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Source :
J. Lemoine : " Sous Louis le Bien-Aimé. Correspondance amoureuse et militaire d’un officier pendant la guerre de sept ans (1757-1765) " - pages 71-83

 

De M. de Mopinot à Madame de ***

Au camp d'Oldendorf, le 6 août 1757.

Je vous ai écrit, ma chère amie, le jour même de la bataille, dans le temps que les deux tiers de l'armée encore dans la crainte croyaient la bataille perdue et qu'une partie des équipages précipitaient leur fuite ; j'ai remis ma lettre avec celles de M. le comte de Périgord à M. de Gisors, qui m'a promis en les lui donnant qu'il les mettrait à la première poste de France. Un jour ou deux après, craignant que cette lettre n'eût été oubliée, je vous en écrivis une seconde, toutes les deux vous disaient le gain de la bataille très succinctement, mais vous avez dû sentir qu'elles vous disaient bien vivement que je vous adore, que je tremblais des inquiétudes que cet événement vous préparait ; votre lettre du 28, que je reçois dans le moment, me chagrine, je crains que vous ne vous soyez trop alarmée, et que vous n'appreniez par d'autres voies qu'on s'est canonné pendant trois jours et battu le quatrième. Écrivez-moi aussitôt que vous aurez reçu mes lettres et tranquillisez-moi, car je suis certainement aussi agité sur votre compte que vous l'avez été sur le mien. Je crois vous faire plaisir de vous écrire ce que j'ai fait et les manoeuvres de l'armée depuis le 22 ; imaginez que je cause avec vous dans le petit cabinet obscur, je serai aussi simple et aussi vrai.

Le Weser passé où il ne fallait pas, c'est-à-dire beaucoup trop haut, on vint camper à Holzminden, camp qui certainement était plus mauvais que celui des Anglais à Etingen ; il ne devait être occupé qu'une nuit, on y resta cependant dans la plus grande sécurité plusieurs jours, jusqu'à ce qu'apercevant le 19 qu'un détachement de quatre ou cinq mille hommes des ennemis approchait, on s'effraya d'une si mauvaise position, mais d'une façon peu commune : on fit marcher en hâte M. le duc d'Orléans avec tous les grenadiers, les dragons, les troupes légères et du canon ; l'armée eut ordre à six heures de rester, à dix l'ordre change : on fait repasser le Weser aux gros équipages et l'armée marche à trois heures du matin et prit un nouveau camp à Stadtoldendorf sans voir d'ennemis ; on y resta le 21.

