Source :
PAJOL - Les guerres sous Louis XV, T.5, p. 97-98
Susanne - Histoire de l'infanteire (cité dans :
Thoumas - Le livre du soldat)
La mort du Chevalier d’Assas, le 16 octobre 1760.
" ...
Le chevalier d’Assas fut tué, sans doute, dans l’un des postes de route de Meurs ou des haies de Camper-Bruch. Aucune pièce ne fait mention du fait qui lui est attribué, car les rapports s’accordent à dire que les premiers coups de fusil ont été échangés par les troupes de Fischer, qui donnèrent ainsi l’alarme. Ce ne serait donc point au cri de : " A moi, Auvergne ; c’est l’ennemi ! " qu’on doit le salut du camp français et la gloire de la journée, mais aux bonnes dispositions de M. de Rochambeau et au régiment d’Auvergne.
" J’étais au camp de Rheimberg, près Kloster-Camp, dit Grimm, le jour du combat si connu par le dévouement d’un militaire français. Ce mot sublime : " A moi Auvergne, voilà l’ennemi ! " appartient au valeureux Dubois, sergent de ce régiment ; par une erreur presque inévitable un jour de combat, il fut attribué à un jeune officier nommé d’Assas ". M. de Castries le crut comme tant d’autres ; mais quand il eut forcé le prince héréditaire à repasser le Rhin et à lever le siège de Wesel, des renseignements positifs apprirent que le chevalier d’Assas n’était pas entré seul dans le bois, mais accompagné de Dubois, sergent dans sa compagnie. Ce fut celui-ci qui cria : " A nous, Auvergne ; c’est l’ennemi ! ". Le chevalier fut blessé en même temps : il n’expira pas sur le coup. Comme Dubois, une foule de témoins affirmèrent à M. de Castries que cet officier avait souvent répété à ceux qui le transportaient : " Enfants, ce n’est pas moi qui ai crié, c’est Dubois. "
M. de Rochambeau, dans ses Mémoires, raconte le fait de la même façon, et ce qui donne le plus d’autorité à cette version, c’est que Rochambeau était colonel d’Auvergne ; Lombard de Langres, dont le père était sergent-major au même régiment, le répète au chapitre X du livre II de ses mémoires. Jamais rectification n’a pu être faite au ministère de la guerre. En définitive, si d’Assas perd la gloire du mot, il a l’honneur d’avoir réclamé qu’il ne lui appartenait pas, et dans cette nuit célèbre nous avons deux héros pour un.
" M. de Castries se doutant d’une surprise, l’envoya à la nuit à la découverte : à peine avait-il fait quelques pas dans le bois voisin, des grenadiers ennemis l’environnent, le saisissent, et lui présentent la baïonnette, l’avertissant qu’au moindre bruit, il est mort. D’Assas semble d’abord obéir, puis tout à coup, renforçant sa voix, il crie : " A moi, Auvergne ; voici l’ennemi ! " puis il tombe percé de coups. La relation de la bataille (A1 3563, pièce 7) ne fait nullement mention du dévouement du capitaine d’Assas ; il se trouve seulement porté le premier des capitaines d’Auvergne tués ". Ce fait d’armes est acquis néanmoins en son nom. A son dossier au ministère de la guerre, est marqué d’une pension de 1000 livres, donnée à la famille et réversible de Mâle en Mâle. Cette bataille du 16, dite en France de Kloster-Camp s’appelle souvent à l’étranger Camper-Bruch et Rheimberg.
... "
Général Pajol - Les guerres sous Louis XV
"...
Un caporal de chasseurs, dit le marquis de Rochambeau, fut le premier qui découvrit l'ennemi dans cette nuit très noire. Il me mena sur cette colonne qui fit feu sur nous. Je revins aux grenadiers et chasseurs et leur ordonnai de périr à leur poste plutôt que de l'abandonner, en attendant l'arrivée de la brigade ; d'Assas, un des capitaines de chasseurs, fut attaqué et se défendit vigoureusement. Un officier lui criant qu'il tirait sur ses propres gens, il sortit du rang, reconnut l'ennemi et cria : "Tirez, chasseurs, ce sont les ennemis !" Mais il fut criblé de coups de baïonnette et voua ainsi à sa patrie le sacrifice de sa vie.
..."
Général
Susanne - Histoire de l'infanterie
cité dans Thoumas - le livre du soldat