bataillon d'Eu, 4 pièces de canon dans cette redoute.

La brigade des Irlandais, composée de 6 bataillons, sa droite appuyée aux Gardes-Suisses, avoit devant elle les bois de Barri voyant à découvert à la portée du fusil, sa gauche s'étendant au-delà de la 2me. redoute, qui étoit en avant du 5e. bataillon des Irlandais ; le 2e. bataillon d'Eu dans la redoute, 4 pièces de canon en avant.

A la gauche des Irlandais, étoit une plaine de 800 pas, .qui finissoit au village de Ramecroi ; en arrière dudit village étoit la brigade des Vaisseaux, la droite appuyée à la chaussée de Leuze et à deux maisons de pierre, sa gauche s'étendant sur le chemin de Rumignies : cette brigade avoit en avant un ravin, un grand chemin et un fossé en avant du grand chemin, 4 pièces de canon vis-à-vis la barrière.

En arrière de la brigade des Vaisseaux et à la gauche de la chaussée de Leuze, le bataillon d'Angoumois, qui occupoit deux maisons de pierre retranchées, nommées le château de Bourc-en-Bray et la Cense-de-Marais ; Royal-Corse occupoit le château d'Elmont.

Les brigades de Normandie et de Royal occupoient le village de Runignies, ces retranchemens et le château du même nom, étendant leur droite vers le château d'Elmont, et gardant les bois de Breuze. En avant de la justice de Leuse étoient deux fours à chaux, sur lesquels on avoit établi deux batteries de 4 pièces chacune, lesquelles balayoient le chemin de Leuse et la plaine qui étoit entre les Irlandais et le village de Ramecroi.

M. de Lowendal avec la brigade d'Auvergne, les 3 bataillons de Touraine et 10 escadrons, étoit placé à égale distance du village de Rumignies et du mont de Trinité ; sur ce mont, les hussards de Beausobre, soutenus par un poste de 400 hommes dans le château de Rougefort.

La brigade de la Couronne fut placée en seconde ligne derrière la brigade Irlandaise.

Deux lignes de cavalerie de 30 escadrons chacune, placée derrière l'infanterie.

La 1ere. ligne appuyoit sa droite à 50 pas de la brigade de Bettens, et à sa gauche à la hauteur de la 2e. redoute.

La 2e. ligne appuyoit sa droite à la brigade de Crillon, et sa gauche à Notre-Dame-aux-Bois.

Les carabiniers en réserve entre les fours à chaux et la justice de Leuze, la Maison du Roi entre Vaux et Notre-Dame-aux-Bois, les hussards de Linden par pelotons autour de la place pour observer ce qui en pourroit sortir.

Dès que M. le Maréchal vit que l'attaque des ennemis étoit décidée entre le village de Fontenoi et notre 1ere. redoute, il fit avancer de Rumignies la brigade de Royal, qu'il posta à la place de la Couronne et fit marcher cette dernière par sa droite, pour former une 2e. ligne à la brigade des gardes ; voyant ensuite que les ennemis s'y portoient de toutes leurs forces il fit avancer les 3 bataillon des Vaisseaux, le seul bataillon de Traînel gardant la chausse de Leuze, sortit la brigade de Normandie de Rumignies, qu'il fit remplacer par la réserve de M. de Lowendal.

Lorsque ces troupes furent arrivées, la brigade de la Couronne marcha par sa droite et forma une seconde ligne à la. brigade du Roi, celle de Royal à la brigades gardes, et les régimens des Vaisseaux et de Normandie à la brigade Irlandaise.

Voilà les dispositions de l'armée Française au moment de l'attaque, à cela près que M. le Comte d'Etrées sortit 8 escadrons de la première ligne de cavalerie, qu'il porta en avant pour être plus à portée de soutenir la brigade des gardes et celle de Royal.

 

Disposition de l'armée des ennemis.

La droite de l'armée des alliés, composée des troupes Anglaises, Hanovriennes et Autrichiennes, étoit appuyée au bois de Barri, formée sur deux lignes, la gauche au village de Fontenoi sans le dépasser.

Les troupes Hollandaises appuyoient leur droite à la gauche des Anglais, s'étendant jusqu'au village de Pieronne, leur cavalerie en bataille sur le haut de la plaine d'Antoin, à la portée du canon, avec 2 batteries de canon en avant, et une de bombes ; ils avoient fait filer de l'infanterie dans un chemin creux, qui se trouvoit dans la plaine entre la cavalerie hollandaise et nos dragons.

A la faveur d'une hauteur, sur laquelle les ennemis firent avancer 40 ou 50 pièces de canon, ils formèrent leur ordre de bataille pour attaquer de front, et en même-temps, après avoir canonné pendant 3 heures d'un feu épouvantable d'artillerie, le village de Fontenoi, la brigade d'Aubeterre, celle des gardes et notre 1ere. redoute de la gauche tandis que les Hollandais attaqueroient aussi en flanc le village de Fontenoi.

L'attaque des Anglais fut des plus vives au village de Fontenoi, et ils y furent repoussés avec perte ; une seconde attaque, avec la même vivacité, fut repoussée de même ; les Hollandais revinrent mollement à la seconde attaque.

La colonne destinée à attaquer notre 1ere. redoute, ne réussit pas mieux ; mais celle qui vint attaquer notre centre, fit plier nos troupes, et se porta sans s'arrêter jusqu'à 300 pas en avant du village de Fontenoi et de notre redoute ; ils y soutinrent pendant une heure l'effort de nos brigades de la 2e. ligne et de plusieurs escadrons de cavalerie, sans perdre un pouce de terrin.

M. le Maréchal de Saxe, voyant que les ennemis conservoient leur avantage et jettoient le désordre dans nos troupes par le feu continuel de leurs colonnes, prit le parti de les faire attaquer de front par la Maison du Roi et les carabiniers, et les fit prolonger par leur droite par les brigades des Irlandais, de Normandie, des Vaisseaux, et 2 bataillons des Gardes-Française qui s'étoient ralliées.

Pour préparer cette attaque, il fit avancer 4 pièces de canon entre notre cavalerie et l'infanterie, qui prit la colonne des ennemis en flanc et commença à l'ébranler ; notre infanterie fonça la bayonnette au bout du fusil, et les carabiniers et la Maison du Roi enfoncèrent de leur côté, ce qui décida entièrement le gain de l'affaire.

Après avoir rompu cette colonne, qui étoit au moins de 15000 hommes, comme c'étoit le seul endroit par où les ennemis avoient percé, ils entraînèrent, en se retirant avec précipitation et désordre, une 2e. colonne d'infanterie, qui venoit les soutenir avec de la cavalerie anglaise.

Pendant toute cette attaque, qui fut des plus vives, la cavalerie Hollandaise et leur colonne du chemin creux ne firent aucun mouvement, ne furent point chargées par nos troupes ; mais perdirent beaucoup par notre canon qu'elles soutinrent avec beaucoup de fermeté.

Les ennemis ont laissé 7 à 8000 hommes sur le champ de bataille ; nous leur avons fait au-delà de 3000 prisonniers, presque tous blessés ; ils en ont fait entrer 2000 dans Ath, outre une quantité qui sont expirés dans les bois voisins, faute de secours ; de sorte que leur perte va à près de 15000 hommes ; nous leur avons pris 42 pièces de campagne avec 150 chariots charges de munitions de guerre.

Notre perte se monte à1600 hommes tués, et près de 3000 blessés.

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