Cependant le détachement de M. le duc d'Orléans (1) et celui de M. d'Armentières (2) avaient vu ce corps ennemi se retirer devant eux le 22 à quatre heures du matin, l'armée marcha sur cinq colonnes pour occuper un autre camp à Halle, le corps détaché de M. d'Armentières la précédait ; dans le milieu de la marche l'armée apprit que M. d'Armentières fusillait avec les ennemis, elle arriva cependant à Halle tranquillement, mais à peine les troupes étaient-elles sur le terrain où elles devaient camper, presque toute la cavalerie n'ayant même pas encore mis pied à terre, qu'on entendit quelques coups de canon, et que sur-le-champ on battit la générale et on reçut l'ordre de marcher. Quelle ardeur ! quels soldats sont les Français! Chacun sur-le-champ jeta ses équipages partout où il se trouva, marcha dans la minute et en moins de temps qu'il en faudrait à un voyageur pour faire une lieue, toute l’armée se porta d'elle-même à une demi-lieue de son camp, se forma en ordre de bataille sans la moindre confusion, et s'empara des hauteurs et des postes les plus avantageux. Elle vit six ou sept mille hommes des ennemis qui se remuaient dans la plaine ; ils y occupaient deux gros villages et on ne pouvait trop deviner ce qui était dans les montagnes couvertes de bois, d'où l'on voyait des troupes entrer et sortir ; les hussards nous amusaient par leurs escarmouches, M. d'Armentières, qui avec raison n'osait trop s'aventurer, tirait quelques coups de canon et en peu de temps tout le terrain qui était devant nous était nettoyé ; l'armée rentra dans son camp, piquée et honteuse d'avoir pris une si chaude alarme et de s'être montrée au nombre de soixante ou soixante-dix mille pour éloigner un corps qui était au plus de huit à dix mille. L'armée qui avait besoin de pain fut obligée de rester dans ce même camp le 23 pour en recevoir ; pendant ce temps l'ennemi reparut sur la lisière des mêmes bois et aux mêmes villages qu'il avait paru abandonner la veille. M. d'Armentières, qui était près d'eux à Hereren, fut souvent aux prises, mais sans trop s'engager ; ce même jour à neuf heures du soir M. de Contades (3), avec un détachement de dix mille hommes, grenadiers, dragons et une forte artillerie, partit pour attaquer à la pointe du jour avec M. d'Armentières les villages que les ennemis occupaient et le 24, à deux heures du matin, toute l'armée marcha, détachant à sa droite M. de Vogüé (4) avec trois ou quatre mille hommes pour tourner les montagnes couvertes de bois où se tenaient les ennemis ; M. de Contades s'arrêta avec M. d'Armentières hors de portée des villages et des bois occupés par les ennemis, craignant d'avoir affaire à un corps trop considérable et d'être écrasé avant l'arrivée de l'armée qui les suivait ; elle les joignit à huit heures du matin, alors on approcha les villages et les bois, la mousqueterie et les canons firent beaucoup de bruit sans beaucoup d'effet. Celui de M. de Broglie qui était sur la rive gauche du Weser seconda le nôtre avec plus de succès, les ennemis avaient leur retraite sûre et se moquaient de nous, nous voulûmes tâter les bois par les volontaires, ils en furent vivement repoussés ; le silence commençait à régner de toutes parts lorsqu'on entendit subitement de l'autre côté de la montagne couverte de bois un bruit de tambour qui annonçait que toute l'armée ennemie était là, car il est à remarquer qu'on y ignorait totalement où elle était. Le bruit cessa et fut suivi peu après d'un feu de canon vif mêlé par intervalle de mousqueterie : c'était le détachement de M. de Vogüé qui, cheminant toujours dans les bois, était débouché dans une plaine où il avait trouvé toute l'armée ennemie ; il tint ferme dans la gorge du bois qui le favorisait, il reconnut très bien les ennemis et, après avoir canonné et fusillé pendant trois heures, il se retira heureusement sur l'armée dont il était détaché.

Cependant on passa toute cette journée à se chamailler dans les bois pour les nettoyer et on passa la y nuit dans la crainte, car on était environné de montagnes couvertes de bois d'où l'on pouvait d'un moment à l'autre être environné de feu.

A peine le jour commençait-il et bien avant le lever du soleil, le canon se fit entendre de nos détachements préparés dans la nuit, qui perçaient les montagnes et les bois de toutes parts et descendaient dans la plaine où était l'armée du duc de Cumberland rangée en bataille ; mais on ne la croyait pas là et même on ne voulait pas la voir ; on comptait qu'elle était retirée et que ce n'était que son arrière-garde, et l'on poussa même l'aveuglement jusqu'à faire marcher M. de Chevert pour la charger; il fit assez peu marcher avec confiance, mais il fut obligé de s'arrêter et assez heureux et habile pour se tirer du mauvais pas où il s'était avancé. Alors M. le Maréchal fit battre la générale et toute son armée défila par les bois sous la protection de son canon et des premiers détachements et vint se former en ordre de bataille vis-à-vis de l'armée ennemie ; toute l'armée se trouva avoir passé les bois, et à peu près arrangée une heure avant le coucher du soleil, le canon agissant de part et d'autre toujours bien vivement ; la nuit enfin obligea au silence. Telle a été la journée du 25.

Le camp de Frenkit où le duc de Cumberland avait habilement attiré notre armée était fermé à gauche par le Weser, à la droite de hautes montagnes couvertes de bois se recourbant en forme de croissant venant aboutir au Weser même, nous fermaient le passage ; derrière cette chaîne de montagnes qu'il fallait passer était une plaine où était l'armée ennemie ; en débouchant dans cette plaine, on voyait à sa gauche sur le Weser qui la bornait la ville d'Hamelen, à une demi-lieue elle était bornée à sa droite par une haute montagne parallèle au Weser, raide, couverte de bois fourrés dont la pente s'élargissait du côté d'Hamelen et rétrécissait le terrain ; l'armée ennemie avait sa gauche à cette montagne et sa droite vers Hamelen, un peu en avant. Cette droite était couverte d'un marais, d'un ruisseau partant du marais et de quelques ravins impraticables, et la gauche était formidable, étant appuyée le long de cette montagne raide couverte de bois fourrés très élevés qu'elle occupait jusqu'à la crête, où elle avait placé sur les sommets principaux du canon qui nous foudroyait ; c'était le seul endroit par où l'on pouvait l'attaquer.

Les ennemis avaient en avant d'eux à peu près à leur centre le petit village d'Hastembeck ; mais ils ne l’occupèrent point leur étant mutile, ils y mirent seulement le feu pendant la bataille pour nous empêcher de nous y établir ; il fut résolu à dix heures du soir d'attaquer la montagne à la pointe du jour, on détacha M. de Chevert pour la tourner par notre droite le plus loin qu'il pourrait par le haut, M. d'Armenrtières par le bas le plus près de nous qu'il pourrait, et M. le comte de Lorges pour marcher à mi-côte entre ces deux attaques et leur servir de liaison ; outre cela M. le duc de Randan devait passer les montagnes à hauteur de Halle pour tourner celle où étaient les ennemis et les prendre par derrière ; mais comme le pays n'était point connu et qu'on marchait sans guide, il arriva le matin de la bataille à côté de notre armée plus près de nous que des ennemis ; à onze heures du soir MM. de Chevert, de Lorges et d'Armentières partirent et afin qu'ils eussent le temps d'arriver à leurs points, de faire leurs dispositions et de marcher d'accord, on convint qu'ils ne se porteraient sur l'ennemi qu'à huit heures du matin.

Les bois devaient être fortifiés, il devait s'y rencontrer des abatis impénétrables ; il était vraisemblable que toutes les troupes employées à les attaquer périraient sans y pénétrer, mais il n'y avait que quelques abatis peu embarrassants et rien n'y était presque encore arrangé.

A cinq heures et demie l'ennemi commença à tirer du canon, le feu continua jusqu'à sept heures très lentement de part et d'autre à cause du brouillard, mais lorqu'il fut dissipé, il tourna d'un ton terrible ; l'attaque des bois de la montagne commença quelque temps après par M. de Chevert au sommet ; il ne fut pas suivi par M. d'Armentières dans l'attaque du bas, parce qu'il s'était égaré dans le bois ; ces deux attaques et celle du centre se réunirent et parvinrent au milieu d'un feu épouvantable à chasser les ennemis de la crête de la montagne et ils s'emparèrent du canon qui y était. Cependant les ennemis qui occupaient tout ce terrain et qui y avaient leur gauche appuyée revinrent sans cesse réattaquer avec beaucoup d'opiniâtreté et de valeur ; alors M. de Chevert, voyant qu'il serait infailliblement détruit si le Maréchal ne faisait pas agir son armée, lui envoya un aide de camp, pour le presser de la faire ébranler. M. d'Estrées, qui s'était toujours tenu mal à propos à son canon dans le bas où il ne pouvait rien voir ni rien entendre et où il pouvait à chaque instant être tué, sentit la conséquence de son inaction et se rendit aux représentations de M. de Chevert. Son armée s'ébranla sur les ennemis qui souffraient beaucoup de notre artillerie, elle nous céda du terrain ; elle abandonna une redoute et du canon qui était dans la lisière du bois dont le régiment de Champagne se saisit ; l'on marchait ainsi en vainqueur, foudroyant l'ennemi avec le canon, la montagne allait être dégagée ; on n'y entendait plus de feu, nous comptions en être les maîtres, mais une colonne des ennemis qui s'était jetée clans la montagne dans le moment que l'armée dont elle s'était détachée reculait s'était jointe dans le bois à plusieurs débris de celle qui avait soutenu l'attaque et forma subitement une attaque nouvelle au sommet de la montagne derrière notre droite ; elle reprit son canon qu'elle nous tira par derrière. M. le duc d'Orléans, qui s’aperçut le premier de ce qui se passait, envoya avertir le Maréchal et lui fit dire qu'il ne s'inquiétât du bruit qui se faisait entendre derrière lui, qu'il avait là assez troupes pour ne rien craindre ; dans ce même moment quelque cavalerie hanovrienne qui avait couru par derrière le bois, se trouva sur notre flanc droit ayant par bonheur un grand ravin à passer. M. le comte de Maillebois les reconnut et en fit donner avis au Maréchal ; plusieurs avis différents lui vinrent de différents endroits en même temps ; le Maréchal se crut perdu, il ordonna la retraite, il envoya sur ses derrières toutes les troupes légères pour protéger les équipages à qui il envoya ordre de fuir ; toute l'armée, malgré elle, forcée d’obéir à son général, fit un mouvement rétrograde ; les valets, vivandiers, chirurgiens qui étaient spectateurs prirent l'épouvante, se mirent à crier : " Sauve qui peut ! " et à fuir ; l'épouvante gagnait déjà l'armée qui cependant en se retournant pendant sa retraite voyait que l'ennemi se retirait aussi ; enfin M. de Maillebois et M. le duc d'Orléans arrivèrent au corps d'armée auprès du Maréchal, ils avaient tout reconnu et lui en rendirent compte. Quelques brigades de cavalerie purent par le flanc droit marquer celle des Hanovriens, plusieurs colonnes entrèrent dans le bois, montèrent au sommet de la montagne et firent feu sur l'ennemi et quelquefois sur elle-même : M. comte de Périgord, qui se trouva au débouché par où nos fuyards se précipitaient, les arrêta subitement en leur disant avec le plus grand sang-froid que les troupes qu'ils croyaient tourner sur notre flanc droit étaient notre propre cavalerie que le prince de Condé amenait enfin. Sans savoir trop comment et malgré le sentiment du général, notre armée s'arrêta, tourna tête aux ennemis, et le bois se nettoya à la longue ; on voyait toujours l'ennemi, qui dans notre fuite avait voulu revenir, continuer sa retraite. On commença à espérer qu'on n'était pas battu et quelques heures après chacun se disait : "  Mais je crois que nous avons gagné la bataille ! " Il y avait encore des incrédules dans la nuit. Cependant il est très certain que nous avions le soir le champ de bataille des ennemis, quoique nous ayons quitté le nôtre dans le même temps qu'ils quittaient le leur ; que le gros de notre armée n'a jamais fait sa retraite au delà des bois, et j'ai vu avant la nuit les ennemis se retirer partie devant Hamelen qu'ils laissaient à leur gauche partie par le chemin de Hanovre, et ils étaient déjà fort loin lorsque la nuit me les cacha.

On doit bien juger qu'une armée qui gagne une bataille dans le moment même qu'elle se retire et qu'elle se croit battue ne poursuit point l'ennemi ; on le laissa effectivement aller très paisiblement ; ils ont laissé entre nos mains quatre pièces de canon qu'ils n'ont pu enlever, les affûts de la plupart étant brisés ; ils en ont peut-être emmené quelques-uns des nôtres que nous disons perclus dans les bois et qu'on dit avoir cherchés et retrouvés ; ils n'ont perdu ni drapeaux ni étendards et nous avons quelques drapeaux égarés, ils ont perdu mille à douze cents hommes et nous en avons perdu deux mille ; cependant cette action, telle qu'elle est, fait beaucoup d'honneur à la valeur de la nation ; toute autre armée périssait ces coupe-gorges et ne passait pas, il a fallu une bravoure, une audace inouïes pour percer ce passage et il était téméraire d'espérer en venir à bout avec une armée encore plus nombreuse que la nôtre : le duc de Cumberland était si certain avec raison de nous arrêter et de nous détruire que tout le pays qui est au delà de ce poste avait sur sa parole la plus grande confiance ; tous s'y croyaient aussi en sûreté qu'on l'est au coeur de la France ; ils nous regardent à présent comme des dieux ou des diables ; nos soldats qui trouvent les maisons bien garnies pillent copieusement et tout le pays effrayé tombe en notre puissance ; Hameln, bien fortifiée et bien disposée pour soutenir un siège, tira quelques coups de canon sur nous, le lendemain de la bataille et le surlendemain elle nous ouvrit ses portes ; Minden vient d'envoyer ses députés et nous prie d'en prendre possession ; Hanovre se soumet, elle envoie nous prévenir qu'elle ouvrira ses portes à notre arrivée, et le duc de Cumberland, effrayé de ces grands revers, était déjà le 1er du mois dans un camp excellent à Nyenberg et l'on dit qu'il vient de le quitter pour reculer encore, mais on ajoute que sa marche a pour objet de se joindre à quinze mille Anglais qui viennent conserver son armée ; depuis le passage du Weser nous trouvons tous les villages abandonnés, les habitants armés sont retirés dans les bois, ils étaient sur la hauteur pendant la bataille, prêts à fondre sur nos équipages en cas de déroute, et le duc de Cumberland leur avait assuré qu'elle était certaine si nous donnions dans le piège qui nous était tendu ; nous y avons donné et c'est un coup de la plus haute valeur et de la fortune que nous n'y ayons pas péri.

Le troisième jour après la bataille, le maréchal d'Estrées annonça à son armée que le roi lui en ôtait le commandement : il a reçu ce coup véritablement en grand homme ; il a tenu les meilleurs propos et sa contenance a été héroïque, il nous a fait faire depuis ce temps deux marches ; nous sommes actuellement à Oldendorf en position de continuer notre marche sur Weser ou d'aller droit à Hanovre ; je crois que le mieux est d'envoyer des détachements prendre possession de Minden et de marcher à Hanovre.

M. le maréchal de Richelieu est arrivé hier, il a pris le commandement de l'armée d'où le maréchal d'Estrées partira dans quelques jours. L'armée manque de tout, par cette raison elle maraude à toute outrance ; la disette cause la maraude et la maraude augmente la disette ; le maréchal de Richelieu annonce que cela changera, il a déjà parlé très ferme à l'intendant, menacé les prévôts, les entrepreneurs et les commis et beaucoup caressé les troupes : c'est le soleil levant.

Je suis fort content de ma santé qui se soutient très vigoureuse au milieu des plus grandes fatigues ; les maladies commencent à faire de très grands ravages, mais il meurt peu de monde jusqu'à présent, il entre trois ou quatre soldats par jour aux hôpitaux ; la cavalerie dépérit et ne peut presque plus aller. Si cela continue, il faudra dans peu prendre des cantonnements l'armée et la cavalerie principalement, sera détruite. Comptez que je suis aussi empressé de retourner après de vous, que vous avez de désir de me revoir ; depuis que je suis parti, j'ai toujours couru, j'ai joint l’armée à Bielefeld ; de là détaché avec le duc d'Orléans marchant sur la Hesse, ensuite avec M. de Contades ; Cassel soumis, je suis revenu joindre l'armée à Holtzminden, marché sur l'ennemi ; le 25, veille de la bataille, détaché avec cinquante maîtres pendant vingt-quatre heures à un débouché de bois où je m'attendais à chaque instant à être écrasé par l'ennemi qui me tournait de toutes parts et qui cependant, quoique me touchant, ne m'attaqua pas ; à sept heures du matin, le 26, relevé de ce poste pour aller à la bataille, où j'ai eu l'agrément de courir partout comme volontaire ; passé la nuit sur le champ de bataille, marché en avant le jour suivant et encore la nuit passée en plein à cheval ; tous ces états sont des passe-temps assez durs, mais j'ai la folie de ma nation.

 

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Note 1 : Louis-Philippe, duc d'Orléans, d'abord connu sous le nom de duc de Chartres, né en 1725, maréchal de camp en 1743, lieutenant général en l744.

Note 2 : Louis de Conflans, marquis d'Armentières, maréchal de camp le 20 janvier 1743, lieutenant général le 14 octobre 1746, avait pris la part la plus active à la guerre de la Succession d'Autriche.

Note 3 : Georges-Erasme de Contades, lieutenant général en 1745, fut fait maréchal de France le 24 août 1758.

Note 4 : Charles-François-Elzéard, marquis de Vogüé, maréchal de camp en 1748, combattit à Crevelt en 1758, et à Minden en 1759. Il fut fait lieutenant général le 28 décembre 1758.

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